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LES BESOINS FONDAMENTAUX

Par Myllie Delépine

INTRODUCTION

ANTROPOMORPHISME ET SENSIBILITE ANIMALE OU EST LA VERITE ?

Pour parler du respect des besoin fondamentaux, et de l’impact de l’absence de respect des BF, il est d’abord nécessaire de parler de sensibilité animale. La raison en est simple. Nous avons domestiqué les animaux, et nous verrons au cours de cet article que cette variable n’est pas sans conséquence sur la manière d’aborder la question

L’arme sémantique suprême, afin de couper court à tout débat concernant la sensibilité animale, est l’anthropomorphisme. C’est-à-dire, se substituer en termes de ressentis, à un animal, et d’en transposer les conséquences.

Le fait que la science n’ait reconnu la sensibilité du nourrisson humain qu’à partir des années 80, prouve à lui seul que l’absence de preuve de sensibilité chez l’animal n’est pas une preuve… justement!!

Mais les intérêts en termes d’exploitation des animaux, ne sauraient admettre une interférence éthique.

Pour illustrer le raisonnement, et pour parler d’actualité, les institutions peinent par exemple, à interdire l’épandage du glyphosate en raison de l’absence de preuve de sa toxicité. N’eût-il pas été plus logique, dans le doute, de faire le cheminement intellectuel inverse en appliquant le fameux « principe de précaution « ?? La logique est la même lorsqu’il s’agit de sensibilité animale.

La particularité de la médecine vétérinaire, découle du fait que les codes du langage animal, sont définis et interprétés selon notre degré propre de sensibilité, ou nos acquis culturels.
C’est pourquoi le vétérinaire se fie au langage corporel et aux seuils de références physiologiques ou biochimiques pour définir un état pathologique.
Quand bien même, l’état de santé a commencé à se dégrader des semaines, des mois, voir des années avant sa prise en compte et son traitement éventuel.

Or, « Il est trop tard de forger les armes quand la guerre est déclarée » (proverbe chinois)

L’ambivalence de la perception de la sensibilité animale selon les besoins en vigueur, et sans aucune contextualisation environnementale, nous interroge sur la réalité de ce qu’il convient
justement d’appeler « l’état de santé » de l’animal.

Il est admis que les capacités adaptatives du cheval, sont liées aux besoins humains dans le processus de domestication. Ainsi, ce rapprochement (ses intérêts et ses contraintes), a
profondément modifié l’état sauvage primitif qui limitait l’existence de l’individu à sa synergie avec la nature. Cet état de fait est particulièrement intéressant pour permettre l’application des principes de la médecine chinoise.

On peut attester scientifiquement de ce raisonnement en s’appuyant sur l’exemple des  enfants dits : « sauvages »: Marcos Rodriguez Pantoja et victor : l’un élevé par des loups dans les
montagnes espagnoles et l’autre, surnommé « l’enfant sauvage » que l’on a essayé en vain de réhabiliter parmi les hommes. Dans les deux cas (avérés et documentés), les enfants communiquaient avec la meute, se nourrissaient essentiellement de racines, et certains de
leurs sens s’étaient décuplés tandis que d’autres au contraire étaient amoindris. Ces facultés adaptogènes prouvent, que l’environnement au sens large, influe sur l’individu jusque dans les
caractéristiques de son espèce. La preuve est ainsi apportée de la corrélation  entre le milieu externe et le milieu interne : la modification a engendré le développement d’autres modes de communication, et les a dotés des outils physiques et physiologiques nécessaires à la vie sauvage.

Le dénouement de ces histoires est d’un intérêt certain pour transcender cette barrière philosophique inter-espèce, qui conditionne le rapport à l’animal, notamment dans le soin, et c’est là le grand défi des thérapeutes animaliers.

Par ailleurs, l’excuse anthropomorphique, est constamment sollicitée pour annihiler la possibilité de faire évoluer la « gestion » de l’animal domestique. Sans basculer dans cet écueil, il semble pourtant nécessaire d’envisager l’impact de l’inclusion des chevaux dans notre mode de vie et d’en mesurer la limite des facultés
adaptatives.
Si un enfant humain peut avoir des tropismes identiques à une meute de loups et survivre à l’état sauvage, on peut supposer que le traitement du cheval, selon les « besoins » humains,
nécessite de faire évoluer les possibilités thérapeutiques en tenant compte de ces modifications.

Par exemple, certains chevaux ne supportent pas la séparation avec leur propriétaire, (ce qui n’est pas une caractéristique propre à son espèce !).
Nous avons pu le prouver au moment du confinement, avec des chevaux qui ont montré des troubles comportementaux et parfois des signes physiologiques de déséquilibre parce que les propriétaires n’étaient plus autorisés à se rendre aux écuries. Ces troubles ont disparus lors du retour « à la normale ».

Tandis que d’autre chevaux n’ont présenté aucun signe particulier en l’absence de leur référent humain.
On peut aussi prendre l’exemple des animaux sauvages récupérés petits et élevés comme des chiens ou des chats. Ils sortent de leur condition sauvage pour être imprégnés des codes
sociaux établis entre humains et animaux domestiques. Et on observe des pathologies normalement inexistantes en milieu sauvage.
Par exemple :
– le syndrome de l’angoisse de séparation observée sur un sanglier mâle âgé de 8 ans et
diagnostiqué par un vétérinaire (association « la maison d’Obélix »).
-Le SME, résultant de changements environnementaux au sens large (absence de variété de
plante dans le milieu de vie, alimentation inadaptée, stress…) ou encore,
– la stéréotypie.

Les besoins fondamentaux d’une espèce constituent les pierres angulaires de la qualité environnementale d’un individu et en définissent les paramètres.

Il est primordial d’étudier de près les besoins fondamentaux en question et de les comprendre dans leur globalité afin de pouvoir agir par ce biais.
La condition préalable, essentielle à ce cheminement, est qu’il n’y ait pas d’enjeux de rentabilité sans quoi, ces lignes sont aussi utiles que les conseils d’un diététicien à un canard gavé dans une cage.

La médecine traditionnelle chinoise a établi un constat qui est la pièce maitresse de sa théorie et de sa pratique. Les lois qui sous-tendent les processus biodynamiques, sont les mêmes pour tous. De la plus petite cellule jusqu’à l’organisme le plus complexe, ces lois s’appliquent. Nous passons par exemple tous par les phases de naissance, croissance, maturation, dégénérescence et mort.

De fait, tous les éléments sont interconnectés.  Prenons un exemple concret : L’énergie est descendante à l’automne. Les feuilles des arbres tombent, les animaux hibernent, les jours raccourcissent… L’organisme interne subi également ce changement énergétique.

Au contraire, au printemps, lorsqu’il ya une renaissance généralisée, et que l’énergie est montante, les animaux mettent bas, sortent d’hibernation , les fleurs poussent et éclosent etc etc… Ces mouvements énergétiques sont les mêmes en interne.

Partant de là, absolument tous les paramètres environnementaux ont une influence sur l’interne. Les saisons, le climat,  la zone géographique, le paysage, l’entourage social, la nourriture…Chaque espèce possède des critères de vie qui lui sont propres, et ont des besoins en conséquence.

Pour le cheval 3 besoins primaires : Le mouvement, la fibre (alimentation), et les relations sociales.  L’idée de cet article est de développer l’étude de ces besoins fondamentaux.

Le mouvement

 869 200 chevaux, soit 82 % de la population équine sur le territoire français, vivent en box.
Jusqu’à récemment, la nocivité de la vie en box pour les chevaux était affaire de sensibilité. Aucun impact direct ou réel n’était communément admis dans la communauté scientifique (ou équitante du reste).
Il a fallu attendre les années 1990, avec la thèse du Dr Wilkins

« Stereotypies in the stabled
horse : Causes, treatments and prevention »,

pour mettre en évidence, les signes d’un stress
physiologique lié à ces conditions. Puis, une thèse du Dr Yarnell (2015). Utilisant des mesures telles que le taux de
glucocorticoïde, la température oculaire, les déviances comportementales, les enzymes cardiaques, l’analyse des matières fécales… afin de prouver, par l’existence réelle de processus
biologiques primaires, la dégradation de l’état de santé du cheval en box.
Les désordres occasionnés, entrainent une chronicité des symptômes et favorisent l’affaiblissement du terrain ainsi que de l’homéostasie.

equiassure.com (image d’illustration)

Toutefois, cette étude démontre les conséquences d’un stress visible à l’instant T de l’étude, sans en mentionner les mécanismes d’apparition, les effets sur le long terme ou l’aggravation
éventuelle du tableau clinique en fonction d’autres paramètres.

 Hippocrate décrivait « le mal des scythes » qui passaient la journée à cheval et présentaient un état d’asthénie persistante liée au manque de mouvement.
En 1869, Beard, corrélait ce syndrome à : «la modification des conditions de vie et à l’augmentation d’activité imposée aux hommes ». La médecine chinoise s’intéresse peu aux
causes en tant que telles mais s’attache plutôt à les identifier pour anticiper leur évolution etiopathogénique.

L’énergie, qu’on appelle QI est en partie produite et utilisée par et pour le mouvement. On peut donc considérer le box comme un pathogène extrêmement puissant.

La taille d’un box standard est de 3×3 m. Un cheval y passe en moyenne 21h par jour. Pour
les chevaux ayant l’opportunité de sortir au paddock quelques heures supplémentaires, les conditions ne sont pas favorables au mouvement parce qu’il n’a rien à y faire !!!!

Il n’y a souvent pas de congénère avec lui, pas d’herbe ou de plante à grignoter, la surface est minuscule et il est de toute façon généralement tellement conditionné par le box, qu’il ne sait plus se comporter en cheval.

On entend d’ailleurs constamment les grooms d’écuries nous dire : « ca sert à rien de le mettre dehors il attend à la porte, il est mieux au box ». Il n’est pas mieux au box il est en état de résignation acquise ce qui est très différent.

La contention du cheval en box est aggravée par son statut de proie dans la nature. En tant que tel, la survie du cheval dépend directement de deux facteurs :

-Sa capacité à fuir,
– son habileté à anticiper les dangers grâce à la détection des sons, des mouvements ainsi que de l’identification de certaines couleurs.

Par exemple, lors de la plupart des « leçons » de pied auxquelles nous avons assisté, pour amener le cheval à laisser son pied pendant le parage, le cavalier s’énerve lorsque le cheval
retire encore et encore son pied.

Il est important de conscientiser, surtout chez les jeunes
chevaux, que l’attache et la prise des pieds, déclenchent une réaction réflexe primaire.
Le cheval perd sa possibilité de fuir en cas de danger.
Or, le cheval n’est pas assuré de la sécurité de son environnement ( tout particulièrement lors d’un changement de lieu). Et le fait de lui prendre un pied est, dans son langage, une menace vitale dans la mesure où il n’est plus à même d’exprimer son instinct. C’est un stress notable pour lui.

C’est pour cette raison que lors des premiers exercices chez le poulain, il est important de lui
faire comprendre qu’il a la possibilité de retirer son pied s’il le souhaite. De cette façon il n’associera pas le geste à un danger ou une contrainte, et il acceptera bien plus facilement de vous le donner ensuite. Il faut d’abord réaliser l’exercice dans
un laps de temps très court puis, l’allonger progressivement en récompensant à chaque fois que le cheval coopère. Les bénéfices de l’association exercices/récompense sont connues dans le processus éducatif. Ils suscitent l’intérêt et permettent de ne pas rentrer dans une relation de domination par la peur ou la force.
De même, les gestes réflexes en tant que cavalier, nous poussent à TOUJOURS contraindre le cheval à :
-ne pas s’arrêter pour « dire bonjour » à un autre cheval sur le chemin
-ne pas tirer sur la longe ou les rênes pour brouter en passant à proximité d’une belle touffe d’herbe
-rester « placer » même en balade sans pouvoir réagir aux stimuli environnementaux
-à rester parfois très longtemps à l’attache sans stimulation. On l’empêche de mastiquer la longe, de fouiller dans la boite de pansage, de farfouiner dans les poches, de jouer avec les fermetures éclairs etc, etc etc…)

Ces gestes anodins, appris et transmis depuis des décennies dans les écuries avec la fameuse phrase “c’est toi qui commande”, occasionnent de petites frustrations répétées quotidiennement, ajoutées les unes aux autres, jusqu’à ce que le cheval devienne un être mécanique résigné à abandonner tout ce qui fait de lui ce qu’il est :un cheval.
A terme, le cheval qui est constamment contrarié dans sa nature, (avec ou sans maltraitance physique), peut développer le stade ultime du stress : la stéréotypie. Et on ne parle même pas des entiers qui dans leur grande majorité vivent un calvaire quotidien tant leur gestion découle d’une méconnaissance mêlée à de la peur parce que ce sont de grosses bêtes qui gigotes beaucoup.

Les contacts sociaux libres

 

Chevaux de Guillaume et Myllie en troupeau à l’occasion d’une petite sieste de groupe!

Les chevaux sont une espèce grégaire. Comme tout animal herbivore qui est une proie dans l’espace naturel, ils puisent leur force dans l’instinct de fuite ainsi que dans la force que
constitue l’unité du troupeau. Les liens sont complexes, les codes établis, les places hiérarchisées. Ces liens se tissent notamment au gré des contacts physiques.

L’unité d’un troupeau est une entité. Privé de cette appartenance, le cheval doit trouver un autre moyen de trouver sa place et son rôle. L’observation la plus importante que nous avons pu faire au cours de cette étude, démontre que, quelques soient les conditions, y compris dans la cour d’un abattoir, le fait de rassembler les animaux à proximité les uns des autres, a un effet sédatif (par production d’endorphine) sur leur comportement.

Ce simulacre d’unité peut être recrée. Et comme pour le chien en l’absence de sa meute, il est possible de reconstituer des conditions ou peuvent s’exprimer les instincts vitaux de chaque
espèce, et de retrouver une » ingérence humaine censée » (oxymore s’il en est puisque le retour à la nature est impossible).
Les chevaux en box n’ont que très peu de contacts libres avec les autres chevaux. Ils peuvent généralement se voir mais pas se toucher. Les contacts qu’ils pourraient avoir à
l’extérieur sont en majorité très restreints voir inexistants.

Les contacts entre les chevaux sont primordiaux à plusieurs niveaux :

-énergétique/vibratoire :
Ce que l’on appel, « grooming », terme à la mode depuis quelques années, consiste entre deux chevaux, à se gratter mutuellement. A l’image d’autres animaux, notamment chez les carnivores qui se lèchent entre eux afin de soigner des plaies, les chevaux peuvent demander à un congénère de stimuler une partie du corps qui leur est inaccessible, notamment un point d’acupression.
Au sein d’un troupeau, nous avons pu observer deux juments de trait d’un très gros gabarit et d’un âge avancé. Pouvant difficilement aller en latéroflexion.
L’une d’elle, jument A était atteinte d’une gale de boue dans le creux du pâturon. Elle a amené la jument B à venir stimuler la zone affectée.
La jument B a tenté de stimuler plusieurs autres zones, occasionnant la fuite ou le changement
de position de la jument A. Finalement, la jument A s’est mise à stimuler le pli du pâturon, (pourtant sain), de la jument B, pour que celle-ci comprenne sa demande exacte.

Les affinités entre les individus ne s’expliquent pas.
Beaucoup de vidéos sur les réseaux sociaux, font états de relations très intenses et très fortes,bien que totalement improbables entre, un cheval et un mouton ou un cheval qui ne quitte plus
sa poule …
Ces cas de figures prouvent le besoin d’attachement qui, lorsqu’il n’est pas possible entre congénères, s’attache à se manifester par tous les moyens et avec n’importe quel individu possédant une énergie pouvant nourrir et équilibrer celle du premier.
Ces attaches tendent à confirmer l’hypothèse énergétique et le lien scalaire au sein du vivant.
La preuve scientifique occidentale a été amenée par une expérience elle aussi très occidentale. Un lapin, enfermé dans une cage de faraday avec eau, nourriture et petite ventilation, est mort
au bout de 8 jours sans explication apparente. Privé de ce réseau de connexion du vivant, un individu ne peut survivre. C’est de cette manière que s’explique l’impact de la situation
émotionnelle sur l’état de santé » qui encore aujourd’hui semble très esotérique, et encore exclue chez les animaux.

Dernier exemple, lors de saisies d’animaux laissés à l’abandon sans eau ni nourriture, ce qui est d’ailleurs de plus en plus fréquent. Des animaux de différentes espèces, enfermés dans des endroits clos depuis plusieurs semaines. Les carnivores n’ont pas attaqué les herbivores pour se nourrir!! Ce qui est très révélateur des liens qui peuvent se créer de leur importance et de leur intensité.

-importance physique des contacts sociaux

Les animaux vivant en extérieur, se servent du potentiel corporel collectif pour lutter contre les intempéries ou les caprices climatiques.
Un documentaire de 2015 sur la vie sociale des manchots empereurs, montrait comment, les manchots s’organisaient en cercle concentrique pour créer un maximum de protection, à
mesure que le cercle se resserre. Plaçant les plus vulnérables et les plus jeunes au centre de ce cercle lors des tempêtes de glace, et faisant des rondes régulières pour jouer les remparts à
tour de rôle.
Les chevaux chassent les mouches en se servant de la queue de leur voisin, et se serrent les uns contre les autres en cas de froid extrême ou durable. Ce phénomène a été remarqué chez les shetlands dans leur milieu naturel mais aussi chez les chevaux canadiens destinés à la viande, qui, parqués dans d’immenses enclos sans abris, se tiennent chaud les uns les autres pendant les tempêtes de neige ou de glace.

Welfarm

Welfarm

-importance émotionnelle des contacts sociaux

La solitude et l’isolement sont deux concepts distincts. La solitude étant le versant psychologique de l’isolement. L’isolement en soi est un fait. Mais la solitude ne dépend pas uniquement de ce fait. En clair, ce n’est pas la privation de contact au niveau quantitatif qui
est seul, à l’origine des troubles physiologique qui en découle. Mais la QUALITE des rapports sociaux. Un cheval qui n’est pas nécessairement isolé peut souffrir de solitude.
C’est par exemple le cas des paddocks adjacents dans lesquels les chevaux sont seuls. Ils voient leurs congénères, et peuvent parfois même se sentir de près par-dessus la clôture.
Néanmoins, ce contact ne satisfait pas nécessairement le respect des besoins fondamentaux en matière de sociabilisation. L’émotion qui s’installe est la tristesse, qui lèse le poumon en priorité.

La présence physique et la proximité des congénères, représente un support structurel ET émotionnel, qui permet, au niveau énergétique, de rétablir un équilibre en cas de choc. L’effet
direct est une réduction drastique et vitale, des conséquences physiologiques nuisibles développées à cause du stress chronique.
Prenons l’exemple du deuil au sein d’un troupeau. Le deuil (même s’il n’est absolument pas vécu de la même manière que chez les humains), est vécu par l’ensemble du troupeau. Les
affinités internes, peuvent conduire un individu à souffrir plus que les autres d’une perte. Le choc de cette perte va conduire ce même individu à bénéficier de l’équilibre énergétique du
groupe pour puiser dans leur réserve ce qui, à terme, va lui manquer.

mag des cavaliers voyageurs

Récemment, l’actualité faisait mention d’un couple de cygnes. La femelle est morte électrocutée sur une ligne à haute tension près d’une gare ferroviaire. Le mâle est resté des semaines au même endroit, sans voler, avant de finir par mourir à son tour. Les cygnes vivent en couple à vie c’est donc un exemple à part, mais les chevaux laissés très longtemps en couple finissent par développer des liens exclusifs avec leur congénère.
L’impact du réseau social en matière d’équilibre de l’état de santé est essentiel, primordial. L’aspect n’est pas uniquement psychologique. Les réponses physiologiques dans l’étude
vétérinaires, démontrent que l’isolement est vécu par le corps comme une agression. Une agression sévère qui plus est. Cette agression provoque des réponses fortes et actives des
mécanismes physiologiques impliqués dans la réponse au stress comme nous l’avons vu plus haut.
A terme on observe une prégnance des maladies cardio-vasculaire et pulmonaires. Une étude réalisée dans les années 50 sur les animaux du zoo de Philadelphie a pu démontrer
que l’isolement des oiseaux et des mammifères était associé à une augmentation (x10) d’arthrosclérose. L’athérosclérose en médecine chinoise se traduit par un effondrement du QI
qui amène des plaques lipidiques à se former dans les artères. L’oxygène n’est plus correctement acheminé par le sang occasionnant l’hypertension artérielle qui est la réponse du
corps pour éviter l’hypoxie

En incluant les animaux de manière trop invasive, dans nos modes de vie, nous leur avons non seulement enlevé la possibilité de répondre à leurs besoins, d’évoluer en synergie avec leur
milieu, mais nous leurs infligeons également des déséquilibres constants qui mènent à des états pathologiques. Aussi, d’un point de vue thérapeutique, le cheval, est devenu une sorte
d’hybride. Et nous en avons la preuve puisque les traités de médecine chinoise hippiatrique antique traitent uniquement des affections causées par des pathogènes
externes (climat, vieillesse…) ce qui était tout à fait censé. Aujourd’hui, la plupart des déséquilibres sont le résultat de l’immersion des chevaux dans un environnement contraire à tous leurs besoins vitaux en tant qu’espèce.

En l’absence de cette synergie avec l’environnement, on rentre dans un phénomène d’artificialisation qui n’obéit plus aux lois de la santé. Et, dans l’application médicale strict, on s’éloigne des fondamentaux pour rentrer dans une acception symptomatique.

Toutes ces énergies sont métabolisées par le cheval qui va s’en nourrir et desquelles vont découler son équilibre ainsi que la qualité de sa physiologie.
C’est pourquoi il nous est possible d’affirmer que la mission première du praticien MTC est d’observer, et de conseiller les propriétaires de chevaux sur ce qui est potentiellement manquant ou nuisible à la santé du cheval.
Les conditions de vie modernes du cheval, impliquent une multitude de facteurs potentiels de déséquilibres, qui se traduisent différemment selon le terrain initial de l’individu.
Le box, a été pris comme exemple dans la logique ou il concerne la majorité des chevaux.
En revanche, être dehors n’est pas suffisant non plus. Il est souvent avancé que la surface nécessaire pour un cheval est de 1 hectare. C’est faux !!!

1 hectare est une surface nécessaire à sa survie. Encore faut-il pallier à l’ennui d’un cheval fait pour parcourir une moyenne de 7 km par jour en troupeau, ou au manque de diversité de plantes qui dans la nature, sont à disposition du cheval pour soigner presque n’importe quelle affection.
Les plantes ont également la propriété de pousser de manière saisonnière et de correspondre aux besoins des organes qui sont à leur maximum énergétique à ce moment-là.
Ainsi, les plantes de printemps (pissenlit, artichaut, chardon…) drainent et aident le foie et la sphère hépatique. L’écorce de saule, l’eucalyptus… sont des plantes qui aident la sphère
respiratoire etc etc etc…

L’ALIMENTATION

(Nous avons déjà fait un article détaillé sur l’alimentation, il est toujours disponible sur le blog)

OXYGENE

La qualité de l’air ne concerne pas que l’oxygène. Le cheval « respire son environnement » littéralement. Au contraire, dans un environnement inconfortable, stressant, la qualité de la respiration sera altérée.

Les chevaux, qu’ils soient en ville ou en campagne, baignent dans un air qui est devenu un mélange extrêmement complexe de particules polluantes à concentration variable. Ces polluants sont constitués de molécules de synthèses, à l’état brut, transformées ou brûlées, sous forme de gaz ou de particules de matières ayant été catégorisées selon leur taille allant de la nano-particule au grain de poussière visible par l’œil humain.

La qualité de l’air est devenue une préoccupation sanitaire majeure, les animaux n’échappent pas à ce constat Les polluants rejetés dans l’air, l’eau le sol ou la terre, sont inéluctablement respirés plus ou moins directement.

Les chevaux sont d’autant plus concernés qu’ils vivent sur des litières poussiéreuses dont les constituants dépendent de la qualité des matières premières et même de l’environnement de la production des matières premières.

C’est pourquoi, en intervenant sur des pathologies ou des déséquilibres d’ordre respiratoire, il est primordial d’intégrer à l’examen, une étude de l’environnement direct.

  • –  Localisation géographique (ville/campagne, sud/Nord/Est/ouest)
  • –  Proximité d’un épandage chimique, d’une usine, d’une autoroute, ou de toute activité humaine particulièrement polluante).

Carte de la qualité de l’air en Europe

wikipedia

De récentes recherches (nouvelle Angleterre 2015), on a constaté́ les bénéfices de l’oxygène pur, en apport massif, qui augmentait la capacité́ des cellules immunitaires.
A l’inverse, la pollution de l’air a pour conséquence la raréfaction de l’oxygène dans l’air, pouvant mener dans des cas extrêmes à l’hypoxie.

Sur le plan fonctionnel, un pic de pollution provoque une diminution de la quantité d’oxygène disponible pour les alvéoles pulmonaires En conséquence de quoi, il y a une baisse de la saturation du sang en oxygène, ce qui affecte la production de YEUNG QI (énergie de l’air en médecine chinoise, qui est assimilée par le poumon, et réceptionnée par le rein.).

Parallèlement, si la respiration n’est pas correcte (c’est le cas chez de plus en plus d’animaux), l’air vicié ne sera pas suffisamment expulsé.

Des études ont été menées par Sefi Roth en 2018, mettant en corrélation à la fois des difficultés de concentration ainsi que des épisodes de délinquance et de criminalité avec les pics de pollutions chez les humains.
En Inde et notamment à Delhi le fait d’une concentration exponentielle des particules polluantes dans l’air est corrélée à des comportements de plus en plus violents des populations de singes qui vivent en ville.
La faiblesse du poumon conduit à un défaut de sa fonction de descente et d’irrigation des autres tissus (dont les organes). Parallèlement à cela, les polluants saturent le foie et les reins.

L’ensemble des pathologies respiratoires chez les chevaux, est réuni sous une seule et même bannière : EMPHYSEME ou « maladie obstructive des voies respiratoires profondes ». L’insuffisance respiratoire est un état pathologique incluant des défaillances dans le processus d’hémostase (apport de l’oxygène dans le sang, et expiration du CO2).

Le tissu pulmonaire perd de son élasticité à force et la respiration utilise l’appareil musculaire dans son entier pour pouvoir expirer, l’état s’empire à mesure de la détérioration des tissus.

Le poumon fournit l’apport nécessaire en oxygène à toutes les cellules de tous les tissus selon la sollicitation (notamment musculaire). L’élimination du CO2, l’équilibre acido-basique (régulation des déchets), sont assurés par le poumon.
Les poumons produisent également un peptide responsable de la sécrétion des cortico surrénales

Par ailleurs, l’appareil cardiaque est directement dépendant de la qualité respiratoire selon l’effort (retour veineux, retour lymphatique (par le biais du pharynx et la muqueuse des voies respiratoires qui contiennent du tissus lymphatique, fréquence cardiaque etc…)

L’aspect structurel doit être examiné avec énormément d’attention, les articulations, l’homogénéité musculaire et la fluidité de circulation conditionne une respiration abdominale correct.

Le manque d’amplitude respiratoire, entraine une respiration thoracique, et le diaphragme ne se tend ni se détend suffisamment. L’inspiration, lorsqu’elle est insuffisante, provoque un déséquilibre du système neurovégétatif. L’inspiration et l’expiration, stimulant respectivement les systèmes sympathiques et parasympathiques. Or, lors d’un respiration dite « haute », le parasympatique n’est pas assez stimulé.

Le retour à une respiration diaphragmatique permet le retour à l’état de santé chez un cheval stressé.

Il est possible de réapprendre au cheval à respirer. Par exemple, on peut travailler l’amplitude du pas allongé. Ce mouvement permet de « déplier » le cheval grâce aux extensions d’antérieur qui vont forcer le cheval à gagner en profondeur sur sa respiration. Cet exercice, pratiqué régulièrement à montrer des changements significatifs au niveau de la qualité de respiration.

D’après le souwen, l’un des livres de référence de la médecine chinoise : « si la maladie est aigue, traiter les brindilles d’abord, la racine ensuite, si la maladie est chronique, traiter la racine, les brindilles disparaitront d’elles même. «

LUMIERE

La lumière intervient dans l’ensemble des processus métaboliques. L’équilibre de ces processus et régi par l’horloge circadienne qui en règle le fonctionnement. La luminosité diffère selon les heures, les saisons ainsi que les climats (au niveau de son intensité).
La lumière est perçue dans la rétine grâce à des photorécepteurs. Des cellules ganglionnaires rétiniennes intrinsèquement photosensibles entre autres. La liaison est aussi assurée jusqu’au cerveau par d’autres axomes reliés au système dopaminergique. Ils sont responsables de la perception de la lumière par l’horloge hypothalamique, qui règle consécutivement les cycles circadiens.

Les chevaux sont particulièrement dépendants de cette horloge. C’est lorsque le temps de lumière baisse, que le cheval commence à développer son poil d’hivers, et non en fonction de la température. Chaque heure de la journée offre des vertus différentes en terme de luminosité. L’aube et le crépuscule correspondent notamment à l’éveil du corps et de l’esprit et à sa mise en repos.

Lorsque le cheval est hébergé en box, la lumière artificielle (surtout l’hivers) couplée à l’absence d’exposition à la lumière naturelle, modifie l’horloge circadienne et les grandes fonctions métaboliques en perturbant la circulation du QI.
Le QI circule sur un cycle de 24h (2x 12h). Lorsqu’il circule dans le méridien correspondant, le méridien opposé est alors à son niveau le plus faible. Cet équilibre assure le bon déroulement des processus vitaux. Les activités modernes viennent très souvent perturber ce cycle.

Recherche : perturbation horloge circadienne : intérêt de l’utilisation de la chromothérapie pour les désordres neuro-endocriniens.

J’ai pu observer l’intérêt de l’exposition des chevaux à différentes sources d’ondes lumineuses sur différentes pathologies (sur mes chevaux exclusivement).

“Le rayonnement émis est mono ou poly chromatique et est caractérisé par une longueur d’onde, une fluence (J/cm2), une puissance (P) (Watt par cm2)”
Les photons, stimulent:

* la cytochrome C-oxydase dans la mitochondrie (c’est un processus qui assure l’oxygénation de la cellule et la mise en réserve de l’énergie de la cellule

*  la formation de nouveaux vaisseaux capillaires à partir de capillaires préexistants pour favoriser la cicatrisation (appelée  aussi angiogenèse)
* La synthèse et  la libération d’ endorphines
* la neuro transmission de la sérotonine, acétylcholine…
Chaque longueur d’onde a sa cible :
Pour le bleu : 460 nm / agit sur l’épiderme et jonction dermo-epidermique
Jaune : 595 nm/action sur le système lymphatique et endothélial en ciblant l’oxyhémoglobine

Rouge : 645 nm/lumière la plus utilisée car stimulation de collagène et d’élastine
IR (infra rouge)  : 800 nm/très importante pénétration dans les tissus donc meilleure absorption par le cytochrome C oxydase

En Médecine Chinoise, il est très important de connaitre « l’emplois du temps » du cheval, notamment chez les chevaux de sport, en cas de trouble physiologique.
D’éventuelles correspondances avec les informations biologiques données par l’horloge circadienne/ circanienne peuvent éclairer le diagnostic lors de l’examen clinique.

La glande thyroïde réagit à toutes sortes de stimuli notamment lumineux et sonores. Un cheval par nature, est un être fait pour le calme environnant et la lumière naturelle. Tous les bruits d’une écurie, les horaires de lumière, influent sur la sphère thyroïdienne qui peut réagir de deux manières. Sur le long terme, L’hypo ou l’hyperthyroïdie (hors faiblesse constitutionnelle, pourra devenir une conséquence de la sur-stimulation thyroïdienne)

Les rythmes saisonniers permettent aussi d’éviter de mauvais réflexes dans les nombreux cas d’automédications naturelles dites « inoffensives » (drainage hivernal qui empêche la constitution de l’énergie yin de soutien du foie dont il aura besoin au printemps par exemple).

On observe ce genre de récurrence symptomatique dans les deux écuries étudiées :
Les chevaux prennent l’avion tous les week-end, subissent la lumière artificielle quotidiennement jusque 22h. On remarque chez ces chevaux des dérèglements circadiens spécifiques auxquels on a pu attribuer certains symptômes.

L’exposition à la lumière ou à l’obscurité permet à nos yeux de transmettre un signal vers notre cerveau pour activer la sécrétion de diverses hormones essentielles au fonctionnement sain de l’organisme.
La lumière joue un rôle clé dans la régulation de l’humeur. C’est pour cette raison que la période hivernale est souvent plus propice aux humeurs maussades, y compris chez les chevaux.

L’exposition à la lumière de manière quotidienne sur 3 semaines consécutives, et l’amélioration de symptômes, nous a permis de mettre en évidence ce dérèglement.

INTEGRITE PHYSIQUE

L’intégrité physique est ici comptabilisée en tant que besoin fondamental même si, allant de soi. Chez le cheval de travail, club sport spectacle…, la contrainte, voire la punition corporelle est utilisée largement et surtout quotidiennement. Cravache, éperons, éperons électriques, mors, bride, enrênements….

totillas tsb /swissrollkur

Lorsque cet environnement se prolonge dans le temps, le cheval n’a pas d’issu. Il ne peut pas modifier son comportement. C’est le début de la résignation acquise. Expérience nommée (learned helplessness de martin Seligman en 1975 cf)

Il n’y a plus de réaction, et les symptômes de lésion du SHEN apparaissent : Le SHEN en médecine chinoise correspond à la conscience, à l’esprit. Par exemple, lorsque le SHEN n’est plus suffismment soutenu par les activitées organiques suite à une hémorragie massive, on “perd connaissance”. En médecine chinoise, on parle du “SHEN qui s’échappe…”

Lorsqu’on arrive proche du “burn-out” equin, les sympômes suivants apparaissent:

  • –  Apathie/agitation en alternance
  • –  Troubles digestifs (ulcères, coliques (47% d’entrappement parmi les coliques chez les

chevaux de courses entre 2 et 4 ans (20 individus étudiés))

  • –  Neurasthénie alternée avec des comportement dangereux, irrationnels, mouvements brusques
  • –  Spasmophilie
  • –  -épistaxis
  • –  Gonflement oculaire avec chaleur
  • –  Transpiration spontanée
  • –  Crins parsemés
  • –  Poils ternes
  • –  Enflures au niveau sous orbiculaire avec gonflements veineux
  • –  Crises d’ataxie passagères (diagnostiquées comme telles et « issues de maladies neurodégénératives congénitales »)
  • –  Enduit lingual sec
  • –  Sujets aux attaques climatiques

(Chevaux couverts toute l’année)

  • –  Déchaussement dentaire

Li Dongyuan dit à ce sujet : « à cause de travail physique excessif le feu yin entre les reins va s’agiter ». On peut voir que l’excès de travail physique va épuiser le yin rénal et yuan qi qui ne maitrisera plus le « feu ministre ». L’excès de travail épuise les reins et « agite le feu de mingmen »

Si on veut rendre cette phrase compréhensible pour nous autres occidentaux, on dira que l’épuisement est tel, que les matières s’évaporent. Les liquides organiques sont épuisés, les organes ne peuvent plus travailler à la transformation des matières, et les matières sont insuffisantes pour soutenir l’acitivité fonctionnelle des organes. Les réserves énergétiques, qui sont situées dans le rein, s’épuisent également. Il n’ ya plus de régulation, l’inflammation se généralise sur un terrain vide ce qui se traduit par des symptômes brutaux, aigus et douloureux.

Le vieillissement et la mort de ces chevaux- là est très précoce.

ACTIVITE SEXUELLE LIBRE ET CONSENTIE

Dans la nature, les chevaux choisissent leur(s) partenaire(s) sexuels. Les juments ne sont ni enfermées, ni entravées, et on ne leur agraffe pas non plus la vulve pour être surs qu’elles “prennent”.

EQUIDNA

chevalannonce

Les pratiques eugénistes pour obtenir “le produit parfait” ont engendré un marché financier colossal qui implique que des milliers de juments soient transformées en usines à poulain. Notre refuge à récemment recueillie une jument ayant donné naissance à 21 poulains au cours de sa vie après avoir été réformée des courses.

J’ ai pourtant eu l’occasion de voir des chevaux, cassés, traumatisés, sans vie bien qu’encore debout avec leurs centaines de kilos bien trempés sur leurs os. Mais cette jument ci est l’illustration jusqu’à la caricature des “poulinières”.  Aujourd’hui, il est tout à fait banal de faire naitre, par n’importe quel moyen, comme un caprice d’enfant pour avoir un poulain de tel père, de tel mère pour NOTRE intérêt ou satisfaction. C’est pourquoi il est important de rappeler, que malgré la castration systématique ou presque des chevaux, l’activité sexuelle d’un individu doit rester LIBRE et CONSENTIE et qu’il s’agit là d’un besoin fondamental.

CONCLUSION:

Le troupeau observé durant cette étude, évolue sur 25 hectares très diversifiés en termes de flore. Aucun complément n’est nécessaire, ni aucune régulation de la présence vermineuse.
Le circuit des chevaux n’est pas le même suivant les saisons et ils s’organisent de manière tout à fait autonome. Dans ces conditions, il devient presque impossible d’enlever un membre
du troupeau pour des activités solitaires, sans causer un mouvement de panique. C’est l’inconvénient…
Tous les propriétaires même désireux de satisfaire au mieux les besoins fondamentaux des chevaux, n’ont pas la possibilité d’offrir de telles conditions.
Quand bien même ils le pourraient, le nombre d’équidé est trop important pour espérer que chacun puisse vivre de cette manière.
Au-delà de cet aspect « technique » le retour à la vie en troupeau met le propriétaire en face de ses attentes vis-à-vis du cheval. « pourquoi ai-je un cheval » ?

Si la question parait philosophique, elle ne l’est pas tant que cela. Les ambitions que nous avons pour les chevaux, ne tiennent aucun compte de leurs aptitudes ou de leurs motivations
propres. Et ce constat est valable pour tous les animaux domestiques.

Certains chevaux aiment sauter des obstacles, d’autres aiment s’appliquer dans un exercice de plat… Et le travail, pour peu qu’il soit perçu comme un jeu par le cheval, ou la balade pourront être source, non seulement de satisfaction mais aussi et surtout de bonne santé ! En revanche, l’objetisation de l’animal pour répondre à nos désirs, est source de déséquilibre à tout point de vue, et ouvre la voie à des pathologies de tous ordres qui seront dans la majorité des cas, non, ou mal diagnostiquées et très mal pris en charge lorsqu’elles le sont.

Un cheval dans un petit bout de pré sans stimuli, sera tout aussi malheureux qu’un cheval enfermé qui ne peut pas exprimer les potentialités de son espèce. Il aura de grande chance de développer une pathologie pulmonaire chronique comme l’asthme.

 

illustration “passionnément cheval”
Il y a donc un juste équilibre à trouver entre le respect des besoins fondamentaux, et nos attentes en tant, non pas que cavalier, mais en tant qu’humain dans la relation humain/animal « domestique ».
Une écurie n’est pas mauvaise en soi pour la santé du cheval.

Mais comme nous l’avons vu plus haut, l’organisation des structures d’hébergement doit être revue. La médecine chinoise admet que 70% des pathologies dites « physiques » ont une origine
émotionnelle. Les animaux ne font pas exception à ce constat.
Des changements même minimes, pourraient permettre de supprimer un nombre incalculable d’atteintes physiologiques potentielles et à terme, certaines pathologies.
C’est précisément le devoir premier du praticien en médecine chinoise, que de connaitre les caractéristiques de l’espèce dont il s’occupe. Ce faisant, l’identification des besoins
fondamentaux, et l’effort de pédagogie mis en place avec les propriétaires, (sans avoir encore
touché le cheval !!!) donnent lieu à d’incroyables transformations. Transformations qui, au demeurant ne s’applique pas qu’au cheval mais permet au propriétaire de repenser sa relation
avec lui, voir… avec lui-même.

Bien sûr, il ne faut pas oublier que le cheval est aussi et surtout, un outil financier. Dans cette logique, on ne peut s’attendre à initier des changements aussi profonds. Malgré tout, sur nos
conseils, des écuries professionnelles du plus haut niveau (en CSO) ont opéré des changements qui ont permis d’améliorer de manière significative, l’état de santé des chevaux, et d’améliorer les performances :
– passage des chevaux pieds nus (méthode PEL)
– Foin à volonté toute la journée
– Pas de litière sur copaux
– Sorties en liberté quotidienne en groupe
– Moins de travail physique

-périodes de vacances
– Ouvertures supplémentaires dans les box pour que les chevaux puissent se toucher et voir l’extérieur, ou mieux, remplacement des boxes par des stabules ouvertes.

Dans une acception plus globale, il est compliqué d’intervenir dans des lieux « usines » ou les chevaux sont de simples outils, remplacés lorsqu’ils sont usés. Dans toutes les disciplines, la logique est la même. Faire naitre des dizaines et des dizaines de poulains, pour en avoir 1, qui n’est pas nécessairement meilleur que les autres, mais dont la résistance physique lui a permis de supporter la succession d’actes délétères qui lui sont infligés.

(Enfermement en box, ferrure, travail dans la douleur (douleur occasionnée par la ferrure et qui se répercute dans l’appareil locomoteur, par le mors les muserolles et autres enrênements…)

Pour terminer, je raconterais une petite anecdote lors du tournage d’un documentaire. J’ai pu interviewer Kent Farrington lors d’un CSI. Il y avait plusieurs cavaliers mondiaux et un parterre de journalistes. Les questions allaient de: “vous avez fait 2 seconde de moins sur ce barrage est ce que la jument a appris de ses erreurs depuis aix la chappelle?” à “comment vous sentez vous à l’approche des jeux“. Ma question à moi était simple:

le prix de ce jumping est une récompense d’1 millions de francs suisses et d’un 4×4, quel est le prix pour le cheval qui a sauté?”

Tous les cavaliers se sont montrés méprisants, très agacés par cette question. Deux seulement ont accepté de me répondre. L’un deux, un Français, m’a dit: “elle est stupide votre question, le cheval  bah il gagne un box ou dormir la nuit et à manger ! pffff”   Kent Farrington lui, a sourit, en me répondant très gentiment: ” ma jument a gagné 5 très gros concours depuis le début de l’année, c’est suffisant. En rentrant, elle sera déferrée et partira en Floride pour rejoindre son troupeau pendant 6 mois“. Et nous avons ensuite parlé longuement de la gestion de son écurie de CSO.

Kent Farrington US equestrian

8 Comments on “LES BESOINS FONDAMENTAUX

  1. Oh combien merci,Myllie, pour cet article qui devrait nous amener tous à reconsidérer notre rapport au cheval.Continuez à nous interpeller, il finira par en sortir quelque chose.

  2. Merci Myllie Super article très intéressant. Tout n’est pas parfait mais on fait de son mieux pour leur offrir le minimum qui dépend de nous : espace mouvement copains foin balade, jeux et petit travail.Et quand notre compagnon atteint l’âge de 29 ans en bonne santé on est content de lui avoir donné cette vie là. Et son plaisir à nous rejoindre en hennissant en laissant les copains copines est le plus beau cadeau qu’il puisse nous faire ! 😀

    • Bonsoir, merci pour votre retour. Le but de cet article est surtout de tirer une sonnette d’alarme chez les éleveurs, on voit bien que les particuliers qui prennent soin de leurs chevaux font le maximum, un cheval sur deux est un reformé de courses tout cassé… le problème est plus haut mais nous pouvons tous, à notre niveau, être conscients et ne pas hésiter à prendre position chaque fois qu’on le peut, grâce à nos connaissances et à notre envie de changer les choses. 🙂

  3. Réflexion intéressante, j’apporterai cependant une précision.

    Les animaux dits grégaires sont des animaux qui vont vivre en groupe, mais sans lien d’affinité (je simplifie). On retrouve par exemple les blattes ou les bancs de poissons.

    Les animaux sociaux sont dont des animaux qui vont vivre en groupe, avec des liens d’affinité (entre autres). On retrouve par exemple les chevaux dans cette catégorie.

    Les chevaux sont donc des animaux sociaux qui peuvent cependant avoir des comportements grégaires 🙂

    • Merci de votre remarque. Voici la définition générale de grégaire:
      Définitions proposées par : Dictionnaires Le Robert ·
      grégaire
      adjectif

      1.
      Qui vit par troupeaux.

      Les chevaux vivent effectivement en troupeau on peut donc dire qu’ ils sont de nature grégaire ce n’est pas faux puisqu’ils vivent en troupeau cela correspond à la définition. Et l’article s’attache justement à prouver l’existence de ces liens sociaux dans les besoins fondamentaux.

  4. Bonjour,

    Merci pour cet article très complet.

    Cependant, je pense qu’il y a une grosse erreur, sur cette affirmation : “…un cheval fait pour parcourir une moyenne de 70 km par jour en troupeau”.

    Les études que j’ai pu parcourir ainsi que les articles d’Hélène Roche, font état d’un chiffre 10 fois inférieur.

    Quelle est votre source ?

    Merci,

    Corinne

    • Bonsoir, alors un immense merci pour votre commentaire, qui révèle une très vilaine faute de frappe que je viens de corriger… Je n’avais pas vu à la relecture (faut que j’arrête d’écrire le soir)!!! Cela dit… Sur animauxfaq on parle de 30 km, sur le site de royal horse, un article sur l’éthologie parle de 20 km/jour, et un documentaire sur les mustangs du début des années 2000 faisait mention de 5O km/j . Mais je ne me souviens plus de ses références donc je le cite comme ca en réponse mais je ne m’en sers pas de source.
      En fait, quand on parle de “cheval sauvage” ca veut tout et rien dire. Des tarpans aux mustangs, de l’été à l’hivers, de l’abondance à la rareté de nourriture, ce chiffre varie du tout au tout, ca c’est une certitude. La science occidentale aime parcelliser et chiffrer une découverte faite “à la loupe”, et la généraliser et la transmettre pendant 1000 ans… Ce qui provoque des débats stériles. Paul Lunding, prix nobel de chimie disait (je crois que je l’ai déjà cité dans l’un de mes articles mais tant pis): la science n’est qu’une mise à jour des erreurs.
      Oui, il y a effectivement des schémas comportementaux et des caractéristiques propres aux espèces mais il n’y a aussi que des exceptions à bien y regarder. je regardais un documentaire d’ARTE récemment ou une lionne protégeait un bébé gnou des membres de sa propre meute ce qui prouve bien l’existence de l’individualité des caractères chez les animaux. Bref tout ca pour dire que même si j’ai cité une moyenne chiffrée d’après les sources “officielles”, je pense réellement qu’on est plus proche des 20 km/jour d’après mes propres constatations sur mon propre troupeau. Encore merci Corinne, d’avoir relevé mon erreur!!

Répondre à mylliepoppins7725Annuler la réponse.

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