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Que les organismes vivants soient composés d’une unique cellule ou de plusieurs milliards, tels les
êtres complexes que sont les animaux et les hommes, ils possèdent les mêmes mécanismes de
survie.


On en distingue deux principaux : la défense et la croissance.
La croissance est assurée par les phénomènes de nutrition/division/multiplication en ce qui concerne
la cellule, nutrition et reproduction à l’échelle de l’être multicellulaire.
La défense permet aux organismes de fuir une menace (comme un environnement toxique pour la
cellule ou un prédateur pour les êtres complexes), mais également de lutter contre une agression
interne comme une infection virale ou bactérienne (dans ce but la cellule réalise des modifications de sa membrane, les êtres complexes activent leur système immunitaire).

Une caractéristique fondamentale leur est également commune : les deux fonctions permettant la
survie ne peuvent être opérationnelles en même temps (1). Ainsi, un organisme en danger
interrompt ses comportements de croissance (nutrition, reproduction) pour se mettre en mode
défense. Dans ce mode défense, il y a aussi une hiérarchie des comportements. Par exemple, la fuite
en face d’un prédateur est plus urgente que de se défendre contre une infection. Dans ce cas le
système locomoteur prédomine sur le système immunitaire.

Pour les êtres complexes, le mode défense va être initié puis orchestré par l’axe HHS : l’axe
hypothalamo- hypophysaire- surrénalien.
La situation de danger est analysée par la structure cérébrale qu’est l’hypothalamus, qui active par
voie nerveuse l’hypophyse, ou glande pituitaire, également située dans le cerveau. L’hypophyse
secrète de nombreuses substances dont un adréno-corticotrope : l’ACTH.
Celle-ci va aller stimuler les glandes cortico- surrénales, structures anatomiquement proches des
reins. Ces glandes produisent les hormones de stress, dont l’adrénaline et un glucocorticoïde bien
connu nommé cortisol.

Quand le taux de cortisol augmente dans l’organisme, celui-ci, stressé, passe en mode défense. Il
s’ensuit plusieurs modifications notables :
– Le mode croissance est désactivé, ce qui est préjudiciable pour les structures à
renouvellement cellulaire rapide, comme l’épithélium des muqueuses intestinales ou de la
peau par exemple.
– Le sang est redirigé depuis le centre vers la périphérie, plus précisément il est chassé des
viscères pour irriguer principalement les membres, pour favoriser la fuite. Les organes
digestifs notamment sont donc moins bien vascularisés et leur fonctionnement est ralenti.
– Le système immunitaire, également, est désactivé partiellement puisqu’il n’est pas prioritaire
par rapport à la fuite.

Sans plus rentrer dans les détails, ces mécanismes expliquent donc les principaux effets secondaires d’une augmentation du taux de cortisol dans l’organisme :
– Troubles sanguins : hypertension artérielle, circulation veineuse entravée.
– Troubles cutanés : défauts de cicatrisation.

– Troubles digestifs : augmentation de l’acidité gastrique, muqueuses digestives incapables de
se régénérer de façon suffisante.
– Troubles ostéoarticulaires : risque de fractures augmenté par diminution de l’activité des
ostéoblastes (cellules constructrices de l’os), perte de cartilage.
– Troubles sexuels : diminution de la spermatogénèse menant à l’infertilité masculine.
– Troubles métaboliques : le cortisol favorise la fabrication de glucose depuis les tissus
musculaire et graisseux, d’où l’hyperglycémie pouvant conduire au diabète.
– Immunodépression, ou tout du moins réactions diminuées face aux infections.
– Troubles psychiques : sommeil perturbé par excès de vigilance, stress et anxiété.

Ainsi, le stress, quand il est ponctuel, est bénéfique puisque il permet la survie. Mais imaginez les
dégâts sur l’organisme d’une situation de stress permanente ou répétée.

Qu’est-ce qui pourrait provoquer ces stress récurrents chez nos Équidés ? (ndlr: voir les travaux de Henri Laborit sur l’inhibition de l’action)

Nous pensons aussitôt à leurs conditions de vie, d’alimentation, de travail ou d’exploitation. Soit.
Mais qu’en est-il de l’utilisation plus que fréquente des corticoïdes comme anti-inflammatoires dans les soins locomoteurs ?

Dans la plupart des cas, les infiltrations intra-articulaires et les mésothérapies en contiennent.
Ces soins sont même très souvent pratiqués plus ou moins préventivement, sans indication majeure,
dans l’objectif d’optimiser les performances.

Il est courant d’entendre que ces molécules (comme la dexaméthasone ou la prednisolone) sont des
substances de synthèse et n’ont pas les effets secondaires du cortisol synthétisé par l’organisme. Ce
qui est parfaitement faux. TOUS les corticoïdes de synthèse présentent tout ou une partie des
risques de ces effets indésirables puisque c’est justement leur effet « cortisol-like » qui est recherché.
Un autre argument fréquent consiste à dire qu’il n’y a pas d’effet délétère des infiltrations ou
injections de corticoïdes si elles sont pratiquées 1 ou 2 fois par an. Celui-ci ne tient pas non plus. Une recherche a notamment démontré l’augmentation du risque de fracture, d’infection et de troubles
veineux simplement avec une prescription de 6 jours en médecine humaine (2).

Ce que j’ai pu constater en pratique le plus souvent ce sont :
– Des fourbures induites par l’utilisation de corticoïdes par voie générale ou en nébulisation
pour traiter des problèmes dermatologiques ou respiratoires.
– Des gastrites ou ulcères d’estomac déclenchés chez un sujet sensible par des infiltrations
intra- articulaires. Une seule intervention peut suffire.
– Plus insidieusement, des traumatismes sportifs comme des entorses graves, des tendinites
ou des fractures survenant quelques semaines à quelques mois après ces « soins ». Tout le
temps où les corticoïdes injectés agissent sur l’organisme, les chevaux sont améliorés dans
leur locomotion. Mais cette amélioration est trompeuse. Le cheval protégeait en réalité une
zone ou une structure en adaptant sa locomotion. Avec les injections, on neutralise
totalement ce système d’autoprotection. L’animal sollicite donc plus la structure fragile sans ressentir de douleur et arrive rapidement un jour où l’articulation, le tendon ou le ligament,
surmené, cède, et c’est parfois la fin d’une carrière sportive.

– Il faudrait également pouvoir évaluer les changements de comportement induits par l’augmentation des taux de ces hormones de stress dans l’organisme. Il est prévisible que le
cheval, dont l’organisme est mis en état d’alerte plus ou moins permanent, présente des
signes tels que fatigue, anxiété, troubles de l’appétit et de l’humeur, apparition de peurs ou
« phobies ». Ces symptômes provoqués, et je suis persuadée qu’ils existent, n’ont peut-être
pas encore été mis en relation avec des soins physiques, notamment locomoteurs.

L’usage des corticoïdes devrait donc être réservé aux situations d’urgence et aux cas aigus, c’est-à-
dire administré de façon ponctuelle et avec parcimonie, ce qui n’est pas toujours le cas.

L’amélioration de la performance ne doit pas être recherchée au détriment du bien-être global du
cheval. Autrement dit, ce bien-être n’est pas forcément là où il est proclamé. C’est exactement la
même erreur que de dire que le bien-être du cheval passe par la ferrure, et que faire travailler les
chevaux pieds-nus s’apparente à de la maltraitance.

Ainsi, réaliser des infiltrations de corticoïdes à répétition, comme de clouer des semelles en métal aux pieds de nos chevaux, s’apparente à de l’obscurantisme au vu des avancées physiologiques et technologiques actuelles.

De nombreux autres thérapeutiques existent, certaines très récentes et trop peu pratiquées :
– Physiothérapie (laser, massages, shiatsu) et rééducation.
– Acupuncture, Ostéopathie.
– Hydrotomie percutanée (mésothérapie à grande dilution sans anti-inflammatoires).
– Ozonothérapie.
– Ondes de choc, cryothérapie.
– Injections de PRP (Platelet Rich Plasma), d’IRAP (Interleukine-1 Receptor Antagonist Protein).

Tout propriétaire, cavalier ou entraîneur, si un traitement est préconisé sur son cheval, doit être
informé de la nature même de ce traitement, et ainsi être au courant de ce légendaire rapport
bénéfice/risque afin de pouvoir, avant de prendre la bonne décision, se poser les bonnes questions
quant au réel bien-être de son animal, pas dans le but de préparer un échéance sportive, mais bel et bien pour lui donner la possibilité d’avoir une carrière qui s’inscrit dans la longévité et la régularité.

C’est ainsi que le sport est noble.

Dr Vét. Amélie SAUSSEY
Pour le blog PEL.

1) « Biologie des croyances » Bruce H.Lipton, Phd.
2) “Short term use of oral corticosteroids and related harms among adults in the United States”
Waljee Akbar and al. BMJ. 2017

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