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LES COLIQUES

CET ARTICLE NE SE SUBSTITUE PAS A L’AVIS D’UN VÉTÉRINAIRE DIPLÔMÉ.

En préambule de cet article délicat, précisons que si votre cheval est en colique et que donc, il y a urgence, appelez immédiatement un vétérinaire.Cela étant dit, nous avons toutes et tous connus de grands moments, lorsque, à 23h, un dimanche, (de préférence le 24 décembre ou le 14 juillet), votre cheval est en souffrance et aucun vétérinaire à l’horizon.

Cet article a donc pour but d’apporter un minimum de solutions pour gérer au mieux ces situations, mais également d’esquisser l’idée d’une formation aux gestes d’urgence, des propriétaires, par les vétérinaires. Ce qui est déjà plus ou moins le cas dans le milieu de l’élevage. Les vétérinaires équins sont plus rares et les zones blanches se multiplient.

Les coliques sont la première cause de mortalité chez les chevaux. Dans la grande majorité des cas, la rapidité d’intervention est décisive quant à l’issue positive du pronostic vital.

Trop de chevaux meurent, devant des propriétaires paniqués et impuissants lorsque aucun vétérinaire n’est disponible en temps voulu.

ORIGINES ET ÉTIOPATHOLOGIE DES COLIQUES :

Les conditions de vie inadaptées en sont généralement la cause. Alimentation, absence de mouvement (box), effort physique trop intense, stress, surpopulation vermineuse due à la dysbiose intestinale, troubles uro-génitaux, caillots, vides énergétiques…

Il existe également d’autres sources pathogènes :

Les climats :

–    Chute brutale des températures

  • Eau de boisson trop froide (très fréquent lorsque le début du printemps affiche une température agréable en journée mais que les nuits continuent à être très froides. L’amplitude est alors très élevée et l’eau glacée devient un élément déclencheur de coliques de stases).
  • Sur- exposition au froid et à l’humidité ou à la chaleur et à la sècheresse,
  • Un empoisonnement (plante toxique, ou cheval qui s’est échappé et s’est nourris de semences (blé enrobé par exemple),

Une faiblesse constitutionnelle ou un blocage mécanique :

–   hernie inguinale

– Foramen épiploïque (l’intestin se glisse et se coince dans une cavité abdominale)

Iléus paralytique (L’intestin est paralysé, il n’y a plus de péristaltisme , les matières sont bloquées et la prolifération bactérienne fini par libérer des endotoxines pouvant entraîner un début de nécrose intestinale.

entrappement :   il s’agit d’un déplacement dorsal d’anses intestinales qui viennent se localiser entre le rein et la rate sur le ligament néphrosplénique. Les anses concernées sont en général les portions ventrale et dorsale gauche du côlon ascendant

–    prolapsus

–    Bouchon de foin, de paille, de copeaux, de granulés

–   Un ulcère, une occlusion

Elles peuvent également être consécutives à une autre douleur. Bien que les « juments ovariennes » n’existent pas (ce terme ne voulant strictement rien dire), les douleurs liées aux cycles des juments sont une réalité et peuvent parfois être très intenses et déclencher une colique.

Une infection urinaire, une myosite peuvent également perturber le tractus digestif… .

Il faut dans un premier temps garder à l’esprit des notions anatomiques et physiologiques du processus de digestion.

source : alter equus

 

L’estomac du cheval est petit, il ne peut contenir en conséquence qu’une petite quantité d’aliments (mais il doit en revanche être toujours plein).

Si le tractus digestif se trouve ralenti, les aliments stagnent dans l’estomac ou dans l’intestin et ne s’évacuent pas correctement. D’où les coliques dites « de stases ».

Les muscles lisses de la sphère digestive se contractent pour acheminer les matières vers le rectum. Si les matières s’accumulent dans l’intestin, elles stagnent, ce qui entraîne une déshydratation intestinale et un début d’inflammation.

Débute alors une activité spasmodique visant à évacuer la matière ce qui d’une part est extrêmement douloureux pour le cheval, mais qui entraîne également un épuisement des liquides présents dans l’intestin.

Il ne reste plus alors que la matière solide, et le phénomène de bouchon s’aggrave.

Concernant les coliques de stases, il est possible d’en discerner les premiers signes de déséquilibre (avant que la colique ne se produise) :

-L’enduit lingual est sec

-Le ventre est distendu et sensible à la palpation

-défécation absente ou fortement diminuée en termes de fréquence. (On peut, délicatement, avec un gant chirurgical, inspecter le rectum pour voir s’il n’y a pas des résidus de crottins secs. Attention : Ne surtout aller plus loin que la longueur d’un doigt lors de cette vérification.

-Les urines sont courtes et foncées

Si ces signaux apparaissent, il faut s’assurer qu’il n’y ait pas de problème avec l’eau de boisson du cheval et qu’il s’hydrate normalement. On peut aussi avoir recours à l’eau de coco qui est un liquide avec un très fort pouvoir hydratant et lubrifiant, ou à l’administration d’une boisson électrolytique (à défaut de pouvoir poser une perfusion en prévention). On peut aussi passer du gel d’aloe verra mélangé à de l’huile végétale à la seringue dans la bouche ce qui permet de lubrifier le tube digestif pour en protéger les muqueuses. Il faut stopper l’apport d’aliments concentrés et mouiller le foin.

Coliques gazeuses

Lorsque l’herbe de printemps pointe le bout de son nez, la fermentation parfois excessive des plantes produisent des gaz qui ont parfois du mal à s’évacuer, et peuvent dilater les parois intestinales en causant une forte douleur. Ce sont des coliques dites « gazeuses »

Lorsque des gaz s’accumulent dans l’intestin, la circulation en est d’autant plus altérée, dont la circulation sanguine ce qui augmente la pression sur les parois vasculaires qui s’étirent.

De ce fait, l’intestin commence à se mouvoir et occupe les cavités abdominales (Foramen épiploïque).

Une partie de l’intestin n’est pas rattachée au corps (partie gauche de l’intestin) ce qui accroit la possibilité de déplacements inopinés et donc de torsions. Toute modification de la motricité de l’intestin provoque des troubles. On parle d’iléus quand les contractions de l’intestin disparaissent totalement.

Dans le cas d’une colique gazeuse, qui se remarque tout de suite par un ventre extrêmement gonflé et un abdomen très rigide, il faut rapidement amener du charbon actif (disponible en seringues toutes prêtes en concentré). Le charbon à la propriété d’éliminer les gaz (entre bien d’autres choses). En principe, un antispasmodique et l’apport de charbon actif sont suffisant. D’ailleurs, il est possible de faire une cure de charbon actif en amont, à l’apparition de l’herbe de printemps, afin de prévenir les coliques gazeuses justement.

On peut également passer du vinaigre des 4 voleurs dilué (dans de l’eau) (20CC de vinaigre pour 40 cc d’eau claire) pour tonifier le transit et dissoudre les matières (pas avant d’avoir soulager la douleur, cela doit toujours être la priorité).Il est possible d’en administrer en amont sur deux ou trois jours lors des premiers signaux de constipation par exemple. Attention en revanche à ne pas l’utiliser sur un terrain ulcéreux.

La médecine occidentale parcellise chaque cas de colique selon la localisation et la nature du blocage. Ces distinctions sont évidemment vitales lorsque l’on aborde l’approche chirurgicale et qu’il est question de réparer une occlusion ou une torsion.

En médecine chinoise, nous verrons que l’approche est différente.

Décryptons d’abord les coliques d’un point de vue anatomo-physiologique :

D’un point de vue strictement mécanique, la digestion d’un cheval implique l’œsophage, l’estomac, l’intestin grêle et le gros intestin. (cf schéma)

L’ESTOMAC /DUODÉNUM:

L’estomac est un petit contenant permettant de conserver le bol alimentaire le temps de sa dégradation. Une lésion de l’épithélium (la paroi de l’estomac), ou « ulcère » cause une douleur qui peut entraîner un épisode de colique. Hormis cette cause, c’est la quantité ou la nature de l’aliment qui va poser problème. Par exemple, une douleur dentaire peut être la cause d’un défaut masticatoire et le foin peut arriver dans l’estomac sous une forme trop grossière pour descendre sans encombre.

INTESTIN GRELE :

A l’extrémité de l’intestin grêle (qui est formé par l’anse duodénale, le jéjunum et l’iléon), se trouve l’iléon. C’est le passage vers le gros intestin.  Pour résumer, et puisque nous avons déjà abordé le sujet dans un précédent article), c’est l’intestin grêle qui dégrade les matières complexes (glucides, lipides, protéines), dont, les amidons.

L’activité enzymatique nécessaire à la dégradation des amidons (enzyme nommée amylase) est relativement faible chez le cheval. Or, Les glucides dits « non structurels », dont l’amidon fait partie, sont omniprésents dans les aliments concentrés.

En conséquence, avec un apport en matière concentrée (granulés) ou en céréales, les particules qui n’ont pas pu être dégradées se déposent puis se coincent dans l’intestin grêle, à son extrémité et finissent par former un bouchon. Ces coliques ci sont nettement plus dangereuses puisque le bouchon qui se forme est similaire à une colle forte et lorsque l’obstruction est complète, il n’y a qu’une chirurgie abdominale d’urgence qui peut sauver le cheval.

Évidemment, ces coliques- là sont les plus fréquentes chez les chevaux d’écuries qui vivent en box et qui sont nourris aux granulés.

GROS INTESTIN :

Encore une fois, le système digestif d’un cheval comprend des mètres d’intestins enchevêtrés à coté d’autres organes, c’est ce qui rend les désordres digestifs si dangereux chez le cheval. Pour le reste, le gros intestin doit être :

-correctement lubrifié

-correctement hydraté

-être en symbiose du point de vue du microbiote

-Avoir un apport énergétique suffisant pour être maintenu dans sa forme

Médecine chinoise :

La médecine chinoise envisage la santé, dont la digestion, selon trois principes  :

  • La qualité et la quantité de QI (d’énergie) : la qualité des fonctions organiques, de transport des matières, sont les paramètres sine qua none d’une digestion et d’une santé correcte, tous conditionnés par un apport énergétique correct.
  • La présence suffisante de matière. Lorsque on parle de matière on fait référence ici aux liquides organiques et autres substances vitales.
  • La libre circulation des matières et de l’énergie. C’est deux paramètres conditionnent l’acheminement de nutriments et l’irrigation des organes et aux tissus, qui, à leur tour, peuvent correctement assurer leurs fonctions permettant de produire l’énergie et la matière.

Cet équilibre, dont tous les éléments qui le composent sont interdépendants, ne doit pas être rompu. Si c’est le cas, le tableau clinique se dégrade.

Et envisage la pathologie selon plusieurs outils dont le diagnostic différentiel:

(cf formation MTC)

-Vide/plénitude -Chaleur/froid -Yin/yang – Surface/profondeur

Pour la digestion, un proverbe chinois nous dit « si le fleuve est asséché, le bateau ne peut naviguer ». Une illustration sémantique pour parler d’un phénomène physiologique qui veut qu’il y ait suffisamment de liquide et de lubrification pour pouvoir évacuer les excrétions.

La quantité et la qualité du QI dépendent de la fonctionnalité des organes (de leur forme et de leur fonction). Il faut donc veiller régulièrement à la bonne santé de ces fonctions par des soins énergétiques, un respect des besoins fondamentaux (on y revient encore et toujours) et une vigilance particulière quant aux paramètres externes comme les climats par exemple, ou les relations sociales sources de stress.Il n’est bien-sur pas question de parler de qualité du QI chez les chevaux ferrés.

Pour circuler correctement, le QI et les matières ne doivent pas être « empêchées ». Qu’entend-t-on par-là ? Par exemple, Si un cheval est trop exposé au froid, les tissus se contractent, les spasmes apparaissent. La circulation est ralentie du fait de la contraction de ces tissus.

Cette circulation altérée va produire une chaleur interne du fait de la stagnation des liquides, et produire une nouure, (et, à terme, un processus inflammatoire).

Les liquides vont se raréfier au profit des glaires, le métabolisme sera ralenti et la chaleur va se propager. Nous voici alors avec un terrain des plus propices à un épisode de colique.

Sur un terrain fragilisé avec une faible constitution, on peut rapidement arriver à une torsion au niveau du grêle, du gros intestin, plus rarement de l’estomac. L’eau très froide, le surmenage et le vide énergétique sont les trois facteurs principaux des complications mécaniques comme les hernies ou les torsions.

La raison en est simple, les organes sont maintenus en place par l’énergie et les liquides.  Lorsque l’un ou l’autre fait défaut, les organes perdent leurs fonctions mais également leur forme. Si l’on rajoute à cela une activité spasmodique trop intense, le risque de torsion est élevé.

(Ce n’est qu’un exemple parmi d’autres. Un cheval déshydraté par la chaleur, un cheval stressé… )

La cause importe peu dans la stratégie thérapeutique même si bien sûr il est vital d’identifier le facteur pathogène. En médecine chinoise la stratégie thérapeutique consiste à :

  • Stopper la douleur
  • Rétablir le QI et la circulation
  • Produire de la matière

En tout premier lieu, il faut stopper la douleur coûte que coûte.

J’ai souvent entendu dire « oui mais si on passe un antalgique on ne saura pas d’où ça vient »…

NON ! La douleur est un signal d’alerte (cf article sur la douleur). Elle n’a pas vocation à s’installer et devient rapidement un pathogène redoutable. La douleur provoque la douleur. Si elle n’est pas prise le plus vite possible, il devient très compliqué de la  gérer, c’est une question de minutes. La douleur provoque l’inflammation, entraîne la panique, aggrave l’activité spasmodique.

Elle n’est efficacement soulagée que par un antalgique par voie intra musculaire ou par voie intra veineuse. L’acupuncture peut également agir sur la douleur mais vous ne trouverez certainement pas un praticien capable de gérer ces techniques.

L’injection d’un antalgique dans les 20 premières minutes d’une colique (au moins en intra musculaire), permet de sauver la vie de bien des chevaux. C’est pourquoi les vétérinaires compétents dans la plupart des cas, apprennent et permettent aux particuliers, aux écuries d’effectuer ces gestes d’urgences en cas de colique.

D’un point de vue strictement personnel, il devrait être obligatoire pour le propriétaire d’un cheval de savoir effectuer une injection ainsi que de posséder des produits adéquats pour des gestes d’urgence basiques. Mais encore une fois, les traditions et usages délétères prennent le pas sur le bons sens le plus élémentaire.

Au lieu de former correctement les propriétaires de chevaux, on perpétue depuis des décennies les mêmes absurdités qui conduisent parfois, (souvent) à des drames. On peut en citer quelques- unes :

« Il ne faut surtout pas le laisser coucher »

« Il faut le marcher pendant des heures »

« Il faut faire un tour en camion »

« Il faut doucher »

Alors….  voici pourquoi il ne faut JAMAIS suivre ces préceptes d’un autre âge.

On a évoqué le fait que le mouvement, participe effectivement à la qualité du QI. En toute logique, encourager le mouvement semble être une bonne idée. Par ailleurs, le poids conséquent du cheval, qui repose sur un seul côté, comprime le réseau vasculaire et cela ne va, en effet, pas aider le tractus digestif.

Cette théorie serait tout à fait valable si le cheval était un être mécanique qui ne ressent pas la douleur.

Or, c’est un cheval. Et TRÈS souvent, on fait abstraction de son ressenti pour envisager les choses sous un angle mécanique ce qui est un facteur aggravant dans la plupart des cas.

Si l’on relève un cheval qui s’est couché parce qu’il a mal et qu’il est épuisé, le peu d’énergie restante va s’épuisée, et la douleur va s’aggraver en même temps que les spasmes. A fortiori lorsque on ne sait pas de quel type de douleur abdominale il s’agit, s’il y a occlusion, entrappement , torsion…. L’état du cheval va très sérieusement et très vite empirer, et vous aurez de grandes chances de le perdre.

Lorsque un cheval se couche en raison de la douleur, il faut soulager la douleur tout en le laissant couché, et le laisser décider par lui-même, de la position qui est la plus indiquée pour lui. Il le sait bien mieux que vous ! D’ailleurs lorsque il prendra la décision de se relever et de repartir, c’est souvent que la douleur n’est plus paralysante, qu’il n’y a pas de signe de gravité (complication mécanique par exemple). Ce n’est pas systématique bien sûr, une surveillance reste obligatoire. On notera que dans certains cas de coliques gazeuses, la position couchée peut permettre d’évacuer les gaz. Contrairement aux idées reçues, les torsions dans la plupart des cas s’observe chez des chevaux debout. Donc à moins d’avoir une indication contraire suite à une imagerie médicale qui permet d’établir un diagnostic précis, il faut laisser le cheval choisir sa position et son comportement.

Un cheval affaiblit aura d’ailleurs tendance à se relever plus tôt que plus tard, étant, de par son statut, une proie vulnérable dans la nature. Combien de fois avons-nous assisté à des coups de longes jusqu’à ce que des chevaux pétris de douleurs se lèvent… affligeant.

L’idée du camion, perpétrée de génération en génération part d’une bonne intention également. Les vibrations de la route peuvent en effet faire repartir un tractus digestif au ralenti. Mais, encore une fois, si l’on ignore la cause de la colique, on peut tout aussi bien précipiter le cheval vers une mort certaine pour les mêmes raisons que nous venons d’évoquer. Si cette manipulation est valable dans certains cas, il est dangereux d’en prendre la décision seul.

La douche : il est plus compliqué de comprendre la logique réflexive de l’idée de douche. D’autant que la plupart des douches d’écuries sont des douches froides. Donc, ici encore, autant lui asséner un bon coup de pelle ce sera moins pénible pour lui.

Rappelons que le chaud et le froid administré artificiellement (bouillottes, bains froids) sont de véritable “médicaments”, ils ont une action énorme sur la physiologie et il ne faut jamais les administrés à la légère.

Bref, toutes ces manipulations hasardeuses qui confinent à la maltraitance sont à éviter. En revanche, la stimulation douce de points d’acupuncture, ou plutôt ici de digipression, va permettre de débloquer la situation, à l’exception encore une fois d’un trouble mécanique sévère.

En l’absence d’imagerie et de constatation vétérinaire, quelques indices nous permettent d’écarter cette possibilité.

Voici donc quelques conseils lorsque votre cheval présente des signes de coliques :

Voici, en théorie, ce qui peut nous orienter vers l’indice de gravité de la colique. Certains chevaux sont bien plus vulnérables que d’autres face à la douleur, son comportement immédiat n’est donc pas un indice en soi.

Lorsque une injection d’antalgique a été correctement réalisée, avec une posologie adéquat, les signes d’améliorations interviennent entre 5 et 10 minutes qui suivent. A partir de là, la douleur doit aller « decrescendo », le cheval doit montrer des signes d’apaisement, se relever et chercher à grignoter.

Certaines coliques persistent et il est alors nécessaire de faire une seconde injection ou de compléter avec une autre molécule plus forte comme la flunixine ou la buprénorphine en dernier recours (A voir avec votre vétérinaire traitant). Mais quoique qu’il en soit, en 4 à 6h grand maximum, l’épisode doit être terminé même si de légers symptômes persistent.

Mais lorsque une complication mécanique est à l’œuvre (c’est-à-dire qu’il ne s’agit pas d’un « petit bouchon » ou d’un excès de fermentation douloureux) , le cheval montrera des signaux très violents de douleur. Il râle, se jette contre les murs ou par terre, transpire abondamment. Si vous arrivez à soulager la douleur malgré tout, l’accalmie sera extrêmement brève, et les symptômes reviendront aussi violemment que si vous n’aviez rien fait.

Dans ce cas, vous avez probablement à faire à une colique grave d’origine souvent mécanique. Il vous faut joindre la clinique la plus proche et amener votre cheval sans tarder.

Voyons en détail le tableau clinique d’une colique :

Lorsque un cheval est couché, il n’est pas nécessairement en colique. Il peut aussi faire une bonne sieste. Encore une fois, tout dépend des habitudes de votre cheval. Généralement, une sorte de sixième sens nous permet de voir très vite que quelque chose ne va pas lorsque on les connait par cœur. Mais s’il s’agit d’un cheval que vous ne connaissez pas, voici les signes à contrôler impérativement :

  • Un cheval qui n’est pas en troupeau, ne se couche que très rarement de tout son long. Il est vulnérable dans cette position et ne se le permet que lorsque d’autres éléments du troupeau montent la garde.

Aussi, s’il est allongé avec l’encolure relevée, l’air paisible, il peut très bien se reposer mais une surveillance s’impose. S’il est allongé de tout son long seul, il faut aller vérifier sur le champ.

– Le ventre est-il anormalement gonflé?

-Change t’il souvent de position ? (allongé de tout son long, se relève partiellement, gratte le sol avec un antérieur, voir tape du pied par terre brutalement, se regarde ou se mord le ventre), c’est le signe qu’il tente de trouver une position pour soulager une douleur, il faut s’alarmer.

-S’il est allongé de tout son long, a-t-il la bouche entrouverte avec les dents apparentes ? (signe de douleur aiguë)

(source: myllie delépine)

-Y a-t-il des signes de transpiration  (vérifier entre les cuisses, sur le poitrail, est ce   que le cheval est carrément en nage)

– Y a-t-il de la fièvre ? (La fièvre est en réalité un signal de l’hypothalamus indiquant que l’organisme se défend. On a tendance à croire qu’il ne se défend qu’en cas d’attaque virale ou infectieuse, or, la douleur à un certain stade devient un pathogène contre lequel le corps lutte.

-Relief veineux : y a-t’il des veines gonflées très apparentes (artère faciale, artère intercostale, carotide primitive, veine saphène (le pouls est-il tendu et superficiel ou au contraire profond et sourd?)

 

  • Y a-t-il des plis au- dessus des naseaux avec des naseaux pincés et les muscles naseaux latéraux et canins, serrés, tendus (signe de douleur aigue)

 

  • La fréquence cardiaque a-t-elle dépassé les 60 ? On estime qu’à partir de 60 (chiffre qui peut varier légèrement en fonction de la corpulence et de l’origine), la douleur est aiguë et devient dangereuse. Même si vous n’avez pas de stéthoscope, vous pouvez effectuer une légère pression avec l’index et le majeur sur le cœur (derrière le coude gauche) et vous sentirez la vitesse et la force des battements

 

  • Les muqueuses sont-elles rouge vif ? (ce qui indique une attaque du foie liée à un empoisonnement la plupart du temps ou a une déshydratation sévère)

(auquel cas il faut hydrater par perfusion le plus rapidement possible, si ce n’est pas possible dans l’immédiat, utiliser le charbon actif en seringue et un liquide contenant des électrolytes, par voie orale le plus rapidement possible pour maintenir les fonctions vitales, conserver une hydratation minimum et évacuer gaz et agents toxiques du sang grâce au charbon)

  • L’enduit lingual : est-il sec, ou blanc et fin, ou jaune et épais…
  • Le cheval vous laisse t-il lui toucher le ventre ou se met-il en colère en essayant de fuir le contact. Sentez- vous une chaleur particulière ? Une rigidité ?
  • La respiration est-elle rapide et saccadée avec une dyspnée (difficulté respiratoire), les naseaux sont-ils dilatés ?

Un ou plusieurs de ces symptômes, indiquent clairement un état douloureux dont l’intensité peut s’évaluer grâce à un examen minutieux de ces quelques points que nous venons de citer.

CONDUITE A TENIR SI VOUS NE POUVEZ PAS FAIRE VENIR UN VETERINAIRE :

En amont, assurez- vous d’avoir une pharmacie d’urgence qui puisse vous permettre d’aborder les choses « sereinement ». La principale complication des coliques découle du fait qu’elles ne sont pas prises en charge à temps. Et bien souvent, dans l’urgence, on se rend compte qu’on a rien sous la main pour les soins.

Si vous êtes dans un « no man’s land « médical, c’est d’autant plus important, demandez à votre vétérinaire l’autorisation de détenir un antispasmodique/antalgique adapté et de vous apprendre les bons gestes.

1° Conservez dans votre pharmacie :

  • Trois seringues de carbovet (du charbon actif concentré), on peut le trouver sur internet sans ordonnance. Vital en cas d’empoisonnement ou de colique gazeuse.
  • Une bouteille de vinaigre des 4 voleurs (attention il existe plusieurs recettes, il faut la marque biofloral) (trouvable en biocoop)
  • Un flacon de métamizole (antalgique/antispasmodique), avec les accessoires nécessaires (à voir avec votre vétérinaire)
  • Seringues de flunixine ( fynadine) (à voir avec votre vétérinaire)
  • Une bouteille d’argent colloïdale 15 ppm (boutique PEL)
  • De l’huile de ricin de première qualité
  • De l’argile verte en poudre conservée dans un endroit propre.
  • Une bouillotte ou couverture chauffante
  • Prévoir un abri sec et propre ou le cheval peut se coucher.
  • Un thermomètre
  • Une couverture de survie. (si le cheval est couché sans pouvoir se relever et qu’il est nécessaire de le perfuser sur place dans le pré, il faut le préserver du froid, de l’humidité ou à l’inverse de la chaleur.)
  • Huile essentielle de basilic tropical, lavande fine, menthe poivrée, carvi. 5 gouttes de chaque dans 3 cu à soupe d’huile végétale, à appliquer entre les cuisses toutes les 4h en cas de colique.
  • Beaume du tigre rouge ou une huile camphrée de qualité
  • Du gimgembre.

2°) Laissez le moins possible le cheval seul et vérifier tous les indices de déséquilibres

Ce conseil peut paraître anodin, mais dans la domesticité, les humains sont souvent les repères des animaux. (Dans notre troupeau, qui vit pourtant en liberté sur 25 hectares, lorsque un cheval n’est pas bien, soit il vient par ses propres moyens devant la maison si quelque chose ne va pas, soit les autres viennent chercher de l’aide. Lors de la dernière colique grave par empoisonnement que nous avons eu, le poney était à environs 800 mètres. Les autres ont fait une chaîne, et les hennissements du plus proche nous ont avertis rapidement. Les hennissements des autres nous ont fait directement progresser dans la bonne direction ce qui lui a probablement sauver la vie puisque son état était gravissime, nous l’aurions perdu à quelques minutes près.)

Il est donc important que vous ne paniquiez pas, que vous ayez un son de voix rassurant, et que vous inspectiez votre cheval le plus calmement possible avec des gestes surs. Entraînez vous lorsque il va bien pour les points de digipression.

3°) GESTION DE LA DOULEUR

La priorité c’est de contenir la douleur une fois que la colique est constatée. Soit votre vétérinaire est disponible, soit il aura bien voulu vous laisser de quoi faire une piqûre et vous aura appris à le faire dans de bonnes conditions. Attention à la pharmacocinétique. La pharmacocinétique correspond au parcours de la molécule médicamenteuse dans le corps et à la manière dont elle est métabolisée. On appelle ce parcours ADME (Absorption (la molécule devra franchir différentes membranes cellulaires en cas d’ingestion par voie orale), Distribution (la manière dont il atteint sa cible moléculaire), Métabolisation (biotransformation enzymatique par le foie), Excrétion (voie biliaire ou rénale).

En fonction de sa nature, une molécule peut d’ailleurs être réabsorbée dans le cycle entéro-hépatique, mais ca c’est autre chose bref…. La calmagine (qui existe sous plusieurs autres appellations) reste le recours le plus utilisé pour les coliques sans complications. C’est un antispasmodique avec action antalgique qui est d’ailleurs également utilisé sur certains bouchons œsophagiens compliqués (les bouchons œsophagiens feront l’objet d’un article).

Il est généralement très bien toléré par les chevaux, et son élimination de l’organisme ne pose pas de problème particulier. En revanche, si plusieurs injections sont nécessaires, on retrouve une accumulation de métabolites à longue durée d’action ce qui doit être pris en compte pour adapter le dosage.

Après l’injection, vous pouvez mettre les huiles et commencer rapidement les 3 premiers points de digipression décrits ci-dessous.

 4°) FAIRE REPARTIR LE TRACTUS DIGESTIF.

-Disperser la chaleur

-Harmoniser le QI

-Rétablir la circulation

– Stimuler la production des liquides

Pour ce faire, nous utiliserons la digipression.

Avant d’aborder les points à travailler, quelques conseils :

Votre propre respiration, doit être lente et profonde. Si vous êtes nerveux et tendu, vous risquez d’aggraver les douleurs.

La main de soutien (votre main qui va stimuler le point s’appelle « main de travail »), doit être également posée sur le cheval.

Nous parlerons d’une unité de mesure en médecine chinoise pour localiser les points, qui s’appelle le cun :

FOIE 14  (期门) QI MEN

LOCALISATION : Il se situe dans le 5eme espace intercostal. A hauteur de la ligne d’épaule. Une fois que le 5eme espace intercostal est trouvé, on suit la courbe de la cote, jusqu’à une ligne imaginaire horizontale qui part de la pointe d’épaule.

Le point foie 14 permet d’aider à la vidange mécanique du caecum, de débloquer la stagnation du Qi située dans les hypocondres, de libérer la rétention des aliments, ainsi que de réguler la circulation du sang et de l’énergie.

METHODE DE TRAVAIL :On exercera une pression maintenue. La pression doit être progressive et doit s’arrêter avant que le cheval ne ressente une gêne. Conserver la pression durant 3 minutes environs

ESTOMAC 25  (天枢)

LOCALISATION : Tracer une ligne verticale dans le 3 eme espace intercostal, contre la troisième cote et à deux largeurs de mains de l’ombilic sous la partie ventrale du colon

Le point 25, situé sur le méridien de l’estomac, est appelé Tian Shu. Il est l’un des points les plus importants dans la stratégie de traitement des troubles intestinaux. Il régule les fonctions du gros intestin, ainsi que la rate et l’estomac. Il permet de transformer l’humidité et l’humidité – chaleur, de réguler le Qi et le sang et d’éliminer les stagnations

Il s’agit du point ou le QI du gros intestin se concentre, c’est pourquoi il est un point primordial en cas de colique.

L’estomac entretien également une relation spécifique avec l’intestin grêle et le gros intestin dans le méridien appelé « yang ming »  (cf formation MTC)

Il est aussi associé à la rate, dans l’élément terre (cf podcast n°2). Les fonctions de transport et de transformation des aliments par la rate sont centrales dans le système circulatoire et la production du QI.

Par ailleurs, le point estomac 25 est placé non loin du plexus solaire, qui est un point de convergence des trajets nerveux, du nerf fémoral et de la veine épigastrique caudale superficielle. D’un point de vue strictement anatomique, son emplacement est stratégique ce qui décuple son efficacité.

MÉTHODE DE TRAVAIL SUR LE POINT :  La pression, qui doit être adaptée à la situation. Pour cela, posez d’abord votre paume demain sur le point, le plus délicatement possible, accentuez votre pression tant que le cheval se laisse faire, tant qu’il ne montre pas de résistance de fuite ou d’inconfort dû à la pression. Maintenez la pression quelques secondes puis relâchez rapidement et recommencez jusqu’à entendre le tractus digestif repartir et les gaz s’évacuer. Restez souple dans vos gestes et dans votre corps, ne bloquez pas les coudes ou les épaules.

Si le cheval est trop douloureux pour cette manipulation, posez simplement votre main délicatement en effectuant un cercle lent dans le sens inverse des aiguilles d’une montre (le même sens que le tractus, de la bouche vers l’anus), en prenant garde à ne mobiliser que le fascia (sans pression). Ne mobilisez que la surface. Et si même cela, le cheval ne laisse pas faire, gardez votre main sur la zone à quelques millimètres de distance, sans contact. Rapprochez au fur et à mesure la main, jusqu’à ce que votre cheval accepte. (C’est déjà une première étape vers la sortie de crise).

Gardez bien en tête que l’état du point est le reflet de l’état de l’intestin. S’il est très dur et douloureux, c’est un indice certain d’anomalie.

ESTOMAC 36 : SU ZAN LI (足三里)

LOCALISATION :  Face antero externe du postérieur sur la face latérale du tibia à 3 cun (deux doigts joints) de l’articulation fémoro-rotulienne.

Le point 36 du méridien estomac est un des points les plus importants en médecine chinoise. Nous ne nous étendrons pas sur l’ensemble des bénéfices en termes de stratégie thérapeutique liés à ce point. Nous évoquerons son intérêt dans le cas des coliques uniquement.

Ce point permet d’harmoniser l’estomac d’un point de vue énergétique. Il régule le sang et le QI et traite les déficiences de l’organisme. Son effet est tonifiant sur le foyer médian, notamment le couple rate/estomac et permet ainsi de stimuler la production du QI ce qui est primordial en cas de ralentissement ou d’arrêt du tractus digestif.

MÉTHODE DE TRAVAIL SUR CE POINT :

Sur le point estomac 36, nous préconisons de joindre le pouce et l’index et de stimuler de haut en bas vigoureusement le trajet du méridien autour du 36 eme point. Ce mouvement doit être effectué pendant environs 3 minutes.

VB 37 /F3

(VB 37 et F3 sont deux points que l’on utilisera ensemble dans cet ordre. Le premier est un point dit LUO, le second est un point dit SOURCE. (cf formation MTC niveau 2)

LOCALISATIONS :

Le point VB (vésicule biliaire 37) permet de réguler l’excès de chaleur, d’en diminuer la pression et de rééquilibrer le foie. Le cheval n’a pas de vésicule biliaire, c’est le foie qui gère l’activité biliaire en plus de sa fonction première. Cependant, le méridien de la vésicule biliaire est présent lui. On travaille donc sur une des fonctions du foie en agissant sur le méridien VB.

En cas de plénitude, le méridien est obstrué et la chaleur s’amplifie aggravant la circulation, affectant les liquides nourriciers, ce qui engendre des contractions, et la rétractation de la fibre musculaire.

V.B.37 est aussi utile dans les cas de mictions difficiles et douloureuses ainsi que pour les troubles gynécologiques dont l’origine des douleurs se trouve dans les stases de la sphère abdominale basse. Les troubles gynécologiques peuvent aussi déclencher des coliques dans certains cas, ce point n’est donc pas à négliger sur les juments.

F3 TAI CHONG  (太沖)

LOCALISATION : Face antéro interne du postérieur

Le point source (YUAN) du foie, permet de tonifier la fonction du foie et donc de rétablir une circulation fluide.

Méthode de travail  (pareil pour les deux points): Pression avec le pouce de la main droite tandis que la main gauche (main de soutien, se place au- dessus sur le même trajet. Stimuler les points pendant environ 3 minutes.

VC 17 : SHAN ZHONG (中)

 LOCALISATION : Entre les deux antérieur sur l’axe de l’ombilic.

Le tractus digestif par de la bouche et se termine à l’anus. Lors d’un blocage, le QI peut stagner, ou se retrouver à contresens. L’idée est donc de remettre le QI dans le bon sens.

Le point VC 17 est un point de réunion de tous les QI. Il va permettre de remettre l’énergie dans le bon sens et aider dans ce contexte, à remettre le tractus digestif en route.

Les points d’urgence sont les trois premiers :

FOIE 14, ESTOMAC 25 et ESTOMAC 36.

On doit quasi immédiatement voir un relâchement général, avec abdomen qui perd en rigidité, qui redevient souple au moins en partie, la présence de gaz éventuellement (surtout dans les coliques gazeuses), et le cheval doit se remettre à mobiliser sa mâchoire. Les lèvres se détendent, les plis sus-naseaux disparaissent et le cheval commence à somnoler. La respiration se ralenti, la transpiration s’arrête, le relief veineux revient à la normale.

Tous ces signaux indiquent un soulagement et donc une amélioration de l’état général. Il est important de vérifier la fréquence cardiaque pour confirmer ces signes.

La surveillance toutes les 30 minutes sur une durée de 4h est vivement conseillée. Et une surveillance 3 à 4 fois par jour durant les 48h qui suivent la colique.

LA REPRISE ALIMENTAIRE :

L’estomac d’un cheval par définition, n’est jamais vide. La reprise alimentaire doit donc s’effectuée très progressivement mais rapidement après l’épisode de colique, (si celle-ci n’a pas pour origine un problème mécanique.)

Le cheval ne doit pas souffrir de la chaleur ou du froid. Il sort d’un épisode douloureux et épuisant. Il doit pouvoir se déplacer librement (et doit marcher, cette fois ci, oui, vous pouvez le marcher en main pour favoriser le mouvement), et disposer de foin mouiller et d’eau clair à une température convenable. Si une colique à lieu en hivers, il est conseiller de placer une bouillotte chaude sur les reins sous une couverture afin de favoriser l’action anti spasmodique et aider à la thermo régulation. Si les pieds sont mouillés, séchez les. Si elle a lieu au contraire en été, il faut rafraîchir. Une serviette de toilette fraîche peut envelopper le cheval. Attention pas de froid !!!!!!  Le froid va entraîner une constriction des tissus et aggraver l’activité spasmodique, surtout s’il fait très chaud, le choc peut être fatal. Utiliser un linge frais.

Si votre cheval évolue sur un terrain très vallonné, il est conseillé de le laisser sur une surface qui n’implique pas d’effort de locomotion pour éviter un maximum l’effort musculaire trop intense. L’activité doit être douce. L’inertie dans le mouvement, lié au poids du cheval a un impact significatif sur les organes. Il faut donc être prudent dans les 3 jours qui suivent une colique. La marche à pied étant le meilleurs moyen (sauf si le cheval est ferré).

Si la colique est gazeuse, due à l’herbe de printemps, il faut remettre à l’herbe progressivement. Les petites coliques gazeuses de printemps font parties dans une certaine mesure du processus d’ormèse. C’est pourquoi, lorsque le cheval se remet à l’herbe après la longue période de restriction hivernale, la diarrhée, les gaz sont des symptômes normaux d’une transition. En amont, il est donc important de s’assurer que les bruits aérogastriques soient bien présents. Même sans posséder de stéthoscope, il est possible de coller son oreille sur la sphère digestive basse de temps en temps pour vérifier que les échanges physiologiques sont bien en cours. On pourra donner du charbon actif 3 semaines en début de printemps pour aider à la digestion de ces gaz.

Une oreille aguerrie peut, à terme différencier les bruits présents et noter une anomalie ciblée en interne.

LE CAS PARTICULIER DES EMPOISONNEMENTS :

La réponse physiologique à l’empoisonnement est particulière. Le foie est très violemment attaqué dans la mesure où il est chargé de gérer les toxines et leur rapport avec la sphère hépatique. De son côté, le rein a pour mission de se débarrasser des déchets par voie urinaire. Ce sont donc les deux organes de première ligne affectés par un empoisonnement.

En fonction des plantes, l’organe cible peut varier, ce n’est donc qu’une généralité. Certaines plantes par exemple, comme la porcelle, sont neurotoxiques. C’est pourquoi apparaissent très rapidement des symptômes tels que l’ataxie, le harper, les convulsions, des troubles de la vision, des vertiges, des troubles cognitifs etc…

De nombreux toxiques, peuvent être responsables d’une toxicité hépatique aiguë qu’elle soit « dose-dépendante » (c’est-à-dire que la dangerosité dépend du dosage) ou idiosyncrasique. Ce dernier terme désigne le fait que chaque organisme est particulier, ce qui rend très difficile le fait de pouvoir déterminer avec certitude et exactitude, l’impact de la toxine selon l’individu.

Puisque c’est la sphère hépatique qui va disséminer le poison dans l’organisme, le plus urgent est de nettoyer le sang. Il faut autant que possible remplacer les liquides. Dans ce cas, seule une perfusion de ringer lactate a gros débit, va pouvoir diluer le sang et aider à évacuer le poison. Cela étant, cette manipulation doit être opérée avec la plus grande surveillance. Ce faisant, vous risquez l’anémie en supprimant l’apport des nutriments par le sang. C’est pourquoi des solutions nutritives sont rajoutées.

La gestion de la douleur doit se faire quasiment simultanément et par voie veineuse.

Les paramètres vitaux doivent être surveillés toutes les 20 minutes durant les premières heures.

Le tableau clinique d’un empoisonnement (aigu)  (par exemple substance chimique, blé, blé enrobé…) est le suivant :

  • Muqueuses rouges
  • Yeux injectés de sang
  • Épuisement brutal des liquides organiques
  • Constipation sévère
  • Myosite
  • Raideur des 4 membres avec convulsions et tremblements.
  • Absence de thermorégulation.
  • Fièvre élevée
  • Agitation entrecoupée de pertes de connaissances

On parle là d’une urgence vitale qui nécessite un traitement par voie intraveineuse impérativement.

Gibus de comoulec : empoisonnement au blé enrobé. Retrouvé couché dans l’eau ,

( mois de janvier lors d’une tempête) tacchycarde à 87, température à 34 degrés, pertes de connaissance, convulsions, raideurs.

La première photo a été prise à H+12 de l’empoisonnement après 10 Litres de ringer et un antalgique par voie veineuse. Le poney est épuisé, en hypothermie (34,8 °) et très faible, mais la douleur est soulagée.

La seconde photo a été prise après enveloppement de bouillottes au gingembre, 3 litres d’électrolytes bio disponibles faits maison, 2 litres d’eau de coco, 1 dose de thuya en basse dissolution, un bain de pied de 30 minutes avec une eau tiède contenant de l’HE de livèche et Lédon du groenland (régénératrice hépatocellulaire et une dépurative rénale). Température remontée à 37,6, reprise d’une circulation correcte, plus de trace de sang dans les urines, activité organique revenue à la normale (muqueuses ok, écoulements ok). La photo ne le montre pas mais le poney recommence à hennir pour appeler le troupeau, cherche à se débarrasser de sa perfusion et se remet à manger du foin.

Après avoir envoyé une prise de sang de contrôle au laboratoire (il est intéressant d’évaluer l’impact de l’empoisonnement sur l’état du foie et des reins), les résultats sont bons (hormis les plaquettes mais ce qui était normal). H+20, mon poney est retourné brouter normalement avec son troupeau.

Sur des empoisonnements “plus légers”, ou chroniques (comme le séneçon par exemple), Il faut soutenir le foie, les reins ainsi que la production de liquide. Souvent, ces soutiens devront être présents à vie (cela fera l’objet d’un autre article).

PRUNELLE 12 ans (Aveyron).

Jument percheronne de plus d’une tonne qui montre des signes de colique. Aucun vétérinaire ne peut se déplacer avant la fin de la journée. Les propriétaires, administrent 60cc d’antispasmodique, la douleur se calme pour 1h, puis revient. Les signaux de douleur sont inquiétants, deuxième piqûre 1h plus tard, la douleur ne se calme pas, la jument se jette contre les murs de l’abris. Ayant quelques connaissances, et un ostéopathe connaissant bien la jument, ils suspectent tous deux une torsion. Une image est nécessaire, il faut que le vétérinaire vienne.

Arrivé sur les lieux, après fouille et auscultation, le vétérinaire décide de passer de la paraffine et une troisième injection d’antalgique. « Ce n’est pas une torsion».

Inquiet, le propriétaire insiste au vu des antécédents de la jument (gros problèmes chroniques d’ordre structurels et énergétiques avec infection chronique du pieds (avec fièvre) pendant 1 an). La situation se tend, le vétérinaire est catégorique, il faut attendre que ca passe.

Après 3 venues du vétérinaire et 36h de souffrance intense, la jument est déshydratée en état de choc et à bout de force. La décision est alors prise de la transporter d’urgence dans la clinique la plus proche, l’échographie faite à son arrivée confirmera une torsion du grêle. Opérée en urgence elle survivra malgré les recommandations du chirurgien préconisant l’euthanasie .

Il lui a été conseillé de laisser la jument 1 mois au box avec un pansement autour de la plaie et des injections d’antibiotiques quotidiennes. L’état de la jument en post-op s’est dégradé très rapidement avec début d’infection pulmonaire (présence de pu dans les naseaux) bruit aérogastrique anormaux avec fièvre intense, asthénie, prostration, difficultés circulatoires dues au pansement et une dégradation nette de l’état du foie.

Il a été décidé de remettre la jument au pré, de clore les parties vallonnées pour qu’elle n’évolue gentiment que sur le plat, de stopper les antibiotiques et d’enlever le pansement qui produisait une chaleur au niveau abdominale, altérant la circulation, avec présence d’oedèmes sur le pourtour. La plaie a été traitée avec de l’argile et des huiles essentielles, l’antibiotique, aggravant la dysbiose intestinale, a été remplacé par de l’argent colloïdale et des huiles essentielles anti-infectieuses, une dose massive de pré et probiotique avec un protocole strict avec 4 séances de soin par jour. La fièvre a été contenue à l’aide de bains dérivatifs. Les adhérences de la plaie sternale ont été prévenues par ultrasons.

Au bout de 48 h, la fièvre a disparue, la jument présentait de nouveau de la joie de vivre et pouvait interagir avec un congénère. Au bout d’une semaine, elle a été réintégrée à l’ensemble du troupeau et ne présentait plus aucun symptôme. Elle se porte aujourd’hui à merveille plus de deux ans après cette torsion.

Parmi tous les exemples que j’ai sous la main, cet exemple relativement atypique me parait révélateur d’une chose. Les chevaux ne réagissent pas tous de la même manière à la douleur d’une part. D’autre part, les protocoles de soins plus ou moins standardisés peinent à prendre en compte la connaissance du cheval par son propriétaire dans l’anamnèse, ou du moins à la minimiser. Une erreur de diagnostic est toujours possible, et n’est pas blâmable. Cependant, il faut encourager les professionnels de santé à plus d’écoute. Les chirurgiens sont les seuls capables de sauver la vie d’un cheval pour lequel on ne peut plus rien (en cas de torsion justement par exemple). Les vétérinaires ont la maîtrise et la connaissance des moyens d’aider un organisme en souffrance qui, momentanément, n’est plus autonome dans son fonctionnement. Les praticiens de thérapies manuelles connaissent sur le bout des doigts le fonctionnement énergétique, ostéo-articulaire, le terrain, l’historique médical, des chevaux qu’ils suivent… Et les propriétaires qui sont les mieux placés, de par la connaissance intime de leurs chevaux, de leurs comportements, de leur réaction face à la douleur, pour éliminer ou orienter la possibilité d’un diagnostic. La nécessité de plus de communication et d’écoute entre tous les acteurs de la santé du cheval apparaît plus que jamais nécessaire.

Pour terminer, gardons à l’esprit qu’un organisme pour fonctionner, et à fortiori pour se rétablir, a besoin d’oxygène, d’un équilibre entre mouvement et repos, de lumière et de contacts sociaux, de la libre circulation des matières et de l’énergie et d’une bonne symbiose intestinale. Les préconisations systématiques d’arrêt au box et de bandages sur le long terme, de longues antibiothérapies, semblent parfois peu adaptées. Les chevaux connaissent leur limite, il semble donc curieux de rajouter des éléments pathogènes comme la privation de mouvement, l’altération de la circulation, et la dégradation sévère du microbiote sans raison impérative. Cela étant c’est une réflexion générale sur la santé, non une préconisation, il faut TOUJOURS VOUS EN REMETTRE A UN VETERINAIRE DIPLÔMÉ.

4 Comments on “LES COLIQUES

  1. Papa,Maman, je voudrais un cheval pour mes 14 ans…et une bombe en carbone..
    Peut-être qu’il serait bon de commencer par apprendre à s’en occuper et le soigner…
    Merci pour cette prise de conscience.

  2. Milles merci pour toutes ces infos tellement précieuses
    Je n’ai jamais su quelle genre de colique avait emporté mon lusitanien il y a 5 ans. Malgré calmalgine du début un soir et véto au matin. Peut être avec les seringues de charbon aurais-je pu le sauver. Je vais rectifier ma pharmacie
    MERCI

  3. Sachant que toute colique est à traiter en urgence, qu’en 2 ou 3 h c’est fatal, qu’on a pas tous un van, que la moindre clinique est souvent à + de 2h de route… que le cheval subira au mieux une chirurgie s’il arrive vivant et que le rétablissement sera risqué surtout si on n’est pas équipé et que tout sera hyper coûteux… je dirais, c’est foutu d’emblée. Voilà, j’ai perdu ma compagne de coeur après un quart de siècle avec elle (née à la maison), ma jument adorée, il y a 3 mois à cause d’une possible torsion due au brutales nuits froides en Dordogne (fin août) après des épisodes très chauds, même en faisant très attention à tout (pas de grain, vit au pré depuis 26 ans, abri, foin, pas de douche froide, pas de marche forcée lors des douleurs, etc) et personne pour répondre en urgence à part attendre le matin le passage du véto. Rien n’indiquait une colique, jument calme, sauf découverte de grosses pelades sur la face en enlevant le fly mask en soirée. Pas de roulades, pas d’état bizarre. On a supposé qu’une bestiole l’avait piquée sous le fly mask et l’avait irritée, d’où les frottements et pelades aggravées par le tissu du fly mask. On est resté toute la nuit avec elle dehors depuis 23h en la couvrant de couvertures et en tentant de choper un véto. 36° au lieu de 38, cardio à 100, pas bon du tout. Pas de transpiration, sauf après le passage du 1er véto qui n’a même pas fait d’écho et était très “froid”, en attendant le 2e, là ça été très vite et après échographie et découverte de liquide dans l’abdomen, le couperet est tombé en début d’aprèm, soit sans doute 15h ou + après le début du problème: “aucune chance”. Voilà, je ne souhaite à personne qui aime son animal au centuple de vivre ça. Surtout quand on est déjà très très mal mentalement. Du coup, terminé les chevaux, on a placé la compagne de pré chez des gens biens et tout ça a eu un énorme impact sur notre vie et notre santé mentale déjà mal en point.
    Tout le monde s’en fout car personne n’imagine que la perdre d’un accident est plus traumatique que de perdre de mort naturelle (ça on s’y attends) et que ça m’affecte énormément, bien plus que n’importe quelle perte, même d’un parent ou ami, j’aurais préféré perdre n’importe quel humain à sa place et ma vie est pourtant déjà ultra chargée en traumas de tout genre et pertes.
    C’était l’être que j’aimais le + au monde et qui m’avait apporté le + de joie et fait le + évoluer dans le bon sens.
    Aujourd’hui je cherche des réponses, j’ai merdé, je sais, mais rien ne montrait que la jument allait mal avant de voir les pelades autour de son oeil, pourtant on vit avec vue sur le pré à 20m. Il paraît que cette année est une hécatombe pour les chevaux à cause des brusques changements climatiques extrêmes de température, mais merde, la jument était hispano arabe, habituée à ça et qu’en est-il alors des chevaux du désert qui connaissent pire???

    • Bonsoir, je suis navrée je n’ai pas eu votre commentaire lorsque vous l’avez posté. Je perçois et je comprends totalement la détresse absolue liée à cette perte. J’ai moi même perdue une jument dans des circonstances atroces, la regardant agoniser dans un trou pendant des heures. On ne se remet jamais vraiment de ce genre de traumas. Si j’évoque cette expérience c’est pour vous dire que même quand on fait au mieux, qu’on fait tout ce qu’il faut, quand il le faut, rien ne peut garantir la sécurité d’une fin naturelle heureuse. Je vis parmi les animaux presque sans contact humain, les animaux sont comme les humains avec les défauts en moins, ce qui fait que je comprends et partage d’autant plus votre peine. Je suis absolument désolée pour votre jument je vous présente mes condoléances. Au vu de ce que vous me dites, d’un point de vue clinique, vous n’auriez strictement rien pu faire de plus hormis exiger du premier vétérinaire une auscultation plus poussée et encore rien ne dit qu’il aurait pu faire quoique ce soit. Je vais prendre un autre exemple médical pour illustrer. Une ponette, jour de concours, elle termine son parcours et sur le dernier obstacle, s’est pris les pieds dans une haie parmanque de force, et est tombée. Le cavalier a tenté de la relever, elle s’est relevée est rentrée au camion. Une foi dessellé, elle a mangé un peu de foin, s’est couchée et s’est mise à montrer des signes de souffrance. elle est morte 20 minutes plus tard. Les intestins étaient en torsion avec une nécrose avancée. La ponette n’a pas senti la douleur en raison de l’adrenaline produite lors de l’activité physique. Lorsqu’elle s’est détendue, la douleur s’est manifesté et le tableau clinique a commencé à être visible. Bref, personne n’aurait pu voir quoique ce soit. Vous n’êtes absolument pas responsable et vous n’auriez rien pu faire. Certaines torsions sont placées à des endroits de telle sorte qu’elle peuvent ne pas être douloureuses si la jument ne bouge pas trop, donc aucun symptôme et les endroits que vous évoqués avec la dépilosité, n’ont rien à voir avec son état sur le moment. Mais les dégâts occasionnés par la torsion s’accumulent et lorsqu’elle montre des signes de douleurs, c’est souvent trop tard. C’est très rare mais effectivement ca peut arriver. La température est une piste effectivement mais si elle était très habituée c’est moins probable. L’eau de boisson est plus traitre. Si elle est trop froide, elle occasionne des spasmes trop violents puisque le froid pénètre direct dans l’interne et les muscles digestifs (la fibre) se contractent trop violemment. Ou alors, une grosse frayeur (un bruit par exemple) peut aussi occasionner cela. La dernière piste que j’évoquerais, c’est un affaiblissement énergétique du à son âge et qui occasionne des difficultés dans le maintien ferme des organes à leur place les rendant facilement sujets aux torsions, notamment la partie libre du colon qui n’est pas fixée. Je sais que ca ne la ramènera pas mais le plus important dans votre histoire c’est: 1) d’avoir été présente avec elle en faisant tout votre possible (elle le sait et vous en remercie c’est une certitude ca a été scientifiquement prouvé c’est pour ca que les vétos demandent aux propriétaires d’être présents lors des euthanasies,il y a des articles là dessus) 2) d’avoir eu le courage de la laisser partir. Vous pouvez être fière de votre courage. Elle n’est plus là comme vous en aviez l’habitude mais d’un point de vu énergétique rien ne disparait tout se transforme ce n’est pas quelque chose de spirituel ou de religieux c’est de la physique quantique. J’avais un troupeau de 11 chevaux, que j’avais depuis plus de 30 ans (j’en ai 37) et je n’en ai plus que 3. alors forcement, on apprend à voir la mort d’un autre point de vue on y est obligés. Pour terminer, vous avez raison sur la première partie de votre commentaire, les vétérinaires sont souvent loin, indisponibles à temps et les cliniques sont très loin et il faut des moyens faramineux ainsi qu’un transport bref… C’est pour cette raison que je milite activement pour que chaque propriétaire puisse gérer en urgence les coliques. Parfois, même une torsion légère peut passer avec les bons gestes (ca n’aurait pas été le cas pour votre jument, ne culpabilisez pas). Toute l’équipe PEL se joint à votre peine et vous envoie tout le courage possible dans cette épreuve.

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