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La digestion du cheval est souvent mal comprise et l’importance de la flore symbiote (microbes des intestins) a souvent été laissée de côté. Il est important de bien comprendre comment le cheval fonctionne pour espérer bien le nourrir.

L’alimentation industrielle est source de problèmes, pour nous mais aussi et surtout pour nos animaux.  C’est avec l’élevage industriel et “la rationalisation des coûts” que l’aliment industriel est venu remplacer l’alimentation naturelle dans les élevages et finalement pour les animaux domestiques.

Révolutionner l’alimentation, issue de millions d’années d’évolution, ne peut PAS se faire sans créer des problèmes auxquels la vie avait déjà dû faire face et les régler par élimination successives.

On va essayer de faire un point sur la question. Je ne prétends nullement apporter toutes les réponses mais plutôt poser quelques questions…

La gestion alimentaire est la cause la plus importante de coliques chez le cheval.

En effet, dans la nature, le cheval ne mange que de l’herbe (enfin, des végétaux! ndlr), et passe 10 à 15 heures par jour à brouter. L’adaptation de l’animal et de son alimentation à la vie en box occasionne donc de nombreux problèmes, illustrés par cette citation de Caulton Reeks (1909) :

La cause la plus commune de coliques chez les chevaux est celle qui peut être le mieux définie par le mot « domestication »

Source: Etude épidémiologique descriptive de 831 cas de coliques médicales, en France dans le département des Yvelines (1994-2004).

Voilà, en fait, tout est dit…  mais non, certains y croient encore! On va donc reprendre depuis le début.

Le Tube digestif:

Le cheval se nourrit de matières végétales, c’est donc un herbivore. Cependant, à la différence des autres herbivores (ruminants) il est monogastrique : il ne possède qu’un seul estomac.

Son tube digestif est adapté à son mode naturel d’alimentation  : en mouvement et en continu.

La bouche:

La digestion commence dans LA BOUCHE avec la salive (qui est de production continue! environ 40 litres par jour. Cela n’a donc rien à voir avec la décontraction dans le travail…) et les dents qui vont réduire les fibres en petites particules. Si les dents ne sont pas correctes des problèmes digestifs vont apparaitre. (si la nourriture n’est pas composé d’aliments dures et a broyer lentement, les dents ne seront pas correctes!)

La mastication est donc faite pour broyer des fibres! Pas des granulés.

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Le cheval mastique en faisant bouger sa mandibule alternativement de gauche à droite pour cisailler les aliments avec ses dents particulières.

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Si le cheval ne mange pas assez de fibres, il va développer des surdents, qui ne sont qu’une usure anormale de ses dents.

Car les granulés peuvent se croquer sans être cisaillés.

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Le cheval mâche environ 3400 fois/kg de foin qui sera consommé en 40 min (sans filet à petite maille!) mais seulement 850 fois/kg de céréales ce qui ne demande que 10 min.

Plus l’alimentation du cheval est à base d’aliment concentrés, plus la prise de nourriture sera rapide et moins il y aura de mastication, donc d’imprégnation de salive!

Cela est à l’origine de troubles comportementaux (par manque de mastication qui est relié à la satiété chez le cheval, en plus d’une mauvaise usure des dents source d’inconfort voir de douleurs intenses) et des ulcères d’estomac (défaut de salivation)

Cela nous fait une première raison de ne pas nourrir QUE aux granulés ou aux céréales.

L’estomac:

L’estomac est petit (8 à 15 litres) et ses parois secrètent de l’acide chlorhydrique (environ 30 litres par jour!) . Pour neutraliser cet acide, le cheval compte sur sa salive et ce qu’il mange pour venir “tamponner” (faire baisser le PH) l’acidité de son estomac. (entre autre processus neurologique. Des “capteurs” vont transmettre la présence d’éléments dans l’estomac) Sans salive suffisante et sans apport végétal l’acide va attaquer la muqueuse, certains auteurs (voir la thèse sur les endoscopies gastrique) parlent de moins de 8 heures pour provoquer des lésions.

98% des PS en courses sont atteints, et certains avancent le chiffres des 90% pour les chevaux de sports. Il est intéressant de noter que 97% des entraineurs utilisent l’avoine comme aliment principal.

Si la digestion de l’amidon semble être négligeable au niveau buccal, il semblerait qu’elle soit initiée dans l’estomac grâce aux micro-organismes qui y résident. Elle se poursuit ensuite dans l’intestin grêle où la digestion serait majoritairement chimique grâce à l’a-amylase pancréatique ; il en résulterait une production majoritaire de glucose.

Dans la gastrite, l’estomac va se fixer (s’immobiliser) par voie réflexe, il est figé. Si cette période dure longtemps, les échanges vont diminuer, les résidus alcalins et acides vont attaquer la muqueuse. Cette fixation même de courte durée peut contribuer à provoquer un ulcère gastrique ou duodénal. Dans le viscéro-spasme, on a d’abord une atteinte de la motilité puis de la mobilité. Le viscéro-spasme à de nombreuses causes locales ou générales. Nous l’avons vu dans l’étiologie des coliques chez le cheval. On peut aussi mettre en évidence le rôle allergène de certains aliments qui au contact de certains viscères entraînent des sensibilisations chimiques.
Dans toute réaction de type allergique, rappelons, que le résultat est toujours issu de la rencontre d’une substance et d’un terrain. Le viscéro-spasme est souvent le premier stade de la maladie. Il est asymptomatique à ses débuts, entraîne ensuite des troubles fonctionnels qui vont obliger l’organisme à puiser dans ces ressources d’adaptation : si celles-ci sont submergées, les structures seront affectées. (source: thèse sur l’ostéopathie digestive chez le cheval)

Estomac

Deuxième raison: L’estomac du cheval est petit et son fonctionnement impose une alimentation continue en faible quantité! Quid des rations de 4 ou 5 litres données 3 fois par jour??? Quid des chevaux sur copeaux??? Quid des 2 en même temps???

L’importance du régime alimentaire est un facteur reconnu pour les ulcères, surtout s’il est pauvre en fibres et en protéines. Le régime alimentaire jouerait aussi un rôle important dans la mesure où le contenu stomacal peut agir comme un écran protecteur ; ainsi des rations plus fibreuses et données plus souvent seraient une meilleure couverture pour la muqueuse gastrique.

Le lien entre les ulcères et la douleur abdominale est d’autant plus plausible que les chevaux à colique chronique ont arrêté de présenter des signes (de coliques, ndlr), et ce dans les 24 heures suivant le traitement à la ranitidine (molécule inhibitrice de la production d’acide dans l’estomac).

Il est prouvé qu’une grosse ration (750gr/100kg PV) sera vidangée plus vite de l’estomac qu’une petite ration (300gr/ 100kg PV) ! (Métayer et al. 2003) Ce qui nous donne une mauvaise assimilation des grosses rations!

De plus le foin sera gardé plus longtemps que le grain. (Lorenzo-Figueras, 2002)

Il faut donc donner du foin AVANT les granulés/céréales.

Intestin grêle:

C’est le site majeur de la digestion enzymatique des glucides et protéines sous l’action du suc pancréatique et d’enzymes intestinales nous explique le site des HN. C’est donc l’action rate pancréas qui rentre en jeu!

Pas de vésicule biliaire, donc les sécrétions pancréatiques et biliaires sont déversées en continu, mais en petite quantité. ( de 5 à 7 litres par jour ??? chiffres à prendre avec des pincettes…). Obligeant ainsi le cheval a avoir quelque chose dans le ventre! On peut imaginer que la sécrétion des fluides est quand même régulée suivant ce que mange le cheval ou si il est au repos… malgré tout, la production continue est logique dans le cadre d’une vie naturelle où le cheval va passer 16 heures par jour à brouter! (rappelons que cela fait des Millions d’années qu’il fonctionne comme ça)

Quand le niveau d’ingestion d’amidon dépasse 200 g /100 kg PV /repas, la proportion d’amidon échappant à la digestion antécœcale (avant le caecum) est de 46 %.

Une suralimentation céréalière augmente fortement le taux d’amidon, qui submerge les facultés de digestion enzymatique de l’intestin grêle. Un substrat amylacé trop abondant et dégradable trop rapidement arrive alors dans le colon (gros intestin), ce qui augmente les fermentations microbiennes, diminue le pH, et libère ainsi du gaz, de l’acide lactique, des amines toxiques et des entérotoxines bactériennes. Ces facteurs sont tous des causes de coliques, par spasmes, mal digestion, (de diabète! et donc de fourbure) et surtout altération de la barrière intestinale. Ceci a été prouvé par une étude de Tinker et al en 1997 : pour un cheval, manger plus de 2,5 kg de concentrés par jour multiplie le risque de coliques par 2,2, et plus de 5 kg par 6,3.

Le cheval a un intestin  particulièrement adapté avec des milliards de bactéries capables de fermenter de grandes quantités de fibres. Les acides gras volatiles(AGV), résultant de cette fermentation des fibres, sont absorbés à partir de l’intestin et transportés vers le foie.  Dans le foie, les AGV peuvent être convertis en glucose et stockés sous forme de glycogène ou convertis en graisse. Dans la majorité des cas, le foin suffit à couvrir 100% des besoins énergétiques en complémentant avec des oligos éléments. (voir mon article sur les oligos)

Le cæcum:

D’une contenance de 40litres, c’est essentiellement là que se fait la digestion de la cellulose. Le caecum est rempli de micro-organismes et par conséquent très sensible aux changement alimentaire. Une symbiose microbienne entre le cheval et les bactéries, permet la digestion de la cellulose, qui sinon serait impossible.  La cellulose est transformée en acides gras volatils (AGV) qui peuvent être absorbés par le sang. Les matières azotées dégradées dans le caecum sont absorbées sous forme d’azote ammoniacal. La flore microbienne est également responsable de la production des vitamines du groupe B. De la même façon que le cardia ferme l’entrée de l’estomac, la valvule iléocaecale (entre l’iléon – dernière portion de l’intestin grêle- et le cæcum) ferme l’entrée de caecum et marque nettement la frontière entre la digestion à prédominance enzymatique (digestion antécæcal) et la digestion à prédominance microbienne.

Gros intestin:

Le gros intestin est le lieu d’absorption des oligos éléments et de la résorption de l’eau. ( si présence de fourrage…  ce qui permet d’éviter les déshydratations )

Il est nécessaire de prendre en compte les microbes dans le gros intestin pour le rationnement quotidien, ils sont sensibles aux changements de ration car ils sont spécifiques à chaque type  d’aliment (je corrigerais en disant que leurs équilibres est très important et qu’un cheval nourri avec UN aliment ne pourra digérer QUE cet aliment. Un cheval qui mangera VARIÉ, aura une flore VARIÉE adaptée (équilibre de graminées, légumineuses, ligneuses voir écorces et rameaux, mousses et lichens, pailles et foin, herbes et branches, graines et fruits. Le cheval aime et doit avoir accès à de la variété!).

Il faut ménager des transitions alimentaires progressives lors de changement de régime afin de permettre à cette flore microbienne de s’adapter.

Les acides gras volatils issus de la fermentation des sucres en trop grande quantité, créent un risque d’acidose et nuisent à la flore microbienne (digestion moins efficace, coliques, diarrhées, fourbures, myosites). Il faut ainsi permettre aux rations riches en amidon (céréales) de séjourner suffisamment dans l’intestin grêle afin d’y être correctement dégradées et ne pas surdoser !

Le gros intestin a une contenance d’environ 125 litres et abrite des milliards de bactéries et protozoaires produisant des enzymes qui contribuent à la digestion (fermentation) des fibres. Ces microbes sont absolument indispensables au cheval dans la mesure où ce dernier ne peut produire ces enzymes sans eux. En retour, l’ingestion de fibres par le cheval est indispensable à la flore cæco-colique.

En outre, l’apport de fibres permet le maintien d’une population de bactéries bénéfiques qui empêcheront la prolifération d’autres bactéries potentiellement dangereuses pour le cheval.

La forme du côlon prédispose le cheval à des coliques par constipation quand le cheval est privé de mouvement, en boxe ou dans les transports.

La valeur nutritive des fourrages est déterminée par :

  • leur teneur en fibres,
  • la digestibilité des fibres.

Ainsi, les fourrages représentent une source énergétique souvent négligée dans l’alimentation du cheval. Pourtant, 2 kg d’un bon foin = 1 kg d’orge environ d’un point de vue énergétique. Ceci est possible, rappelons le, car la flore microbienne du gros intestin est capable de fermenter de grandes quantités de fibres pour donner des acides gras volatils (AGV). Ces derniers pourront, de plus, être utilisés comme source énergétique tout au long de la journée, dans la mesure où les réactions fermentaires perdurent longtemps après l’ingestion d’une ration.

« Nourrir un cheval, c’est nourrir sa flore »

(Étude de l’effet de l’origine botanique de l’amidon digestibilité antécaecale chez le cheval, Thèse Présentée par Alice JEVARDAT de FOMBELLE – GUERMONPREZ )

II. 3.c Rôle nutritionnel et sanitaire de la microflore intestinale.

 Jusqu’à présent, le fait que les conditions de pH et de milieu soient favorables au développement des micro-organismes dans l’estomac et l’intestin du cheval était considéré comme une fragilité de l’animal le prédisposant aux  ulcères gastriques, quand les acides organiques sont synthétisés en trop grande quantité (Nadeau et al., 1997; Nadeau et al., 1999), et au développement de bactéries pathogènes dans le cas où il consommerait des aliments contaminés (Wolter, 1994). Chez les autres espèces animales, porcines et aviaires en particulier, la flore intestinale était traditionnellement considérée comme un compétiteur vis à vis de l’utilisation de la ration alimentaire (Canibe et al., 2001). Jusqu’à une période très récente, des antibiotiques étaient régulièrement intégrés dans l’alimentation de ces animaux. Or, l’évolution de la réglementation en matière de nutrition animale, avec  l’interdiction de ces substances, a poussé les chercheurs à considérer cette population microbienne sous un autre angle. Alors qu’ils n’ont jamais été pris en considération chez le cheval, les rôles des micro-organismes commensaux dans la nutrition spécifique de l’hôte ainsi que leur effet protecteur vis à vis des pathogènes a pu être mis en évidence.

“A notre connaissance, chez le cheval, l’éventuel rôle de la microflore antécaecale dans la protection de l’animal contre des agents pathogènes n’a encore jamais été évoqué.”

Sincèrement on croit rêver en lisant ça! Je savais que certains vétos étaient à la ramasse, mais à ce point là… ça dépasse tout! (surtout quand on lit que l’auteur de cette thèse à sacrifié 7 chevaux pour étudier le contenu de leurs tubes digestifs in vivo… tout ça pour arriver à des conclusions plus que bateau!)

Du coup, l’utilisation de données vétérinaires pour expliciter la dangerosité de l’alimentation industrielle tient de l’exploit! (qui paye les études? les alimentiers!)

Heureusement on peux lire des choses BEAUCOUP plus intéressante, paradoxalement, sur le site du fabricant Reverdy !

Des recherches récentes prouvent les relations entre la flore intestinale et la santé, le système immunitaire et même le psychisme par l’intermédiaire du système nerveux entérique! (l’état émotionnel peut influer sur la composition de la flore et vice versa >Des souris ayant reçu des bactéries intestinales Lactobaccillus rhamnosus sont moins stressées que les autres. Les récepteurs de l’acide γ-aminobutyrique situés dans le cerveau sont également plus actifs. L’ablation du nerf allant de l’intestin au cerveau fait disparaître ces caractéristiques, prouvant ainsi qu’un signal est envoyé grâce aux bactéries vers le système nerveux central. © George Shuklin, Wikimedia common, CC by-sa 1.0

On comprend que les recherches de l’INRA n’ont porté que sur l’engraissement des animaux de rentes, qui n’ont pas le temps de développer de symptômes dégénératifs. La ration conseillée par jour d’environ 6 UFC est donc atteignable facilement avec des céréales qui concentraient l’énergie sous forme d’amidon. (d’où le terme “concentré”) MAIS on voit bien que au delà de la facilité, les problèmes de non adaptation physiologique du système digestif équin peuvent amener de GROS problèmes.

Il nécessite une alimentation pauvre en énergie (en fait on devrait dire, d’un indexe glycémique bas!)  mais régulière toute la journée.

Index glycémique

Le transit doit être continu et l’énergie diffusée lentement. Tout cela est possible en utilisant des  fibres qui sont, malgré ce que prétend la documentation vétérinaire conventionnelle, parfaitement dégradé par la flore si elle est en bonne santé! (la preuve en est que la paille des chevaux en boxe est bien digéré et que les chevaux sauvages qui bouffent des trucs supers durs n’en meurent pas!)

La thèse, DÉVELOPPEMENT DE TROUBLES MÉTABOLIQUES CHEZ LES CHEVAUX D’ENDURANCE, en 2003, indique en guise de conseil sur l’alimentation des chevaux d’endurances: “Au sujet de la composition de la ration, il paraît important de limiter l’apport en glucides facilement fermentescibles, tels que l’amidon, pouvant être à l’origine de graves troubles gastro-intestinaux.” donc, il est clairement indiqué que l’amidon peut être néfaste même pour un sportif!

contentionLes études sur animaux sont effectuées après vermifugations chimiques lourdes et parfois avec des animaux sous antibiotique et avec des individus vivant en boxe (l’expérimentation animale se fait normalement en cage de contention…). On comprend donc que leurs flores ne soient pas au top… De plus, la lecture des livres de Claude Bernard, (le 1er à avoir fait de la vivisection pour étudier la digestion sur des chiens) m’amène à comprendre que c’est sur ces bases là que le savoir vétérinaire repose. D’un côté les mécanismes de digestion essentiellement chimiques d’un carnivore comme le chien et de l’autre l’étude de la digestion des ruminants comme la vache… on comprend que le cheval, n’étant ni l’un ni l’autre, leur pose encore des problèmes de compréhension en 2013!

Je vois de plus en plus la recherche comme des “gamins” en train de planter leurs couteaux dans le ventre d’animaux pour essayer de comprendre comment faire fructifier les bénéfices de l’industrie… On tue un cheval pour voir ce que contient son intestin et on en fait une règle. Jamais le chercheur ne se posera la question de savoir si les conditions de détention, le type d’aliments, les produits anesthésiants, les vermifuges chimiques administrés avant, l’heure à laquelle c’est fait,  la relation même qu’il offre à l’animal vont influencer les résultats de son expérience! Tout cela reste GROSSIER, approximatif et terriblement éloigné des processus réels mis en jeu par la vie!

Les mycotoxines.

Sont un GROS problème issu du stockage des céréales. La lecture de l’ETUDE CLINIQUE DES INTOXICATIONS ALIMENTAIRES DES EQUIDES PAR LES MYCOTOXINES, Thèse de Marion, Anne-Sophie DEBRAINE en 2006, nous montre à qu’elle point elles sont dangereuses et peuvent provoquer autant de symptômes qu’il y a de champignons…

L’enquête réalisée par PITTET à l’échelle mondiale en 1998  montre que 25 à 40% des céréales sont contaminées par des mycotoxines. On y retrouve principalement les aflatoxines issues d’Aspergillus flavus et A. parasiticus se développant pendant le stockage, l’ochratoxine A produite par Pénicillium viridicatum lorsque les produits ont été mal séchés pendant leur stockage, les trichotécènes produit par Fusarium durant la récolte et le préstockage.

Cet état de fait implique des traitements fongiques sur champs et pendant le stockage qui se retrouvent inévitablement dans la ration… (les problèmes les plus graves sont notés aux USA)

Mauvaise nouvelle… les fourrages sont aussi touchés!

Les foins récoltés dans de bonnes conditions recèlent une flore équilibrée et limitée  (donc non pathogène) résultant de la superposition de 3 types écologiques de champignons : flore de champs (pré-récolte), flore intermédiaire (en cours de récolte) et flore de stockage (conservation). Les moisissures intermédiaires et de stockage sont plus nombreuses et plus variées dans les foins récoltés et conservés humides. On retrouve de nombreuses espèces d’Aspergillus et de Pénicillium dans les foins de mauvaise qualité (125). Les pailles et les foins humides peuvent également être contaminés par les aflatoxines. Les fourrages secs mal conservés peuvent contenir de l’ochratoxine A.
D’après YIANNIKOURIS et JOUANY (125), une étude réalisée en Italie en 1999 par TOMAZI et al. indique que les fourrages de prairie naturelle ou de luzerne conservés en balles rondes enrubannées ont un niveau de contamination en mycotoxines supérieur à celui des foins.

Il faut donc aussi faire gaffe au foin mal fait et surtout rounballé humide!

Mauvaise nouvelle encore… certains alimentiers achètent les stocks de pailles et foins pourris pour les incorporer aux granulés! ( chauffé, ça ne risque rien, d’après eux)

Quid des chevaux nourrit en boxe, avec des céréales mal conservé et avec du fourrage roulé sous la pluie? —> la mort.

La lecture de la Thèse vétérinaire de Rémi Bessin, de 1982, nous éclaire sur les conséquences du “concentré” dans le cadre d’une digestion animale:

“TRAITEMENTS DES PAILLES ET UTILISATION EN ALIMENTATION ANIMALE : ESSAI DE MISE AU POINT D’UNE RATION D’EMBOUCHE”

(embouche = bouchon = granulé)

Schéma descriptif des problèmes rencontrés chez les ruminants: non pas à cause des particularités de leur digestion mais plutôt à cause des particularités de l’aliment!

Rumenite nécrose

bacille de la nécrose: ( ou bacille de Schmorl, nécrobacille)

  • Fusiformis necrophorus
  • Fusobacterium necrophorum
  • Sphaerophorus necrophorus

Bactérie anaérobie de la famille des fusobactériacées. Elle est asporulée (incapable de former des spores.), immobile, gram +. C’est l’agent de suppurations et de nécroses.

La nécrobacillose est une pathologie provoquée par une bactérie : le bacille de la nécrose Spherophorus (ou Fusobacterium) necrophorus, qui agit au niveau de la peau, des muqueuses et même d’autres organes, en y faisant apparaître des lésions et des suppurations. Cette pathologie s’observe essentiellement chez les animaux. ( medicalorama )

Maladie fréquente chez les bovins, provoquée par le bacille de la nécrose, se traduisant par des suppurations des muqueuses, de la peau et des viscères. ( Larousse )

Si le bacille peut gagner le foie… pourquoi ne pourrait il pas gagner le pied? (surtout que sa richesse en capillaire le prédispose comme cul de sac vasculaire) Je pose l’hypothèse que l’alimentation peut provoquer les abcès de pieds qu’on rencontre chez les chevaux, hors bleimes, blessures ou intoxications chimiques. Leurs dispositions près des glomes ou des talons s’expliquerait par l’ordre d’irrigation des plexus à l’intérieur du pied.

Chez la chèvre ou le mouton, c’est la bactérie qui est l’origine du piétin. ( d’origine externe selon la littérature mais comment se fait il que la pourriture nécrosante des pieds des animaux d’élevage soit corrélée avec leurs alimentations industrielles? Le fumier dans lequel ils pataugent est aussi le résultat de l’alimentation! Donc, en interne ou externe, on a les mêmes problèmes. )

Il est étonnant de constater que les praticiens Shiatsu sont tous unanimes pour dire que chez tous les chevaux qu’ils voient, rate, foie, pancréas sont atteints ou fatigués. (et ce encore plus dans les écuries “classiques”).

Certains chevaux meurent de “cancer du foie”, de cirrhoses, de blocages rénaux mais surtout le diabète

et autres syndromes de Cushing touchent de plus en plus d’animaux!!! Peut on le corréler à la présence de plus en plus importante d’aliments industriel? Je le pense. Cavaliers et vétos trouvent aussi que les problèmes digestifs sont de plus en plus importants et l’émergence de nouvelles pathologies à la symptomatologie complexe et nouvelle pose de plus en plus de questions.

Les chevaux ont depuis tout temps stocké leurs glucose dans leurs muscles et dans une petite couche de graisse. Ils ont été des athlètes de fond, et quelque fois, des sprinters uniquement en se nourrissant  de végétaux naturels trouvés dans leurs environnements. L’amidon est une source d’énergie rapide sous forme de glucose. L’assimilation du glucose issu de l’amidon n’est pas naturelle pour le cheval. Oui, il a la capacité de le faire mais de façon très limitée. Son organisme peut digérer les graines et les végétaux les plus riches qu’ils devaient rencontrer pendant ses pérégrinations, mais JAMAIS de toute son histoire il n’a eu accès à des kilos de céréales ou de granulés mis à sa disposition. Son tube digestif n’y est donc pas préparé. Pas plus que l’abondance d’un champs artificiel semé de Ray gras anglais…  créé pour accélérer la lactation des vaches et l’engraissement des bœufs!

Les granulés voient en plus leurs compositions enrichies de minéraux NON ASSIMILABLES malgré ce que peuvent en dire certains chercheurs de l’inra rattaché a l’Association des Fabricants de Compléments pour l’Alimentation Animale qui surveille de très près leurs recherches et leurs publications… normal, cela représente 350 000 tonnes de minéraux par an pour l’alimentation animale. Ils vendent donc de la poudre de cailloux pour complémenter les croquettes… et après on va encore s’étonner des insuffisances rénales trouvées à la pelle chez les animaux domestiques?

La non prise en compte des flores bactériennes dans le tube digestif des animaux (et du notre!) amènent tout un tas de problèmes… et d’affaiblissements, notamment immunitaires, mais surtout métaboliques.

L’apport de toujours plus de sucres à assimilation rapide dans l’alimentation des animaux pose déjà un très gros problème aux USA… Extrait du film FOOD inc.

(j’adore le “non, ça ne lui fait pas mal!” Alors qu’on aura tous vu les réactions de retraits quand il triture là-dedans… pour un véto, il est normale de plonger son bras dans le ventre d’un animal vivant, et qui plus est, cela ne lui fera aucun mal! Le moyen âge, n’est qu’à 2 pas…

Il est très important de comprendre que les flores sont comme un écosystème,

qui ne peut fonctionner qu’en restant équilibré dans sa composition. Si une population prend le dessus, sa spécialisation va amener la perte des autres bactéries et leurs morts une intoxication interne par putréfaction. Les chevaux habitués à UN granulé, peuvent crever de passer à des céréales et ceux habitués au foin pendant tout l’hiver, peuvent s’intoxiquer et tomber en “fourbure” au printemps dans l’herbe jeune, humide et trop grasse. Les diarrhées de mise à l’herbe en sont encore un exemple.

La médecine conventionnelle, ne prend pas assez en compte les notions d’énergie vitale pourtant étudié depuis des milliers d’années par les médecines traditionnelles. Il ne sert à rien de les opposer! Chacune permet de répondre à des besoins précis. (même si la médecine conventionnelle est la proie des industriels chimiquiers, la médecine traditionnelle peut elle, être la proie de charlatans … il est donc très important de comprendre de quoi  on parle!)

L’énergie vitale des organes est mieux connue avec la capacité de production enzymatique du pancréas qui est limitée. Il est donc important de ne pas dépasser les capacités des organes si on veut espérer vivre longtemps et en bonne santé. Dans le cadre de nos animaux, si dans un élevage tout cela est vide de sens, pour nos accompagnants que sont les chevaux, la règle reste vrai.

Je vous conseille la lecture du livre de mon ami Éric Ancelet, qui nous amène une réflexion très intéressante sur l’alimentation équine et notamment sur l’utilisation de céréales GERMÉES qui sont un compromis merveilleux entre la graine et la plante avec une amylase végétale de l’amidon de la graine! ( allégeant d’autant  les capacités enzymatiques de l’animal et en rendant les nutriments et oligos éléments encore plus accessible)

Tout cela me fait penser à l’utilisation du pétrole comme source d’énergie facile, puissante mais aux conséquences néfaste… alors que l’utilisation du bois, du solaire ou de l’éolien se voit plus durable mais moins efficace.

12 Comments on “La Digestion du cheval.

  1. Autre belle recherche instructive avec les sources citées, ce qui ne gâche rien !

  2. Merci infiniment Guillaume pour cet exposé clair et détaillé.

  3. bonjour ,merci a Guillaume ,que j’aimerais rencontrer pour son exposé et sa claire voyance
    Enfin une vision differante des soins et surtout une recherche sur les causes et effets
    bravo .

  4. Ping : « Abcès  Suite…. | «Podologie équine ... libre.

  5. juste une petite remarque concernant l’effet tampon de la salive: il s’agit là de faire remonter le pH pour contrer l’acidité (pH faible), et non le faire descendre… petite faute d’inattention je pense.. 😉

  6. Ping : Nutrition équine : au secours ! | Podologie équine ... libre.

  7. Ping : L’appareil digestif : Comment ça fonctionne ? – Plume de Mustang

  8. Bonjour. Je ne m’explique toujours pas la mort de mon cheval il y a un mois. PSL qui faisait beaucoup de coliques il y a 10 ans dans le sud de la France. Je le voyais tout de suite et on arrivait à le sauver. C sûr qu’il devait attendre les rations de foin et de grains. Mais depuis que nous vivons en Aveyron il était bien . Herbe toute la journée. Foin au box la nuit et un peu de germée orge. Il m’a donc fait une colique en fin d’après-midi mais ne l’ai vu que quand il se roulait dans la carrière avec insistance. Je rentrais du boulot et ne sais pas depuis quand il avait mal. Calmalgine de suite, il me fait un 1er crottin, urine, mais cherche encore à se rouler. Appel véto en soirée qui me conseille une 2ème calmalgine et me dit de laisser passer la nuit. Un 2ème Crottin . Je pense donc malgré le fait qu’il préfère rester coucher que ça va aller. Au matin toujours pas bien. Véto en urgence. Morphine. Paraphiné. Perf . Véto me dit que c inquiétant. Qu’il sent une tension plus haut. Je tente de continuer les perf avec calmalgine et diurétique. Journée pénible pour le cheval. Sueur. Agitation. Passage du véto de nouveau. Me dis qu’il faudra penser à l’euthanasier. Je m’y prépare avec horreur mais il a 20 ans et il a de l’arthrose qui le fait soufrir aux antérieurs. Le lendemain je continu les perf car il semblait plus calme. Mais au soir il mourra dans mes bras dans la soufrance. Le véto arrivant trop tard pour l’endormir. Je m’en veux bcp d’avoir attendu. De ne pas avoir vu les jours d’avant que quelques chose se préparait. Je ne l’avais pas vermifugé au printemps car copro ok. Il faisait très chaud et j’aurais dû le rentrer dans l’écurie en pierre même s’il avait un abris et beaucoup d’arbres. Les insectes aussi le stressaient souvent malgré le masque et les HE. CT 2 jours avant un gros orage est ce lié ? J’avais remarqué aussi des oestres sur ses antérieurs que j’avais essayé de traiter avec des HE et terre de diatomée. Enfin voilà. Merci de me lire. Qu’aurais je dû faire ? J’en suis encore malade. Il me reste ma vieille jument de 30 ans et mon jeune de 9. Heureusement.

    • Bonjour,

      Pour moi les symptômes que vous décrivez ressemblent plus à une intoxication.

      Une autre piste :

      “”Maladie de l’herbe” : soyons vigilants

      Deux chevaux vivant en Bretagne et trois chevaux vivant en Mayenne sont récemment morts du fait de la maladie de l’herbe. Ces cas ont été confirmés par des prélèvements effectués post-mortem. Cette maladie qui peut se confondre avec des coliques “simples” sévit en France et notamment dans notre région. On la croit rare mais elle est très probablement aussi sous-diagnostiquée.

      La maladie de l’herbe (ou grass sickness disease) est une neuropathie qui affecte le système nerveux central et périphérique des chevaux. Comme son nom l’indique, cette maladie affecte presque exclusivement les chevaux à l’herbe et entraîne le développement de signes cliniques liés à une dégénerescence des neurones au sein du système nerveux autonome (SNA) et du système nerveux entérique (SNE). La sévérité de la maladie varie et est liée à l’étendue de la dégénerescence neuronale. Lorsque celle-ci est étendue, comme dans les cas aigüs et subaigüs cela entraîne une dysmobilité intestinale dont la sévérité n’est pas compatible avec la survie. Par contre, certaines formes chroniques avec des dégénérescences moindres survivront.

      Il existe 3 formes de la maladie en fonction de la durée d’évolution de la maladie :
      – Forme aigue (1 à 2 jours),
      – Forme subaigue (2 à 7 jours)
      – Forme chronique (plus de 7 jours).

      Les signes cliniques
      Les chevaux atteints de maladie de l’herbe présentent :
      • Une tachycardie (augmentation de la fréquence cardiaque) plus ou moins importante en fonction de la forme de la maladie due à un dysfonctionnement du système sympathique (FC de 80 à 120 bpm pour les cas aigus, de 70 à 90 bpm pour les cas subaigüs et de 50 à 60 bpm pour les cas chroniques).
      • Une dysphagie (problème de déglutiton) qui peut être difficile à mettre en évidence du fait de l’anorexie de ces animaux. On peut néanmoins voir de l’eau sortir des naseaux et la présence de salive en quantité anormalement importante dans le seau d’eau.
      • Présence de crottins coiffés de mucus dans le colon flottant et le rectum (cas subaigus et chroniques).
      • Une faiblesse se traduisant par une posture du cheval contre les murs
      • Une salivation anormale
      • Du reflux gastrique pouvant être spontané dans certains cas
      • Une ptose palpébrale bilatérale,
      • Une sudation anormale localisée ou généralisée dans certains cas
      • Des trémulations musculaires
      • Perte de poids et silhouette levrettée
      • Une rhinite sèche plus importante dans les cas chroniques que dans les cas subaigüs

      Dans les cas aigus, les chevaux présentent des douleurs abdominales légères à modérées et du reflux gastrique en quantité importante. De ce fait, ils présentent une distension de l’estomac et du petit intestin avec présence d’un contenu liquidien lié à l’hypomobilité du petit intestin ainsi qu’une oesophagite due au reflux gastrique et caractérisée par des érosions dans l’œsophage distal.
      Les cas subaigus développent généralement des impactions du colon et du caecum, du fait d’une stase intestinale et d’une dessication secondaire du contenu du gros intestin. Dans ces cas, le reflux gastrique est généralement absent.
      La palpation transrectale permet de mettre en évidence du petit intestin distendu ainsi que des impactions du colon et/ou du caecum.

      Les signes cliniques qui sont associés avec un mauvais pronostic vital sont un reflux gastrique persistant ou la présence d’impactions sévères qui reflètent tous deux une dysmobilité intestinale du fait d’une dégénérescence neuronale importante.

      En pratique, il est important de :

      Minimiser :
      – La mise au pâturage (mettre les chevaux au box et de les empêcher de brouter s’ils sont dehors – mise en place de paniers).
      – Les mouvements des chevaux au sein des pâturages
      – L’arrivée de nouveaux venus notamment lors de périodes à risque
      – Les changements d’alimentation (type et quantité)
      – Les perturbations des pâtures
      – La sur-utilisation de vermifuges à base d’ivermectine

      Augmenter :
      – Le co-pâturage avec des ruminants
      – L’entretien régulier des pâtures en coupant régulièrement l’herbe
      – La complémentation en fourage

      Hypothèses étiologiques
      A ce jour, la cause de cette maladie reste inconnue.
      L’hypothèse de l’existence d’une mycotoxine a été soulevée du fait de l’association de certaines conditions climatiques avec la survenue de cas de maladie de l’herbe. Néanmoins, il n’a pas été possible de l’identifier.
      Aujourd’hui, la recherche s’axe principalement sur le rôle de C. Botulinum et de l’existence d’une toxiinfection associée avec cette bactérie. A noter que l’Animal Health Trust (AHT) à Newmarket en Angleterre met en place un essai de vaccin visant à déterminer l’efficacité d’une vaccination contre Clostridium botulinum de type C dans la prévention de la maladie de l’herbe en comparant l’incidence de cette affection entre des groupes de chevaux vaccinés ou recevant un placebo. Cette étude va permettre de recruter 1100 chevaux sur une période de deux ans à partir de chevaux venant d’écuries ayant préalablement présenté des cas. La mise en évidence d’une incidence réduite de la maladie chez les chevaux vaccinés permettrait une avancée majeure dans la prévention de cette maladie.”

  9. Merci beaucoup pour cet article et tous les autres, que je lis avec grande attention !
    Très intéressants, complets, et dans une ouverture à laquelle j’adhère complètement !
    Merci pour votre travail 🙂

  10. Très bon article, c’est un rappel après avoir lu Ancelet. Il faudrait peut être juste rajouter un schéma de l’anatomie du cheval, cela serait plus simple de s’y référer en même temps que l’article est lu (c’est une idée, une suggestion). Merci pour cette publication. Mon entier vient de faire une colique sans gravité et j’en cherche la cause…

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