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Je continues ma compréhension des causes et conséquences du hi/lo. La résolution de ce problème trop courant est fondamentalement GLOBALE! Il faut appréhender le problème en équipe et y aller par étapes. Correction des pieds en tenant compte de l’anatomie, ostéopathie en tenant compte des possibilités des structures du cheval, travail à pied et en selle adaptés aux possibilités du moment et prise en compte des éventuels blocages émotionnels (traumatismes) qui viendraient se rajouter au tableau.

Je proposes une compréhension de l’approche ostéopathique directement lié à la podologie en stage 2 et conseilles à tous les propriétaires un suivit parallèle avec un praticien ostéopathe sensibilisé à la podologie équine. Cela permet à l’ostéo de voir évoluer le travail sur les pieds et au reste de l’équipe, d’éviter de “lutter contre”… mais plutôt “d’aller avec”…

J’ai demandé à Pierre Beaupère de rédiger un article sur sa vision du hi/lo pour continuer le travail de gestion global de ce qu’il appel en toute logique la dissymétrie!  En effet, j’ai appris qu’il “réhabilitait” des chevaux dit “naviculaire” par un travail en selle “spécifique et adapté”! Je le remercie tout particulièrement pour son travail et son approche novatrice et respectueuse.

Vous pourrez comprendre par cet article que les pieds sont déformés par la posture du cheval… et qu’il est donc inutile de chercher à “corriger” des pieds tant qu’on a pas fait évoluer la posture (la locomotion!) du cheval ! Je le répète encore une fois, les pieds ne sont que des symptômes et le podologue ne fait pas grand chose… mise à part suivre l’anatomie!

Il serait aussi grand temps que les vétérinaires acceptent l’idée que le hi/lo et le naviculaire sont la même chose!

Bonne Lecture! ( GP )

INTRODUCTION

 

Pourquoi les chevaux sont-ils plus difficiles à plier d’un côté que de l’autre ? Pourquoi prennent-ils plus de contact sur une rêne que sur l’autre ? Pourquoi ont-ils tendance à se coucher à l’intérieur des cercles d’un côté et à les agrandir de l’autre ? Pourquoi dérobent-ils toujours du même côté lorsqu’ils refusent de sauter ? Pourquoi les changements de pied passent bien d’un côté et pas de l’autre ?

Et surtout, quel est le lien entre ces problèmes équestres et les différences de forme des pieds des chevaux ?

En effet, l’auteur de ce blog a déjà réalisé un travail extrêmement complet en ce qui concerne les différences de forme et de pousse entre les sabots du côté gauche et du côté droit. Il s’est ensuite intéressé à leurs effets tout autant qu’aux causes ostéopathiques, montrant très bien comme les différences de forme et de hauteur des sabots ont des conséquences désastreuses sur la posture du cheval. Mais aussi qu’elles provoquent des blocages ostéopathiques. Il a enfin très bien montré comment les blocages et les tensions dans le corps du cheval provoquent une pousse des sabots inégale.

 

Généralement, l’intérêt des pareurs et des ostéopathes s’arrête malheureusement là, presque comme un constat d’impuissance face à tout ce qui touche au cheval monté. Je ne peux donc que remercier l’auteur de ce blog d’avoir osé chercher encore plus loin, de tenter d’avoir une approche globale du cheval et une vision de notre travail de professionnel où tout le monde (pareur, ostéopathe, entraîneur, dentiste, etc.) travaille ensemble à pousser au maximum le bien-être et le confort des chevaux, mais aussi la formation et la culture des cavaliers.

 

Ce qu’il faut tout d’abord bien comprendre, c’est qu’à moins d’un accident ou d’une malformation de naissance, la forme des pieds des chevaux est liée à leur dissymétrie naturelle, donc au fait qu’ils sont droitiers ou gauchers. En effet, cette dissymétrie naturelle va avoir une influence sur la posture du cheval à l’arrêt (donc la manière dont il répartit son poids sur ses quatre pieds) autant que sur sa locomotion, même lorsqu’il n’est pas monté.

C’est la raison pour laquelle on parle de dissymétrie naturelle, car les chevaux naissent droitiers ou gauchers, comme nous humains, et comme tous les mammifères.

Je ne vais pas ici rentrer dans les détails de la pousse des pieds, car l’auteur de ce blog l’a déjà traité en détail. Je vais seulement montrer comme la dissymétrie naturelle et la forme des pieds sont liées.

Pour cela, il faut garder à l’esprit que la pousse des pieds d’un cheval est influencée par la pression exercée sur le pied. Et à partir de là, il nous faut maintenant expliquer ce qu’est un cheval droitier ou gaucher.

 

LE CHEVAL N’EST PAS UN POISSON

On a énormément discuté de l’origine de la dissymétrie des chevaux. De nombreux auteurs ont affirmé (et certains l’affirment encore) que celle-ci était due à la position du poulain dans le ventre de la mère, qui provoquerait un développement musculaire qui ne serait pas identique du côté gauche et du côté droit de l’animal.

Il est aujourd’hui admis par la plupart des scientifiques que la dissymétrie vient du fait que le cheval est, comme nous, droitier ou gaucher, ce qui est une caractéristique des mammifères puisqu’ils possèdent un cerveau à deux hémisphères.

A mon sens, vous aurez une preuve de cela en regardant un chien trottiner de dos. Il dérivera toujours vers la gauche ou la droite et ses pattes arrière ne seront pas dans l’axe des pattes avant.

Or, le chien n’avait pas la même position que le cheval dans le ventre de sa mère. D’autre part, des études ont montré que les mammifères marins comme le dauphin ont eux aussi un côté et même un œil de prédilection et sont aussi gauchers ou droitiers.

A partir de cette constatation, il va suffire de transposer au cheval ce qui est évident pour nous lorsque nous parlons d’humains droitiers ou gauchers.

 

A QUATRE PATTES !

On dit souvent que le malheur des chevaux est qu’ils ont des réflexes plus rapides que les humains qui les montent. Ou qu’ils ont un comportement de proie et qu’il nous est donc difficile de les comprendre car nous n’avons pas évolués de la même manière. Je pense qu’un des autres malheurs de nos pauvres chevaux est qu’il nous est extrêmement difficile de transposer notre station verticale et ses effets à un animal en station horizontale.

Pourtant, si nous parvenions à imaginer les effets de notre propre latéralité (le fait que nous soyons droitiers ou gauchers) au cheval, nous serions en mesure de comprendre beaucoup mieux ce que nous ressentons une fois assis sur leur dos. C’est ce que nous allons donc faire maintenant…

Et dans la mesure où la proportion de chevaux droitiers et gauchers semble la même que celle que l’on rencontre chez les humains (ce que montrent les études biologiques et biomécaniques sérieuses et qui va à l’encontre de bien trop d’auteurs prétendant que la plupart des chevaux sont gauchers !), nous allons principalement présenter des dessins de chevaux droitiers.

Pour vous mettre à la place de notre cheval, vous allez commencer par vous isoler.

En effet, il vaut mieux que votre famille ne vous voie pas dans cette position pour éviter de passer pour fou ou folle.

Mettez-vous à quatre pattes. Si vous êtes droitier (- ère), vous devriez déjà sentir que vous placez plus de poids sur votre main droite et donc sur votre épaule droite. Si ce n’est pas le cas naturellement, chargez un peu plus votre bras droit. Que sentez-vous au niveau des genoux ? Que votre genou gauche est légèrement moins appuyé sur le sol que votre genou droit. Vous voilà donc immédiatement dans une attitude assez proche de celle de votre cheval droitier.

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Le cheval droitier va avoir tendance à décaler ses épaules vers la droite pour s’aligner sur son antérieur droit, qui lui sert de soutien, de point d’appui. Cela a pour conséquence une légère inflexion de la colonne vertébrale mais aussi le fait que le postérieur gauche n’est plus dans l’axe du reste du corps et qu’il supporte moins de poids.

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Les pourcentages sont donnés uniquement pour faciliter la compréhension et ne représentent aucune vérité scientifique. Tous les croquis sont de Pierre Beaupère et sont inspirés, pour les vues aériennes, des illustrations du livre « Straightening the crooked horse » par Gabriele et Klaus Schöneich, aux éditions Trafalgar Square ©.

Cette différence de répartition du poids du corps du cheval va en elle-même, avant même qu’il soit en mouvement, avoir un effet sur la pousse des sabots à l’état naturel. L’antérieur droit étant soumis à une pression plus importante que l’antérieur gauche chez le cheval droitier.

 

C’est aussi cette dissymétrie naturelle qui va provoquer le fait que le cheval avance généralement toujours le même antérieur pour brouter. On peut développer longuement ce sujet et comment la vie à l’état sauvage « compensait » ce problème mais il faut en retenir deux choses :

 

  • La dissymétrie naturelle va influencer le fait que le cheval met toujours le même antérieur en avant lorsqu’il broute. Cette position va influencer l’usure et la pousse du sabot, le cheval mettant plus de poids sur le talon de l’antérieur en avant et plus de poids sur la pince de l’antérieur en arrière. Dès lors, les pieds ne s’usant pas de la même manière, cela vient renforcer la dissymétrie du cheval ! C’est ce qu’on appelle souvent le « petit pied-grand pied ».

 

  • Une étude à grande échelle menée il y a quelques années dans plusieurs pays d’Europe a montré que les poulains sont aujourd’hui élevés sur des surfaces de pâtures de plus en plus réduites occupées par un nombre important de chevaux, ce qui provoque le fait que l’herbe de ces pâtures est de plus en plus basse.

 

Or, à l’état sauvage, les poulains commencent à brouter au moment de l’année où l’herbe est la plus haute, ce qui ne leur impose pas de devoir avancer un antérieur et reculer l’autre (les jambes du poulain étant, à cet âge, bien plus grandes et développées que l’encolure, qui est encore très courte !) pour brouter.

 

Dès lors, l’étude suggérait que l’élevage des poulains sur des pâtures les obligeant à s’abaisser autant pour brouter de l’herbe trop courte renforçait la dissymétrie naturelle, ce qui expliquait pourquoi on rencontre de plus en plus  de chevaux présentant très jeunes une forte asymétrie des pieds ainsi qu’une dissymétrie très marquée lorsqu’on commence à les monter ! (et c’est de là que vient l’idée que le hi/lo puisse être “génétique”!)

 

 

LE CHEVAL EN LIBERTÉ.

Observez maintenant un cheval en liberté, que l’on vient de lâcher dans une prairie ou un paddock et qui est heureux de sortir. Voyez la manière dont il tourne. Par nature, les chevaux supportent 70% de leur poids grâce à leurs antérieurs. Cela est dû au fait qu’ils passent l’essentiel de leurs journées la tête vers le bas pour brouter mais aussi parce que cela soulage les postérieurs, qui servent à la propulsion, permettant des démarrages plus rapides à un animal doté d’un fort instinct de fuite.

Nous avons vu qu’un cheval droitier met plus de poids sur son antérieur droit (et donc moins sur son postérieur gauche). Si le cheval, en plein galop, veut tourner, et compte tenu qu’il soutient naturellement 70% de son poids sur ses antérieurs, que va-t-il se passer ?

Trois effets vont se combiner:

  • le fait qu’il soit droitier,
  • le fait qu’il charge son avant-main (et qui s’ajoute au fait qu’il charge déjà plus son épaule droite que n’importe quel autre membre),
  • la vitesse, qui va l’emporter dans son déséquilibre.

Lorsqu’il tourne en liberté, le cheval « tombe » donc et tourne pratiquement par perte d’équilibre. Pourquoi « pratiquement » ? Et pourquoi, hormis quelques chevaux particulièrement maladroits, ne tombent-ils justement que très rarement ?

En fait, sans doute pour la même raison que nous dressons les chevaux et pas les vaches : car le cheval possède cette longue encolure qui lui permet de s’équilibrer et qui nous permet de le diriger (la résistance qu’il peut opposer au cavalier est en effet bien moindre qu’un animal qui aurait une très courte encolure, comme la vache).

Observez le cheval qui tourne dans sa prairie, voyez comme il compense l’excès de poids d’un côté en pliant son encolure dans l’autre direction. Voyez comment un cheval qui monte ou descend une pente importante utilise son encolure pour s’équilibrer. Personnellement, le simple fait d’observer cette mécanique et cette manière de gérer les différentes parties de leur corps me donne une admiration sans borne pour les chevaux.

Je pense qu’un grand nombre de cavaliers auraient beaucoup plus de respect pour leur monture s’ils prenaient le temps de les observer vraiment. (et au delà, commencer à comprendre que ce sont des chevaux et pas des “outils”, ndlr)

Pas seulement leur beauté, leur robe ou leurs allures mais la manière dont ils utilisent leur corps en totale liberté. Ils comprendraient peut-être aussi l’extrême difficulté de ce qui est demandé à l’animal lorsqu’il est monté, ne fût-ce qu’au niveau de rééquilibrage qu’impose le fait de nous avoir en position assise sur leur dos et de ne pas toujours suivre leur équilibre naturel.

Je suis convaincu qu’alors un grand nombre de cavaliers réfléchiraient à deux fois avant de chercher à corriger systématiquement les problèmes par des rênes fixes, des martingales, des rênes allemandes ou l’encapuchonnement (qu’on l’appelle LDR, deep and round, hyperflexion, rollkur ou n’importe quel autre mot pour tenter de cacher ce que c’est). ( Juste MERCI! ,ndlr)

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Il est vraiment évident, grâce à ce dessin, de comprendre comment le cheval se rééquilibre et utilise son encolure comme balancier. Dessin au feutre par Pierre Beaupère, inspiré d’une photo ©.

L’EFFET DE LA DISSYMÉTRIE SUR LES MUSCLES DU CHEVAL

Nous avons vu qu’un cheval droitier met plus de poids sur son antérieur droit. S’il se met en mouvement, il va « tomber » sur celui-ci et au lieu d’avancer vers l’avant, il va donc dériver vers la droite. Pour compenser, le cheval va décaler son encolure vers la gauche.

Quel vont être les effets sur les muscles du cheval ?

Que vous soyez debout ou assis, déplacez votre épaule droite vers la droite et penchez votre tête vers la gauche. Que ressentez-vous au niveau des muscles de votre cage thoracique ? Votre côté droit s’allonge et votre côté gauche se contracte.

La dissymétrie va donc provoquer chez le cheval un raccourcissement des muscles du côté gauche (côté « contracté ») et un allongement du côté droit (côté « long »). C’est ce phénomène qui faisait dire aux anciens qu’elle trouvait son origine dans la position du poulain dans le ventre de sa mère.

Dès lors, même si les épaules se déplacent sur une ligne parfaitement droite, il est impossible pour le cheval que l’entièreté de son corps reste droite car avec le temps, les muscles de son côté gauche et de son côté droit ne se sont pas développés à l’identique et n’ont pas la même longueur !

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LE POINT G

Vouloir comprendre le mouvement, que ce soit d’un objet ou d’un corps vivant, et tenter de l’influencer sans tenir compte de son centre de gravité est impossible et serait une énorme erreur. Heureusement, si la notion de centre de gravité peut sembler rébarbative pour certains, elle est en réalité assez simple à comprendre dans le cas qui nous intéresse.

Pour simplifier, il faut considérer que le centre de gravité est le point d’équilibre. Tant que le centre de gravité reste à l’intérieur de la base de sustentation, c’est-à-dire la surface sur laquelle repose le corps, celui-ci est en équilibre. Dès l’instant où la position du centre de gravité sort de cette base d’appui, le corps perd l’équilibre et va tomber en direction du déplacement du centre de gravité jusqu’à retrouver l’équilibre (que les physiciens me pardonnent ces simplifications !).

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La position du centre de gravité. Lorsqu’on se penche en avant, dès que le centre de gravité sort de la surface d’appui, l’équilibre est instable et le corps tombe, en suivant la direction du centre de gravité. Si on avance une jambe, le centre de gravité tombe à nouveau dans la surface d’appui et le corps est à nouveau en équilibre.

Qu’en est-il du cheval ?

Il est important de différencier le cheval idéal, parfaitement droit et symétrique, du cheval « normal ».

Vous constaterez d’ailleurs que c’est la représentation du cheval parfait qui est utilisée dans pratiquement toute la littérature équestre pour illustrer le cheval à l’arrêt, ce qui est peut-être une des causes de l’absence de prise de conscience de la majorité des cavaliers de l’importance de la latéralité.

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LE CHEVAL N’EST PAS UNE TABLE ! 

(La notion “d’aplomb” est anatomiquement FAUSSE ! Surtout dans le mouvement! ndlr)

Cela reviendrait au même que de définir l’humain « normal » comme étant celui représenté bras et jambes écartés par Léonard de Vinci.

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L’homme parfait par Léonard de Vinci et l’Homme Moderne par Charly Debray ©.

Le fait que le cheval utilise de préférence son antérieur droit et place plus de poids sur cette jambe va donc provoquer un transfert du centre de gravité vers la droite et vers l’avant. Dès lors, lorsque le cheval est en mouvement, le risque que le centre de gravité sorte de la surface d’appui est beaucoup plus grand, donc le cheval est dans un état de déséquilibre presque permanent. Plus il ira vite, plus cet effet sera important. De même s’il est naturellement, ou à cause d’un travail incorrect, fortement sur les épaules.

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La position du centre de gravité chez le cheval idéal et chez le cheval droitier (déplacé vers l’avant, vers la droite et vers le bas). Remarquez comme le centre de gravité se déplace du postérieur gauche vers l’antérieur droit ©.

Pour revenir ici aux pieds des chevaux, observez sur le dessin au-dessus l’effet du mouvement sur la manière dont le cheval va poser ses pieds. On comprend alors aisément que l’usure des sabots sera complètement différente pour les quatre pieds.

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Photo collection personnelle Pierre Beaupère ©.

LES AUTRES FORCES AGISSANT SUR LE CHEVAL EN MOUVEMENT

 

Je vais tenter ici de faire assez court, même s’il est parfois difficile de résumer un sujet qui me passionne depuis plus de 15 ans.

Je ne parlerai donc pas de toutes les autres forces qui ont un effet sur le cheval lorsqu’il est en mouvement, qu’il soit à la longe ou monté. Il faut juste retenir que la force centrifuge va s’ajouter au déplacement du centre de gravité, et que cela va avoir un effet sur les muscles, les tendons, et les articulations du cheval.

On peut en avoir une idée sur le schéma suivant représentant un cheval à la longe, et qui me semble assez parlant :

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L’effet de la combinaison du déplacement du centre de gravité et de la force centrifuge place une contrainte sur les muscles du dos (le muscle longissimus, la contrainte étant ici sur le côté droit) et de l’encolure du cheval (en orange), sur le squelette (en rouge) et sur les articulations et les tendons, surtout du côté droit (en bleu), car l’antérieur et le postérieur partent dans une direction différente de celle suivie par le corps du cheval ©.

À L’ARRÊT

Posons un cavalier sur notre cheval droitier, donnons-lui des rênes et demandons-lui de les tendre :

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Le cheval ayant les muscles du côté gauche plus contractés, le cavalier, s’il ajuste les rênes à la même longueur, sentira sa rêne droite plus tendue ainsi qu’une résistance s’il tente de fléchir l’encolure du cheval de ce côté.

L’EFFET « CISEAUX »

Si le cavalier insiste malgré tout pour fléchir son cheval à droite, toujours à l’arrêt, que va-t-il se passer, dans la mesure où, même sans bouger, le cheval supporte plus de poids sur son antérieur droit et que ses muscles sont plus courts à gauche qu’à droite?

Pour éviter de se plier, et donc d’étendre les muscles trop courts, le cheval va écarter ses postérieurs (surtout le gauche) dans le sens opposé au pli difficile. C’est la différence entre le cheval correctement assoupli et flexible comme un bambou et celui qui est raide comme un morceau de bois.

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L’effet « ciseaux » : si le cavalier force le cheval droitier à se plier à droite, il va écarter son postérieur afin d’éviter d’étendre les muscles de son côté gauche, qui sont contractés et « courts » ©.

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L’effet « ciseaux » : le cheval va pivoter autour de l’antérieur droit. Celui-ci étant plus chargé, il est donc moins mobile. Le postérieur gauche étant moins chargé, il est facile pour le cheval de l’écarter. Illsutration inspirée du livre « Straightening the crooked horse » par Gabriele et Klaus Schöneich ©.

Cette réticence du cheval à étirer ses muscles du côté contracté, trop court, est très importante dans la compréhension des résistances du cheval. La douleur que peut représenter pour lui le fait d’être forcé à se plier du côté droit est comparable à celle que vous ressentiriez si on vous forçait à faire un grand écart (sauf si vous le faites déjà bien sûr). Il devient alors évident, comme toujours lorsque l’on a l’empathie suffisante pour se mettre ne fût-ce qu’une seconde dans la peau du cheval, que l’étirement du côté gauche devra être fait en douceur, en respectant la limite du cheval et en étirant chaque jour un peu plus les muscles, de la même manière que vous souhaiteriez que l’on vous laisse le temps d’être suffisamment souple pour effectuer le grand écart.

Par contre, le cheval droitier tentera d’éviter de prendre du contact sur la rêne gauche et se pliera donc volontiers de ce côté, ce qui donnera alors ce que l’on appelle un « faux pli », un pli pour éviter le contact.

Pourquoi ? Car un pli correct, avec un contact moelleux, impliquerait que les muscles du côté gauche se tendent (nous parlons ici d’une légère tension qui permet au cheval de garder le contact avec la rêne sans pour autant résister ni tirer). Rappelez-vous votre dernier torticolis : auriez-vous volontiers étiré les muscles de votre nuque du côté contracté, celui où vous étiez coincé ?

SUR LA LIGNE DROITE

En mouvement, le cavalier sentira le cheval droitier « dériver » en permanence de la ligne droite, comme un bateau sans dérive ni gouvernail qui sera juste poussé sur la droite par un vent venant de la gauche.

Notez que le cavalier est alors dans une impasse car le cheval, à ce stade, n’a pas les hanches en face des épaules à cause du déséquilibre musculaire. Si le cavalier parvient à maintenir les épaules sur la ligne droite, il va non seulement devoir garder un contact beaucoup plus important sur la rêne droite mais il n’aura de plus pas résolu pour autant le problème de la différence de longueur des muscles. Dès lors, s’il veut maintenir l’encolure alignée sur la ligne droite, les postérieurs s’en écarteront vers la gauche, et s’il veut tenter de maintenir les hanches alignées il sera alors dans une position proche de l’épaule en dedans à gauche.

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Lorsque le cavalier tente d’effectuer une ligne droite avec un cheval qui n’a pas été correctement redressé, il devra soit aligner les hanches et les épaules, soit forcer l’encolure à rester dans l’axe des épaules. Mais dans les deux cas, il n’aura pas résolu le problème de la différence de contact entre la rêne gauche et la rêne droite et il lui manquera le contrôle d’une des parties du corps du cheval (encolure sur le premier dessin et hanches sur le deuxième) ©.

SUR LE CERCLE

Plus la vitesse augmente, plus le cheval est soumis à la force centrifuge. D’autre part, nous avons vu que notre pauvre cheval est dans un déséquilibre permanent, qu’il tombe continuellement sur son épaule droite à la recherche de son équilibre. Dès lors, si on ajoute le poids du cavalier qui tente, lui aussi, de maintenir son équilibre et qui est, lui aussi, soumis à la force centrifuge, on comprend aisément une série de points cruciaux :

  • la difficulté du problème posé par la correction de la dissymétrie naturelle du cheval vu la quantité de facteurs et de forces qui entrent en jeu ;
  • le fait que le cavalier puisse aggraver la dissymétrie naturelle, par son manque d’équilibre, sa propre dissymétrie mais aussi par des réactions inappropriées ;
  • l’inconfort permanent dans lequel se trouve le cheval qui n’a pas appris à se déplacer dans l’équilibre avec le cavalier sur son dos.

Ce dernier point laisse entrevoir, assez clairement je pense, l’effet dévastateur que peut avoir aussi bien sur son équilibre mental que physique le travail du cheval sans correction de sa dissymétrie.

Le cercle à droite :

Avec un cheval droitier, c’est sur le cercle à droite que le cavalier aura le plus de difficulté et ressentira le plus grand inconfort. Il aura en effet de grandes difficultés à obtenir un pli correct, à maintenir le fameux contact sur la rêne extérieure et donc à maintenir le cheval sur les hanches.

Il devra en permanence lutter contre la sensation, très forte, que le cheval tombe sur son épaule droite, et donc à l’intérieur du cercle.

La plupart des tentatives de correction se solderont par un dérapage des hanches vers l’extérieur plus que par un rééquilibrage de l’ensemble du corps du cheval. Rappelez-vous qu’à la force centrifuge qui jette les hanches à l’extérieur vient s’ajouter « l’effet ciseaux », c’est-à-dire la réticence du cheval à étirer son côté gauche.

D’autre part, le cavalier lui-même est (logiquement) soumis à la force centrifuge qui tend à le jeter à l’extérieur du cercle (l’équilibre du cheval n’a rien à voir avec ce phénomène, la force centrifuge étant uniquement liée à la vitesse qui nous emmène à continuer dans la trajectoire que nous suivions).

La force centrifuge s’opposant au fait que le cheval a tendance à tomber en permanence vers la droite, nous serons à nouveau dans une impasse. Car si nous voulons à tout prix suivre le cheval et rester en équilibre sur son dos, il nous faudra nous pencher à droite nous aussi, comme sur une moto, ce qui nous ferait aller dans le sens de sa dissymétrie.

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Mais si nous tentons de nous y opposer, nous avons la sensation très désagréable de ne plus être assis sur le cheval. N’ayant plus de base réelle pour notre assiette nous serons alors d’autant plus soumis à la force centrifuge. Notre réflexe est alors trop souvent de nous raccrocher à la seule chose que le cheval nous offre de stable : la rêne droite !

Le cercle à gauche :

Pour le cavalier débutant qui monte un cheval droitier en le laissant dans un équilibre naturel, sans tenter d’intervenir, le cercle à gauche est bien souvent le plus problématique.

Qui n’a en effet pas connu l’humiliation d’ouvrir en grand sa rêne, la belle rêne d’ouverture que nous avions apprise et qui jusque là fonctionnait si bien dès qu’il s’agissait de tourner, et de voir notre cheval tourner la tête à gauche sans pour autant décoller ses épaules du mur.

Et qui n’a pas connu le fameux et terrible « cavalier qui va à gauche et cheval à droite » lorsque nous arrivions péniblement à la fin de notre cercle en nous rendant compte que le cheval n’a plus la place pour le finir.

Emporté par notre belle rêne d’ouverture, nous tentions alors désespérément de nous persuader que le cheval tournerait. Mais celui-ci, dans 80% des cas se soustrait à l’action du cavalier pour partir à droite, nous laissant alors le plus souvent couché par terre après une belle culbute le long de son épaule (ce fut très souvent le cas pour moi), soit rouge de honte et de frustration de ne pas parvenir à contrôler notre monture sur un simple cercle.

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Sur le cercle à gauche, le déplacement du centre de gravité du cheval droitier vers la droite (extérieur du cercle) vient s’ajouter à la force centrifuge.

Nous avons aussi vu que, de par la différence de tension et de longueur des muscles du côté gauche et droit de son corps, le cheval droitier tend à éviter le contact avec la rêne gauche et à prendre un contact trop fort sur la rêne droite.

Et la force centrifuge vient placer une contrainte supplémentaire sur la différence de musculature gauche/droite de la cage thoracique et du dos.

Le cheval va donc avoir tendance à s’éloigner du cercle, d’autant plus envoyé vers l’extérieur de celui-ci par la force centrifuge qui agit sur lui et sur le cavalier.

Et quand celui-ci va tenter de le ramener sur le cercle, le cheval va donner un pli très important (et facile pour lui) à gauche afin d’éviter au maximum de prendre du contact sur cette rêne et résister fortement sur celle-ci. Dès lors, le pauvre cavalier qui pense bien faire en ayant son cheval au contact de la rêne extérieure et un contact « léger » sur la rêne intérieure réalise qu’il est dans l’erreur, car le contact à droite s’est transformé en un cheval couché sur cette rêne et donc incontrôlable par celle-ci.

Et que la légèreté sur la rêne intérieure s’est transformée en abandon, l’absence de contact sur cette rêne rendant le cheval tout aussi incontrôlable puisqu’il se plie pour éviter le contact.

Le plus difficile est alors pour le professeur de lutter contre cette idée extrêmement répandue et pourtant complètement fausse qu’il doit y avoir plus de contact sur la rêne extérieure.

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L’EXPRESSION DE LA DISSYMETRIE DANS LES EXERCICES

 

Il m’est impossible ici de passer chaque exercice en revue pour vous montrer les effets de la dissymétrie car cela prendrait beaucoup trop d’espace ! Néanmoins, il faut retenir deux choses :

Quel que soit l’exercice, le cheval cherchera toujours à revenir à sa position de base en « demi-lune ». Donc pour le cheval droitier :

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Avec un cheval droitier, les épaules en dedans à droite seront « faciles », le cheval donnant beaucoup d’angle mais sans se plier. Dans les épaules en dedans à gauche, il se pliera beaucoup mais en collant ses épaules à la piste.

 

Les appuyers à gauche seront donc faciles, le cheval donnant en réalité trop de hanches et lâchant le contact sur la rêne intérieure. L’appuyer à droite étant l’inverse de la position que le cheval veut prendre, il résistera sur la rêne intérieure et refusera le pli, et il bloquera son épaule intérieure.

 

Dans tous les cas, si on force le pli le cheval cassera son encolure au niveau de la 3e ou 4e cervicale et s’encapuchonnera.

 

 

  • Dès l’instant où le cheval se comporte différemment dans l’exercice à gauche et à droite, vous pouvez être certain que vous êtes confronté à un problème de dissymétrie naturelle qui n’a pas été suffisamment bien corrigé.

 

Que ce soit les changements de pied qui passent bien à gauche et pas à droite, les appuyers plus difficiles d’un côté, des diagonaux qui ne fonctionnent pas de la même manière dans le piaffé ou une épaule en dedans plus difficile d’un côté que de l’autre, ce n’est pas en répétant l’exercice inlassablement que vous corrigerez le problème, c’est en apprenant à votre cheval à utiliser les deux côtés de son corps de la même manière et à repartir son poids du corps de manière égale sur ses deux côtés que vous corrigerez vos difficultés.

 

LES EFFETS DE LA DISSYMETRIE NATURELLE SUR LES PIEDS ET SUR LES BLOCAGES OSTEOPATHIQUES

Il me semble important ici d’insister sur le travail conjoint du pareur (ou du maréchal ferrant), de l’ostéopathe ET du cavalier. En effet, je pense que ce que nous avons vu jusqu’ici montre bien que même un cheval extrêmement bien paré et dont le corps a été parfaitement rééquilibré par un ostéopathe compétent reviendra très rapidement dans ses déséquilibres si la dissymétrie naturelle n’a pas été corrigée par le cavalier.

J’insiste sur ce point car je rencontre énormément de cavaliers qui voient les pareurs et les ostéopathes comme des magiciens, qui devraient à eux seuls résoudre tous les problèmes de symétrie.

On entend encore trop souvent les cavaliers dire : « Mon cheval ne veut pas se plier à droite donc je vais faire venir l’ostéopathe. » Si la démarche est à la base pleine de bonnes intentions car le cavalier cherche à améliorer le confort du cheval, il faut comprendre que si le travail ne tient pas compte de la dissymétrie, les blocages ostéopathiques reviendront extrêmement rapidement, généralement au bout d’une semaine. Cela me donne un respect et une compassion infinis pour les ostéopathes, dont j’admire la capacité à ne pas être désespéré de réaliser à quel point leur travail, même s’il apporte un réconfort au cheval, ne le sauvera pas d’un mauvais travail quotidien par le cavalier.

Nous l’avons vu, le basculement du centre de gravité va provoquer un déséquilibre complet aussi bien de l’ossature du cheval que des masses musculaires. Et les effets des forces qui agissent sur l’animal lorsqu’il se déplace, ajoutés aux actions du cavalier qui tente de contraindre le cheval dans une attitude ou une flexion qu’il n’est pas en mesure de prendre, vont encore accentuer ces déséquilibres, provoquant blocages et compensations qui peuvent terriblement abîmer le cheval à long terme, aussi bien mentalement que physiquement.

La bascule du bassin, et la plupart des blocages au niveau des sacro-iliaques, sont, dans la majorité des cas dus à une dissymétrie naturelle qui n’a pas été corrigée par le cavalier, d’autant plus quand ces blocages sont récurrents.

En 15 ans d’enseignement, à donner 1000 à 1500 leçons par an, j’ai pu constater de manière très claire comme les rapports ostéopathiques des différents chevaux que j’ai fait travailler sont à peu près toujours identiques, aussi bien au début du travail avec le cavalier qu’après un an de leçons. Si au début du travail les sacro-iliaques, notamment, sont presque toujours bloqués, après moins d’un an ce blocage n’apparaît plus jamais, si ce n’est de manière très rare, dans les cas de chevaux ayant subi des traumatismes comme des chutes.

En ce qui concerne les pieds, le principe est le même. Si le cheval ne répartit pas son poids de manière identique à gauche et à droite et s’il n’est pas correctement aligné et équilibré dans sa locomotion, il est pratiquement impossible que les pieds retrouvent une réelle symétrie. En effet, même si le pareur fait un travail extraordinaire, la locomotion et les appuis du cheval vont provoquer une pousse et une usure des sabots qui ne sera pas la même à gauche et à droite.

Le pareur, dans ce cas, devra en permanence recommencer la correction des pieds, là où un travail correct pourrait énormément accélérer le processus et rendre la correction beaucoup plus durable à long terme.

Et ici aussi, les forces agissant sur le cheval en mouvement, ainsi que les actions et contraintes imposées au cheval par le cavalier qui ne corrige pas la dissymétrie, vont provoquer un poser des sabots au sol qui ne respectera pas la direction du mouvement et accentuera les déséquilibres et les différences des appuis, provoquant une pousse et une usure des sabots différentes à droite et à gauche.

Mais attention, si un travail monté incorrect peut anéantir les efforts du pareur et de l’ostéopathe, il ne faut pas minimiser leur impact. En effet, vouloir corriger la dissymétrie naturelle d’un cheval mal paré ou dont les pieds ne sont pas en cours de rééquilibrage rendra la tâche du cavalier beaucoup plus difficile, voire pratiquement impossible dans le cas de très mauvais parages (qui sont malheureusement encore extrêmement nombreux).

Il est d’ailleurs intéressant de constater que lorsque j’ai commencé à réellement comprendre comment corriger la dissymétrie, le pareur de mon entier Topkapi, qui est naturellement droitier très marqué et qui était alors âgé de 4 ans, constatait à chaque parage que les pieds avaient évolué vers plus de symétrie « d’eux-mêmes ». Le cheval se rééquilibrait et s’alignait, provoquant une pousse et une usure des sabots de plus en plus symétriques au fil des semaines. A l’époque, voir cette évolution de mes yeux, avec l’aide du pareur qui me la faisait remarquer, m’avait énormément impressionné.

De même, si un travail monté très bien mené, respectueux du cheval et effectué POUR le cheval peut avoir un effet extraordinaire aussi bien sur son mental que son physique, il sera grandement facilité par un suivi ostéopathique, qui permettra notamment de faire sauter les blocages et de rééquilibrer le cheval le temps que le travail du cavalier fasse pleinement son effet. L’ostéopathe verra alors le cheval moins souvent, uniquement pour de petits ajustements, comme pour un humain athlète, afin d’éviter tout risque d’inconfort.

De la même manière qu’un humain qui doit voir l’ostéopathe très régulièrement pour des blocages récurrents devrait absolument comprendre qu’il doit travailler sa posture (que ce soit par le yoga, les Pilates ou la Technique Alexander), le cheval dont les blocages ostéopathiques sont récurrents devrait attirer l’attention du cavalier sur la qualité de son travail.

Pour que ce chapitre vous marque, je vous invite à regarder à nouveau ce schéma, qui illustre vraiment bien les effets de la dissymétrie sur le squelette, la musculature et les pieds du cheval en mouvement. A lui seul, il me semble un plaidoyer pour montrer l’importance du travail du cavalier afin de rééquilibrer le cheval, qu’aucun pareur et aucun ostéopathe, aussi extraordinaire soit-il, ne pourra jamais faire.

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LA CORRECTION DE LA DISSYMETRIE ET LES SOLUTIONS

 

Pour entrer en profondeur dans la manière de corriger la dissymétrie du cheval, j’incite les cavaliers à comprendre réellement ses effets sur le cheval. Cet article est un résumé, là où mon livre la traite dans une partie à part entière sur 180 pages ! Il est donc très difficile ici d’aborder en détail la manière de la corriger et d’en tenir compte.

Dans tous les cas, il faut retenir cette notion primordiale : tant que le cheval n’est pas en équilibre et qu’il tombe à droite (pour le cheval droitier bien sûr), il ne sert à rien de vouloir lui mettre la tête à droite !!!

C’est l’erreur que nous commettons tous pourtant, et dans laquelle je me suis enfoncé pendant de nombreuses années sans résultat !

En effet, rappelez-vous le début de cet article : le cheval met la tête à gauche pour compenser le fait qu’il tombe à droite. Vouloir l’obliger à se plier à droite alors qu’il tombe à droite ne fera donc que renforcer son déséquilibre au lieu de le corriger !

C’est d’ailleurs la raison pour laquelle vous avez certainement déjà commencé une séance avec le cheval qui prend un peu plus de contact sur une rêne et qu’à la fin de la séance il tirait franchement fort sur cette même rêne ! Dans ce cas, vous avez en réalité renforcé la dissymétrie du cheval au lieu de la corriger !

Pour ce qui est de la correction, il devrait maintenant vous sembler logique que le plus important sera de ramener le centre de gravité du cheval droitier vers l’arrière, vers le haut et vers la gauche, puisque nous avons vu que le cheval droitier suit son centre de gravité qui est décalé vers l’avant, vers la droite et vers le bas.

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Mais n’oubliez pas : le cheval droitier, qui suit son centre de gravité dans cette direction, déchargera à chaque foulée son postérieur gauche. Et celui-ci n’est alors plus aligné.

Je fais d’ailleurs une petite parenthèse biomécanique à ce propos, car du point de vue évolutif, c’est un mécanisme « intéressant » pour le cheval. En effet, et cela rejoint la notion de « petit pied/grand pied ». Car cette position « permet » au cheval de mieux spécialiser chacun de ses diagonaux. Un diagonal va donc essentiellement servir de soutien et l’autre servira essentiellement à la propulsion. Toute la phrase devrait être mise entre guillemets car c’est un peu plus compliqué que cela en réalité.

Mais une bonne image pour comprendre l’effet sur le cheval est de vous imaginer faire du skateboard. Vous aurez un pied sur la planche qui soutiendra le poids de votre corps. Et votre autre pied sera décalé, hors de la planche, sans avoir à soutenir le poids du corps, afin de vous propulser vers l’avant et faire rouler le skateboard !

Cette forme de « spécialisation » des diagonaux, qui est une résultant de la dissymétrie naturelle, est, d’un point de vue évolutif, intéressante, car elle permet au cheval d’avoir une fuite encore plus efficace dans le galop (cette allure étant elle-même dissymétrique puisque le côté gauche et droit du cheval ne réalise pas le même geste).

En ce qui concerne la correction, si on veut ramener le centre de gravité du cheval vers la gauche, vers le haut et vers l’arrière, il faudra d’abord que le postérieur gauche soit aligné !

Pour vous en rendre compte, c’est assez simple : placez-vous debout, bien droit, les jambes écartées. Pliez ensuite votre jambe droite et placez votre buste bien au-dessus de cette jambe. Dans cette position, tentez de lever votre pied droit du sol.

Que se passe-t-il ? Vous allez systématiquement retomber rapidement sur votre pied droit ! En effet, votre pied gauche étant décalé de votre buste, il ne peut supporter votre poids. Si vous voulez pouvoir garder la jambe droite en l’air, il vous faudra d’abord ramener votre pied gauche sous votre buste, pour ensuite pouvoir charger votre jambe gauche.

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Photo par Marie Mercier ©.

Il en va de même pour le cheval ! Et c’est la raison pour laquelle aucune contrainte et aucune action sur la rêne droite ne peut réellement provoquer le rééquilibrage du cheval. Car tant que le postérieur gauche ne vient pas « à sa place », il sera impossible de le charger ! Et tant qu’on ne le charge pas, l’excès de poids qu’il ne supporte pas se reportera sur l’antérieur droit, rendant la correction inefficace !

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Si on veut un cheval réellement droit et aligné, qui prend un contact bien égal sur les rênes et se plie aussi facilement d’un côté que de l’autre, il faut bien comprendre que cela implique que les deux postérieurs effectuent le même travail, c’est-à-dire que chacun à son tour prenne à sa charge la propulsion ET le soutien.

Le premier objectif du travail sur la dissymétrie naturelle sera donc d’éduquer le postérieur gauche à rester sous le ventre du cheval, sans chercher à le plier à droite.

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Et ce n’est que lorsque le cheval aura appris à utiliser son postérieur gauche de la même manière que son postérieur droit qu’il sera en mesure de charger ce postérieur gauche. Lorsque ce sera le cas, cela enlèvera l’excès de poids qui était jusqu’alors déplacé vers l’épaule droite.

Alors seulement l’épaule droite étant soulagée de cet excès de poids et le cheval ne tombant plus en permanence vers la droite, nous pourrons travailler sur les muscles, en cherchant à allonger le côté court et à raccourcir le côté long.

Pour cela, il faudra avoir à l’esprit la notion de muscle antagoniste et donc comprendre qu’allonger un muscle volontairement est impossible. Il faudra en réalité, pour obtenir la flexion à droite, que le côté long se raccourcisse. C’est la raison pour laquelle toute action de main droite pour plier le cheval droitier à droite ne fera que renforcer la dissymétrie au lieu de la corriger ! C’est la jambe droite qui obtiendra donc ce résultat !

Mais que la jambe droite parvienne à ce résultat, il sera impératif d’avoir pris le contrôle du postérieur gauche et de l’avoir « fixé » à sa place. Car nous avons vu que si nous n’avons pas pris le contrôle du postérieur gauche, l’effet ciseaux provoquera le fait que le cheval va pivoter autour de son antérieur droit et écarter son postérieur gauche au lieu de se plier à droite.

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LE CHEVAL DROIT

Cet article devrait vous donner une idée des implications de la dissymétrie sur la locomotion et l’équilibre du cheval, et vous faire entrevoir les possibilités de la corriger.

Pour terminer, je souhaite attirer votre attention sur certains points.

En effet, tant que le cheval n’a pas été « redressé » (je préfère la notion d’aligné), il est en permanence dans le déséquilibre sous la selle.

J’aimerais que vous imaginiez l’inconfort extrême dans lequel le cheval se trouve alors. Plus encore, imaginez la sensation pour le cheval lorsque le cavalier lui tire l’encolure vers la droite pour le forcer à se plier, alors que cela ne fait qu’aggraver son déséquilibre.

D’autre part, il est évident qu’un article de blog ne peut vous donner toutes les clés, ni pour réellement comprendre tous les effets sur le cheval ni sur la position du cavalier, et encore moins la manière de la corriger.

Mon but ici était avant tout de vous faire prendre conscience des raisons de vos problèmes et de vos difficultés équestres, et vous donner de l’espoir car la dissymétrie, une fois bien comprise, se corrige assez facilement et permet une locomotion et une harmonie telle que peu de cavaliers (et de chevaux !) ont la chance de connaître.

Il me semblait d’autre part extrêmement important d’insister sur le fait que la dissymétrie naturelle provoque une série d’effets sur le cheval qui peuvent sembler inexplicables ou insurmontables à beaucoup de cavaliers. D’autant plus que de nombreux maréchaux, vétérinaires, ostéopathes et (pire) entraîneurs et coaches ont encore tendance aujourd’hui à considérer que « c’est comme ça et on ne peut rien y faire ».

Pour vous convaincre de ce qu’il est possible d’apporter aux chevaux, mais aussi des effets extrêmes que peut avoir la dissymétrie naturelle sur la locomotion d’un cheval, je souhaitais conclure en vous montrant la vidéo du cheval W. et vous joindre quelques lignes écrites peu après le tournage des dernières images de la vidéo :

« Lorsque j’ai commencé à réellement comprendre comment travailler sur la dissymétrie naturelle des chevaux, j’ai pris conscience de deux choses :

  • le travail sur la rectitude avait des effets bénéfiques que peu de cavaliers ou même de vétérinaires pouvaient ne fût-ce qu’envisager,
  • il me fallait à tout prix confronter mes idées et ma manière de procéder avec des cas extrêmes afin de la valider.

En novembre 2011, un peu moins d’un an avant d’écrire le livre Equilibre et Rectitude, une vétérinaire, spécialisée dans la remise en route de chevaux atteints de boiteries et convaincue de l’importance de la rectitude pour la santé du cheval m’informa qu’elle avait, dans sa clientèle, un cheval qui pourrait m’intéresser et qui nous permettrait de confronter nos croyances et nos convictions à la réalité. Nous risquions une terrible désillusion et, pour moi, un aveu d’incompétence, mais je me sentais prêt à y faire face et à remettre ce que je pensais avoir compris en question encore une fois…

 

MISTER WHITE

Mais lorsqu’elle m’expliqua à quoi nous allions faire face, je ne pus réprimer le sentiment que j’avais été prétentieux et que je m’attaquais à un problème qui dépassait largement mes compétences…

Elle me décrivit W. (son nom restera une seule lettre pour éviter de nuire aux propriétaires, aux cavaliers et aux vétérinaires précédents) comme un hongre hanovrien de 12 ans.

Le cheval avait été acheté pour une somme importante en Allemagne par sa propriétaire précédente puis placé chez un cavalier professionnel en Allemagne, dont le nom est assez connu, pour y être mis au Grand Prix.

Le constat, après deux ans de travail, fut sans appel : le cheval refusait de marcher au pas sans s’énerver, il se défendait violemment à la demande du piaffé, présentait des irrégularités très fréquentes et des sauts de pie dans le passage et la plupart des exercices exigeants du rassemblé.

Mais surtout, il présentait une boiterie assez marquée sur l’antérieur gauche qui avait été traitée tous les six mois par des infiltrations et qui réapparaissait systématiquement. La nouvelle propriétaire, au moment de l’achat, n’en ayant visiblement pas été informée.

Quelques mois après avoir acheté le cheval il se mit à boiter et celle-ci décida de faire poser un diagnostic dans une clinique vétérinaire belge. Là aussi, le constat fut sans appel et le cheval déclaré naviculaire (sans que celui-ci ne soit clairement visible aux radios, ce qui est possible dans certains cas de ce que l’on appelle le syndrome naviculaire), fut condamné par les vétérinaires à ne plus être monté que pour des balades au pas rênes longues.

La propriétaire, à la ténacité impressionnante, refusa le diagnostic et fit appel à une autre vétérinaire qui, convaincue de pouvoir aider le cheval, lui demanda de changer complètement son mode de vie (nourriture naturelle, sorties quotidiennes en prairie pratiquement toute la journée, déferrage et parage adapté) et me proposa de venir le voir.

En arrivant et en regardant le cheval évoluer avec sa cavalière durant les premières minutes, il était clair que les problèmes étaient nombreux et plus compliqués encore que prévu. Le cheval était très grand, avec beaucoup de présence. Son œil très noir et ses expressions laissaient deviner une colère sous-jacente prête à exploser en permanence. Sa puissance m’inquiétait car s’il avait été comprimé durant plusieurs années il risquait d’être difficile de la gérer lorsque nous le laisserions plus libre.

La cavalière, à l’équitation très propre, manquait d’expérience ; elle avait acheté le cheval justement pour progresser…

D’autre part, le cheval était passé par les mains d’un professionnel, qui plus est assez reconnu. Outre le fait de me « confronter » à ce qu’il avait tenté de tirer du cheval sans forcément y parvenir malgré son expérience, je pouvais constater que le cheval avait déjà appris beaucoup de choses. Or il est généralement plus facile de corriger les problèmes de locomotion d’un cheval vert, qui ne connait rien et à qui on peut immédiatement apprendre les exercices correctement que d’un cheval « dressé » qui pense reconnaître les signaux pour un exercice qu’il effectue machinalement. Les épaules en dedans, par exemple, deviennent alors beaucoup plus difficiles à utiliser pour décontracter le cheval car il a appris à les effectuer sous tension et ne réagit souvent plus aussi bien aux aides du cavalier. De même son attitude et son déplacement étaient très artificiels et figés, le dos raide, l’encolure et les épaules bloquées pour avoir été monté durant très longtemps en bride dans une attitude très haute et sans en sortir.

Et surtout, la boiterie de l’antérieur gauche, très légère, parfois à peine visible et parfois évidente.

Je me souviens avoir dû me persuader très fort que cela valait la peine d’essayer. Je me souviens avoir eu la sensation d’un guerrier sur un champ de bataille qui soudain se retrouve face à un monstre gigantesque. Je me souviens m’être préparé à une grande déception.

  1. m’a plusieurs fois poussé dans mes retranchements. C’est pour faire face à la difficulté d’aider cette cavalière qui habite très loin de chez moi et que je ne peux voir souvent que j’ai mis la séquence d’exercices de correction au point. Lorsque les effets des dernières infiltrations eurent complètement disparu, il a enchaîné les soucis physiques, les abcès, lymphangites et autres, son corps évacuant les toxines et les pro- duits chimiques. C’est la troisième fois que je constate cette réaction du corps des chevaux après l’arrêt définitif des infiltrations et pour les deux chevaux que je connais depuis longtemps il a fallu plus d’un an pour qu’ils disparaissent pratiquement, mais pas tout à fait. C’est dire leur puissance, leur rémanence et l’effet qu’ils ont sur l’organisme des chevaux. Je ne comprends pas que les vétérinaires qui les utilisent (certains même préventivement, après des séances d’entraînement un peu fortes !) ne préviennent pas leur client de ces effets…

Les défenses liées au passé de W. m’ont plusieurs fois ramené sur terre et imposé la patience quand je voulais aller trop vite ou que je pensais avoir gagné. Avec un cheval de cette taille et de cette force la sensation qu’il risque de se mettre debout parce que quelque chose lui rappelle son passé est vraiment très impressionnante…

Et pourtant…

Après dix minutes lors de la première séance, ce cheval, que le cavalier professionnel considérait fichu et que les vétérinaires avaient condamné à la retraite, ne boitait pratiquement plus.

Avec du temps, de la patience, l’acharnement et l’amour de sa cavalière, il n’a cessé de progresser, malgré plusieurs arrêts pour laisser son corps récupérer. Je souris en écrivant ces quelques lignes sur lui car je l’ai vu il y a trois jours et qu’il nous a donné une séance exceptionnelle, parfaitement régulier dans son trot et décontracté, malgré des conditions météo difficiles.

L’entièreté des séances de W. a été filmée. Nous avons ainsi la preuve de son évolution et espérons pouvoir mener son dressage à bien. Mais n’est-ce pas cela, justement, mener le dressage à bien ?

LA SEQUENCE D’EXERCICES

Lors de la première séance avec W. et sa cavalière, j’ai monté le cheval durant la première demi-heure, afin de sentir s’il serait possible de l’avoir un jour droit et sans boiter. Dans la mesure où je savais, qu’à la fin de la leçon je n’aurais pas l’occasion de revenir donner cours à la cavalière avant deux semaines, je cherchais, avant de descendre, un moyen de lui expliquer en moins de vingt minutes comment travailler son cheval, quelque chose auquel elle puisse se raccrocher pour lui donner espoir et mettre immédiatement le cheval sur la bonne voie…

J’ai donc rapidement mis au point, ce jour-là, une petite suite d’exercices très simples mais dans des attitudes et des équilibres bien particuliers afin qu’elle sache exactement quoi faire en attendant la séance suivante.

Lorsque j’ai revu le cheval quinze jours plus tard, j’ai été tellement impressionné par le résultat, par la justesse des aides de la cavalière qui avait pu se décontracter en s’en remettant à la séquence d’exercices autant que par les progrès du cheval que j’ai décidé de l’essayer avec d’autres élèves.

Et en l’espace de quelques mois, de nombreux élèves purent sentir comment corriger et tenir compte de la dissymétrie de leur cheval. Ils savent qu’ils doivent revenir à la séquence en cas de problème ou si le cheval ne donne plus un contact égal avec la main. Chez certains chevaux, la difficulté à la réaliser leur a mis en évidence d’autres problèmes. Tous ont maintenant un parachute, quelque chose qui fonctionne, dans lequel ils peuvent avoir confiance car à chaque fois que nous y sommes revenus, nous avons corrigé les problèmes de différence gauche-droite. Et les pauvres humains que nous sommes se sentent mieux et plus confiants s’ils ont quelque chose auquel se raccrocher…

En réalité, la séquence est juste fondée sur les exercices de base : cercles, diagonales, simples flexions et éventuellement, lorsque le cheval progresse, épaules en dedans puis têtes au mur, en montant d’une manière bien particulière à chaque fois pour compenser les effets de la dissymétrie naturelle. Mais elle va surtout éduquer aussi bien le cavalier que le cheval. Celui-ci va pouvoir apprendre et intégrer un nouvel équilibre et une nouvelle locomotion.

Je l’enseigne depuis de nombreuses années durant mes stages et de nombreux cavaliers à travers le monde m’ont écrit pour me témoigner des résultats qu’ils ont obtenus grâce au livre et à cette séquence, avec des chevaux parfois très problématiques.

CONCLUSION

Monter un cheval parfaitement droit et équilibré est une sensation merveilleuse et, pour le cheval, surtout lorsqu’il a été monté durant des années dans sa dissymétrie, une sorte de libération. Lorsque la séquence est bien exécutée, que le cheval et le cavalier l’ont comprise et intégrée et que l’on arrive au dernier cercle, on a l’impression, autant à cheval qu’en tant que spectateur que tous les nœuds de tension, toutes les contractions, tous les verrous physiques et mentaux sautent les uns après les autres. Il n’y a rien de magique, c’est juste le corps qui se libère, qui est équilibré et le cheval peut alors exprimer toute sa force et ce dont il est réellement capable…

J’ai vu le beau W. une dizaine de jours avant d’écrire ces lignes. Le cheval s’est musclé, il ne se défend plus. Il commence son travail au trot sans que l’on puisse distinguer la moindre irrégularité. Il est détendu, se fléchit également à gauche et à droite et commence à garder la même attitude lorsqu’il se redresse. Ses allures sont devenues beaucoup plus naturelles, son œil a changé.

Malgré du vent et des conditions difficiles en piste extérieure, il est resté confiant et avec sa cavalière, qui a fait un travail formidable.

Nous n’avons pas gagné, nous n’avons rien réussi ni accompli quoi que ce soit.

Nous n’avons fait que tenter de rétablir ce qui était à la base naturel au cheval, ce qui faisait qu’il est W., ses caractéristiques propres.

Nous n’avons fait que chercher un peu d’harmonie et de décontraction, ce qui aurait peut-être dû être la première chose qu’il devait apprendre après son débourrage.

Je suis dans le train qui me ramène d’un stage en France alors que je termine ces lignes. J’ai donné, dans le cadre du stage, une conférence sur la rectitude. Le lendemain, nous avons travaillé la séquence avec différents chevaux.

Les voir se libérer de leur tension, sans combat, en montrant progressivement autant aux cavaliers qu’aux chevaux comment trouver un nouvel équilibre, au milieu de cavaliers et de chevaux que j’apprécie particulièrement, fut un réel bonheur qui me pousse sans cesse à continuer et à chercher.

Et lorsqu’une nouvelle élève, assistant au stage en spectatrice et découvrant, après quelques répétitions, la transformation de la jument lusitanienne Amendoa, s’est exclamée, sans retenir ses mots : « C’est incroyable, comme une révolution, c’est encore mieux que l’I-phone ! », un sentiment de bonheur m’a envahi.

De voir ces visages souriants face à moi, ces auditeurs si attentifs, les yeux écarquillés, cette cavalière et sa jument heureuses, tout ce positif, cette absence de tension, de combat, de cruauté et de jugement dans l’œil des spectateurs, ce n’était pas mon ego qui était satisfait, c’était mon cœur… »

 

Voici la vidéo de l’évolution de W :

https://www.youtube.com/watch?v=0ymtCW0wV8k&t=9s

Merci d’avoir lu cet article jusqu’au bout, j’espère sincèrement qu’il vous aidera à trouver un début de réponse à vos questions.

 

Pierre Beaupère.

www.prbdressage.com

Pour découvrir le livre Equilibre et Rectitude et le travail sur la dissymétrie naturelle :

www.prbdressage.com/livre-equilibre-et-rectitude

Les aquarelles et dessins humoristiques sont de Charly Debray ©

29 Comments on “LA DISSYMETRIE DU CHEVAL MONTÉ, par Pierre Beaupère.

  1. Cet article est une tuerie pour acheter le livre, ce que j’ai fait. Mais si je suis le résonnement, ma jument est droitière car elle met son poids sur l’épaule droite au piaffer et gauchère car elle met ses hanches à droite au trot. Bref, je n’y comprends rien. Pour l’instant.

    • Bonjour,

      Merci pour votre commentaire et votre intérêt. Vous verrez effectivement dans le livre avec précision comment établir si votre cheval est droitier ou gaucher.

      En réalité il faut vous baser essentiellement sur deux paramètres pour établir la correction: sur quelle rêne votre jument prend naturellement plus de contact et de quel côté est-elle plus difficile à plier?

      Si elle prend plus de contact à droite ou est plus difficile à plier à droite, vous pouvez considérer qu’elle est droitière et appliquer la correction pour un cheval droitier.

      En effet, la première étape de la correction est de rétablir un contact égal sur les deux rênes, qui vous permettra ensuite d’agir réellement sur le centre de gravité. C’est donc sur ce point qu’il faut mettre votre attention en premier.

      J’espère que cela vous aidera!

      Pierre.

  2. Bonjour, bravo pour la pédagogie et les illustrations!.
    Il y a un point (pour l’instant …car je vous avoue j’essaie d’assimiler ; mon cheval etant gaucher et la gymnastique intellectuelle est compliquee en plus de la comprehension) sur lequel je souhaite une reponse: un cheval droitier et qui a un high/low, a son ant gauche high, son ant droit low, la paroi du post droit évasée en extérieur et le post gauche avance vers l’extérieur et de fait la paroi du pied interieure plus évasée?
    Pour un cheval droitier, en ligne droite: la cavalier est mieux au galop à gauche et mieux au trot enlevé sur la diagonale droite ?
    En tous cas, merci encore.

    • Bonjour Anne,

      Merci pour votre intérêt.

      Pour ce qui est du galop, je conseille en général aux cavaliers qui tentent de comprendre la dissymétrie de ne pas chercher à tirer trop de conclusions en fonction de cette allure. En effet, les réactions des chevaux face à leur propre dissymétrie au galop diffèrent fortement d’un cheval à l’autre, ce qui rend l’analyse fort difficile pour le cavalier qui tentent d’en comprendre les effets.

      Certains chevaux droitiers vont en effet se retenir, accélérer ou se traverser au galop à droite là où un autre cheval droitier va se sentir mieux à cette main.

      Pour ce qui est du diagonal sur lequel trotter, il faut bien différencier ce qui est plus confortable pour le cavalier ou pour le cheval! En général, le cavalier d’un cheval droitier va avoir tendance à trotter sur le diagonal gauche, dans la mesure où l’épaule gauche est plus libre et qu’elle s’avance et se lève donc plus que l’épaule droite. Bien sûr, il s’agit ici de théorie, qui peut être influencée par la dissymétrie ou les blocages de position du cavalier lui-même.

      Dans des cas extrêmes, j’ai vu des chevaux qui parvenaient à faire systématiquement changer le diagonal sur lequel leur cavalier inexpérimenté trottait lorsque celui-ci tentait de se mettre sur le bon pied!

      J’espère que cela répondra à votre question ou au moins participera à votre réflexion…

      Bien à vous,

      Pierre Beaupère.

  3. Merci pour votre article, je viens de comprendre bien des choses. Mais j’ai moi même un problème que d’autres cavaliers ont peut être aussi, j’ai un bras droite beaucoup plus musclé que le gauche (défaut professionnel ) et je sais que je dois constamment en tenir compte quand je monte et me concentrer pour garder un équilibre entre les rênes pour ne pas contracter mon cheval. Je pense qu’il faut aussi tenir compte du cavalier. Je ne sais pas ce que vous en penser.

    • Bonjour Caroline,

      Merci pour votre commentaire et votre intérêt.

      En effet, la dissymétrie du cavalier peut influencer les sensations autant que la réaction du cheval. On voit cela le plus souvent sur les chevaux qui semblent être gauchers et se révèlent en réalité être des chevaux droitiers dont la dissymétrie a été influencée par un travail incorrect. J’appelle ces chevaux les “faux gauchers”.

      Néanmoins, il me semble tout d’abord important de comprendre que nous parlons ici de la dissymétrie naturelle, propre au cheval, celle avec laquelle il est né. Car il y a encore trop d’entraîneurs à mon sens qui culpabilisent les cavaliers en les laissant penser que toutes les différences gauche/droite sont dues à leur position et leurs erreurs, alors que les chevaux sont naturellement gauchers ou droitiers, même sans l’influence du cavalier.

      D’autre part, la correction que je propose aux cavaliers pour corriger la dissymétrie du cheval et le rééquilibrer permet de compenser la dissymétrie du cavalier. C’est malheureusement un peu long à expliquer. Car il faut d’abord comprendre comment la dissymétrie du cheval va influencer la position du cavalier et le déséquilibrer. Beaucoup de cavaliers pensent alors qu’ils ont un défaut de position qui est en réalité lié à la dissymétrie naturelle du cheval.

      On peut d’ailleurs constater très souvent (90% des cas à peu près) que le cavalier qui pense avoir un problème de main droite sur un cheval droitier aura la sensation d’avoir un problème de main gauche si on lui fait monter un cheval gaucher!

      Enfin, si vous savez que des facteurs extérieurs (ici, votre profession) provoquent un déséquilibre musculaire et postural sur vous-même, le mieux est alors de travailler à pied à rééquilibrer votre posture et vos muscles. La Technique Alexander est alors un moyen extrêmement efficace de remédier à ce “problème”.

      J’espère que cela vous aider et répond à votre question!

      Bien à vous,

      Pierre Beaupère.

  4. En tant qu’ostéopathe, et enseignante en biomécanique équine pour les élèves ostéo, je parle de votre travail aux élèves depuis 2011 et je l’applique dans mes visites et suivi en ostéopathie équine. Pour moi, vos explications ont été une bouffée d’air dans la compréhension des problèmes biomécaniques des chevaux autant dans mon activité d’ostéo que dans ma pratique de l’équitation 😉

    Je peux donc certifier que je trouve une corrélation quasi systématique entre l’analyse que je fais du fonctionnement du cheval (avec les tests ostéos, le développement et les tensions musculaires, ainsi bien sûr que l’analyse et la forme des structures des pieds)… En général, cela me permet de décrire au cavalier l’attitude de son cheval au travail et de lui proposer un “des consignes de travail” adaptées après les manipulations. Car comme vous le dites, l’ostéopathie ne peut pas changer cette dissymétrie naturelle. Malheureusement peu de cavaliers le savent !

    Quand il y a des incohérence entre droitier – gaucher, les constatations du cavalier et le développement physique du cheval… En général on se trouve soit face à des pathologies sous jacentes du système locomoteur ou soit “le cavalier peut contrarier” la dissymétrie du cheval, provoquant à son tour un équilibre plus complexe du cheval qui cherche seulement à s’adapter…
    Bref passionnant, merci 🙂

    • Chère Virginie,

      Un tout grand merci pour votre message et vos compliments qui m’honorent et me touchent!

      Effectivement, le problème des “faux gauchers” dont je parle dans le commentaire précédent semble trouver en grande partie son origine dans la dissymétrie du cavalier ou le travail incorrect. C’est ce qui rend les problèmes d’équilibre gauche/droite plus complexes à identifier.

      C’est la raison pour laquelle, pour pallier à ces “interférences”, je demande toujours aux cavaliers qui ont des difficultés à établir si leur cheval est gaucher ou droitier (par exemple dans le cas où le cheval se comporte dans certains exercices ou à certaines allures comme un cheval droitier et dans d’autres comme un cheval gaucher), de se baser en priorité sur la différence de contact entre la rêne gauche et la rêne droite. Selon mon expérience, c’est le meilleur moyen d’éviter au maximum les erreurs d’interprétations et d’appliquer la correction la plus efficace. Cela évite aussi, avec les cavaliers qui corrigent la dissymétrie pour la première fois, qu’ils aillent trop loin dans la correction. Le cheval droitier se comporte alors comme un gaucher, mais si le cavalier a placé “l’étiquette” cheval droitier, il ne se rendra pas compte de l’effet de son travail et de l’importance d’inverser les aides.

      Je suis très heureux en tout cas de savoir que mon travail vous ait servi dans votre pratique et votre enseignement!

      Bien à vous,

      Pierre Beaupère.

  5. Tout d’abord merci pour votre article, un dresseur qui s’intéresse à la santé de son cheval est rare pour être souligné.

    Je voudrais juste soumettre quelques réflexions personnelles quant à votre discours.

    Quand vous parlez de la dissymétrie des poulains et du fait qu’ils avancent un antérieur en priorité; Au naturel, avant de brouter, ils tètent et n’ont pas besoin de mettre le nez au ras du sol. Ensuite, le cheval mange habituellement une herbe rase dans la nature, donc il a été fait pour baisser la tête. La longueur de l’encolure, comme vous l’avez écrit est la cause principale.
    Donc, tous les chevaux devraient avoir un High-Low syndrome. Peut-être qu’en grandissant, on retrouve une symétrie des boites cornées, lorsque l’encolure s’allonge?
    Si ce n’est pas le cas, soit l’encolure reste courte, soit les asymétries accentuent l’asymétrie et c’est là que nous devrions peut-être intervenir.

    L’asymétrie provient préférentiellement de l’encolure ( Philippe Karl l’ayant bien décrit dans « Les dérives du dressage moderne ». )
    Je précise cela car je crois que beaucoup se trompent sur la mobilité du dos du cheval.
    La latéroflexion de la colonne dorsale ( du garrot à la charnière thoraco-lombaire ) est très faible. La fameuse incurvation autour de la jambe, est anatomiquement quasi impossible.
    La latéroflexion importante du rachis dorsal impose une rotation du sommet de la vertèbre à droite ou à gauche. ( Cf Denoix/ bioméca)
    Au niveau lombaire, la latéroflexion est impossible et demande encore plus de rotation du sommet des vertèbres. On a des mouvements de rotation frontale ou sagittale mais aucun en rotation horizontale.
    Ce qui m’interpelle, dans ce discours d’asymétrie naturelle c’est que l’on puisse considérer qu’un cheval infléchi à gauche ne pourrait pas galoper aisément à droite monté ou à gauche en liberté… vous parlez aussi de difficulté dans les changements de pied, le piaffer, etc …
    La différence de fonctionnement, à moins d’avoir au niveau lombaire ce que l’on appelle une voussure avec une colonne dont le sommet des vertèbres penchent à gauche ou à droite, ou une rotation frontale ( toujours à droite ou à gauche ) d’une lombaire, ne peut venir que de l’encolure, pas après le garrot.
    Donc, pour une meilleure aisance à travailler une épaule en dedans d’un coté par rapport à l’autre, oui, pour un fonctionnement postérieur, non.
    Quand on examine manuellement un cheval, la latéroflexion de la colonne cervicale est symétrique chez un cheval que vous appelez droitier ou gaucher. Il mobilise jusqu’en C7.
    Si vous rencontrez des difficultés à ployer l’encolure à droite ou à gauche, cherchez une restriction de mobilité en C0-C1, en C2 ou C3, ou après mais en général demander du pli ne se fait pas bien.
    Quand vous dites qu’arrivé en C3-C4 le cheval fléchi la nuque, je ne suis pas d’accord.
    En flexion latérale avec la nuque au dessus du garrot, la biomécanique cervicale en rotation frontale ( à droite ou à gauche ) s’inverse par rapport à une latéroflexion en dessous du garrot. Donc si votre cheval , fléchi sa colonne cervicale au delà de C4 c’est qu’il y a obligatoirement un verrouillage à ce niveau , obligeant à l’inversion de paramètres dans la rotation.
    Dans votre analyse ostéopathique, vous parlez de bascule du bassin et de lésion
    sacro-iliaque encore à cause de la nature.
    Analysez anatomiquement les 2 articulations dont vous parlez.
    L’ilium est posé sur le sacrum, tenu par des ligaments. Ces 2 articulations travaillent en cisaillement avec énormément de contraintes.
    Il y a 3 stades de lésion sacro-iliaque, le premier entraîne une boiterie, les 2 autres une impotence. On peut la comparer à un écart d’épaule. Ce sont des lésions graves post traumatiques.

    Mon cheval a une arrière main parfaitement symétrique alors qu’il est pied de banc sur l’antérieur gauche avec rotation interne de la dernière phalange du postérieur droit qui a compensé le manque de traction de l’antérieur gauche. Il est complètement latéralisé à droite. Allez comprendre.
    Je voulais mettre des photos mais je n’ai pas réussi.
    J’en reviens à la voussure, qui, elle, peut latéraliser l’arrière main, mais pas l’encolure.

    Votre expérience avec votre cheval Topkapi, prouve pour moi une chose importante.
    Dans le monde équestre, le suivi régulier d’un animal sorti de son milieu naturel est primordial.
    Le mouvement, l’alimentation, la “NON ferrure”, le travail d’assouplissement, etc…
    A mon sens, le suivi du parage, de l’ostéopathie, doit se faire dans des délais beaucoup plus courts, avec un apprentissage du cavalier des points importants à surveiller ; la correction régulière d’une paroi qui déborde, la décoapation d’un carpe ou d’un sésamoïde distal ( naviculaire ) .
    Voir un cheval toute les 8 semaines en parage, tous les 6 mois ou un an en ostéo n’est pas très logique.
    Mieux vaudrait avoir un suivi plus rapproché et moins cher pour éviter la spirale équilibre-déséquilibre.

    Par contre je vous rejoins entièrement sur le fait que le kinésithérapeute du cheval est son cavalier et là, on a besoin de gens avec votre état d’esprit.

    Vous vous demanderez qui est cet anonyme qui remet en cause des décennies de dogmes. Un homme qui aime les chevaux comme vous, mais qui ne voit que trop rarement de belles choses faites avec ses créatures fantastiques. Cavalier déçu, ostéopathe en colère, vis à vis de ce monde ou même l’argent ne satisfait pas au bien être des chevaux, au contraire.
    Comme vous réfléchissez à améliorer la condition de vos chevaux, je vais me permettre de vous demander quelque chose.
    Regardez la RLM de Valegro à Aix la Chapelle au championnat d’Europe 2015, reprise tant commentée pour ces 2 lignes de changement de pied au temps ratée. Puis comparez avec son record à Londres et surtout sa dernière prestation londonienne.
    Fixer votre attention sur l’orientation de la queue de Valegro et la flexion de ses jarrets au trot allongé. La pince du postérieur droit qui traine
    Il y a une asymétrie lésionnelle sur un jarret gauche avec compensation lombaire évidente.
    Il précipite le poser du postérieur droit pour ne pas prendre d’appui dessus.
    Sinon je n’ai jamais vu ce cheval trotter allongé avec une queue latéralisée.

    Merci pour votre amour des chevaux.

  6. Bonjour Monsieur Beaupère,
    Merci beaucoup pour votre article passionnant et apportant des réponses et par conséquent des questions. Pour ma part j’ai manifestement un cheval gaucher, qui tombe à l’intérieur de ses cercles à gauche, surtout au galop; dérive à gauche sur les lignes droites, et accentue le pli de l’encolure à droite à main droite, en élargissant un peu le cercle. Je vous écoute et ne cherche pas à apporter du pli à gauche avec mes mains. par contre j’agis avec ma jambe gauche pour essayer de le “porter” et qu’il tourne mieux autour, tout en tenant les hanches avec la jambe droite (car pour l’instant il s’enroule très bien à droite et tourne en bateau à gauche). Mais je ne sais pas si je fais bien. et surtout donc, comment travailler sur le postérieur droit pour le mettre bien sous la masse, et ensuite travailler sur l’inflexion ? Car le but n’est pas non plus de travailler tjs à sa place mais de corriger véritablement le problème et.
    Je vous remercie d’avance pour vos précieux conseils.

    J’ai omis de spécifier, mon cheval (SF x SBS) prendra bientôt 4 ans, le 13 avril, je l’ai pour l’instant surtout travaillé à pied, et monté une fois par semaine. Je “prends mon temps” avec lui. Nous évoluons aux 2 mains aux 3 allures, mais il est vrai que ce problème de dissymétrie me pose un peu problème et j’aimerais l’aider et le soulager, pour évoluer dans le bon sens avec lui. Pour info, il n’est évidemment pas ferré et si cela est possible je pense le laisser pieds nus.
    Merci pour mon cheval et moi-même !

    A bientôt de vous lire j’espère.

    Bien cordialement.
    Marie COUILLET.

    • Bonjour Marie,

      Merci pour votre message.

      Pour la correction de la dissymétrie et la réponse à vos questions je vous conseille la lecture du livre, qui vous apportera en principe tout ce dont vous avez besoin pour le travail de votre cheval gaucher. En effet, il est très difficile d’expliquer ici comment corriger la dissymétrie et le travail spécifique qui en découle car cela prend 180 pages dans le livre! Si vous vous intéressez au sujet, je vous conseille aussi la lecture du livre “Straightening the crooked horse” de Gabriele et Klaus Schoneich.

      Bien à vous,

      Pierre.

  7. A reblogué ceci sur Le poney Black & Whiteet a ajouté:
    On m’a toujours dit que ma jument était gauchère car elle galopait facilement à gauche et se pliait facilement à gauche au carré. Je l’ai cru de bon coeur. Et pourtant, en balade, sur les longs bouts droits, elle galopait à droite… Ou comment cet article m’a fait comprendre que ma jument est en réalité droitière.

  8. Ping : Droitier/gaucher – la facilité est une menteuse | Le poney Black & White

  9. Cet article est incroyable. Cela fait des mois que j’y reviens régulièrement, il est riche d’enseignements. Je lis encore et encore. Je me sens si seule dans ce combat que je mène pour corriger l’équilibre de ma 5 ans. Il n’y a qu’ici où je trouve un peu d’espoir.

    J’ai acheté ma jument pour faire du sport, naïvement, alors qu’elle n’était même pas débourrée. Lors de la visite d’achat, le vétérinaire me dit qu’elle a un pied plus gros que l’autre, mais que ça ne l’empêcherait pas de faire du sport. J’ai fait des radios des 4 pieds, rien selon lui de contre indicatif à la pratique à laquelle elle serait destinée. Quelle erreur… Quand on fait de l’endurance, une « forte» asymétrie est réellement problématique !

    Quand je l’ai ramenée elle avait 3.5 ans, j’ai vu qu’à main gauche sur le cercle en longe, elle était irrégulière, mais pas au point d’appeler ça « boiterie » et sans savoir si ça venait du postérieur gauche qui n’engageait pas ou si cela venait de l’épaule droite. J’ai cherché à comprendre pourquoi, si il y avait une pathologie avant même d’engager son débourrage.
    Je l’ai crié partout et demandé de l’aide, mais en vain. En liberté la jument ne boite pas (oui puisque qu’elle est libre de placer sa tête où elle veut), donc on me dit qu’elle va bien.

    Mais depuis le début je parle de high/low syndrome… L’antérieur gauche est toujours devant en extension quand elle broute. Le pied gauche est plus petit et haut que le droit. Quand elle trotte en ligne droite, elle a un léger pli à droite, et elle n’arrive pas à se plier à gauche, la rêne et jambe gauche résiste toujours beaucoup. Elle se traverse à gauche au pas, et quand j’ai commencé à la monter, je sentais que tout le côté gauche était plus « haut », poussant mon bassin vers la droite. Dans les descentes, elle avance son antérieur gauche toujours plus (comme si nous descendions un escalier en deux temps en descendant toujours la même jambe).

    Comme elle ne fonctionne pas correctement, c’est toute la musculature globale qui paye, elle ne tend pas son dos, se s’arrondit pas, ne se muscle pas l’encolure naturellement au pré. J’ai l’impression que ça va même plus loin que le physique : elle a l’air mal dans sa peau, triste. Aujourd’hui ça s’est amélioré avec le travail, les nombreuses visites ostéo et la maréchalerie, mais c’est loin…loin… loin d’être réglé… J’ai commencé le travail en carrière, et j’essaye de la plier en gardant les postérieurs alignés. Mais je me demande aujourd’hui si c’est la bonne chose à faire en vous relisant. En balade, je rentre souvent avec des marques de transpiration que sur le côté droit, quels renseignements je peux en tirer? Et ne pensez vous pas qu’a chercher la rectitude après tant d’années « tordue » on prend le risque de blesser des membres très peu sollicités jusqu’alors ?

    Merci encore d’avoir pris le temps d’écrire un tel article.

    • Bonjour Petit Pouce,

      Merci pour votre commentaire et vos compliments!

      Je suis vraiment convaincu qu’il ne faut jamais avoir peur de travailler sur la dissymétrie du cheval et de chercher à l’équilibrer. Les conséquences d’un cheval très différent à droite et à gauche et du déséquilibre que cela engendre sont tellement mauvaises pour la santé physique et mentale du cheval qu’il me semble extrêmement important de tenter de redresser le cheval le plus rapidement possible.

      Bien sûr dans le cas de pathologie grave on ne parviendra parfois pas toujours à redresser complètement le cheval. De la même manière, si le cheval a de très nombreuses années d’une mauvaise locomotion et d’un mauvais équilibre derrière lui, il est évident que cette correction va prendre du temps.

      Et dans tous les cas, bien sûr, il faut être capable de sentir jusqu’où aller, de s’arrêter lorsque le cheval montre de la fatigue, qui peut arriver rapidement lorsqu’on corrige la dissymétrie, et être à son écoute!

      J’espère que cela répond à votre question!

      Bien à vous,

      Pierre.

  10. Merci pour cet incroyable article ! Bon sang que j’ai travaillé a l’envers dans tellement d’exercices !! Bon sang de bon sang, enfin un debut de reponse a ce sentiment d’etre incapable d’avancer a la resolution de ces soucis d’assouplissements…..

  11. Un article formidable, j’en suis émue, …. Comme Gisele j’ai travaillé ma jument à l’envers. J’espère sincèrement pour son bien que votre livre m’aidera a lui apporter du confort dans son travail…

  12. Merci pour cette mise en commun de vos savoirs. Je connais les écrits de Pierre Beaupère, et je connaissais également votre site sur la podologie équine, qui m’a appris également énormément de choses. Le lien ainsi établit entre les deux est génial !

  13. Bonjour,
    Je connais l’ouvrage de Pierre Beaupère et j’applique ses méthodes sur mon cheval.
    Depuis, je regarde souvent la dissymétrie des chevaux, et très souvent aussi leurs pieds, qui sont finalement les indicateurs du fonctionnement du cheval. Mais j’aimerais quand même avoir des certitudes… Alors, pour un cheval droitier, que devrait on retrouver concernant ses pieds ? Un antérieur droit plus gros, par exemple ? Merci

  14. Bonjour,
    merci pour vote article.
    entre gaucher ou droitier mon cœur balance et pour une bonne compréhension de vos explications pourriez vous me précisez une chose?
    le cheval droitier prend appui sur son antérieur droit, est le pied high ou le low?
    merci beacoup

  15. Bonjour, ma jument a une très forte dissymétrie naturelle, exactement celle qui est donnée en exemple. J’ai du mal à me faire aidée point de vue dressage. Est-ce que le livre de Pierre Beaupère donne vraiment des exercices pour corriger cette asymétrie ? Merci, et merci pour cet article!

    • Bonsoir,

      Il vend des DVD et des livres…. mais lisez l’article sur le Hi/lo !

  16. Bonjour
    Une des causes de dissymétrie chez les chevaux hongres peut-être la castration. Les adhérences et les tensions qu’elle crée localement peuvent se répercuter à différents endroits de(s) chaîne(s) musculaire associées et affecter de manière parfois flagrante -et douloureuse- leur biomécanique entière (et par conséquent, leurs pieds).
    Exemple: une cavalière s’inquiète car son cheval n’arrive plus à tourner à gauche en balade. Son corps est effectivement très contracté d’un côté; sa mobilité est très asymétrique. En partant de l’encolure et en suivant les tensions, nous arrivons à la cicatrice de la castration et aux adhérences qu’elle a causées…
    Dans de tels cas, un traitement ostéopathique et des exercices (mobilisation, massage…) peuvent aider. L’idéal serait que les suites de castration, qui n’est pas un acte anodin, soient systématiquement accompagnées par un ostéopathe pour éviter/minimiser ces effets.

  17. Ping : L'asymétrie du cheval et du cavalier - Développement Équestre

  18. Excellent article, l’analyse et les exemples sont convaincants, merci de m’avoir éclairée et de nous faire profiter de votre savoir-faire!

  19. Super article écrit avec soin et générosité, merci beaucoup. Cependant j’aimerai savoir comment le cavalier doit faire pour ramener le postérieur gauche aligné (en suivant votre exemple PG/AD)

  20. Ici on parle de cheval monté, à l’attelage est ce la même chose, ça me semble plausible?

Répondre à OliAnnuler la réponse.

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